Lot-et-Garonne : du dynamisme, oui, mais une économie qui se fragilise

À Samazan, la CCI 47 et la Direction des finances publiques ont présenté les derniers résultats de la conjoncture économique en Lot-et-Garonne. Dans un contexte économique tendu au niveau national, le département dévoile de nombreux secteurs en difficulté, malgré quelques signes d'optimisme çà et là.

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Le Lot-et-Garonne incarne-t-il la résilience ? C’est en tout cas le message qu’ont voulu souligner la CCI 47, la Banque de France et la Direction départementale des finances publiques (DDFIP) du département lors de la présentation de la deuxième enquête de conjoncture économique de l’année. La présentation, qui s’est tenue à Samazan le 5 novembre 2024, a permis de dresser un tableau contrasté de la situation économique du Lot-et-Garonne. « Nous traversons un moment délicat à l’échelle nationale, avec une dette qui atteint 110 % du PIB », a rappelé Caroline Pernot, directrice départementale des Finances publiques. « Cette situation crée une forte pression sur nos entreprises, même si localement, certains indicateurs sont encourageants. » A noter que l’enquête étudiée ici a été menée auprès de  300 chef d’entreprises locales au mois de septembre.

Recettes fiscales en hausse et difficultés sectorielles

Parmi les points marquants de l’enquête figure l’évolution des recettes fiscales. « Les recettes fiscales du Lot-et-Garonne ont progressé de +5,6 % en 2023, ce qui nous place légèrement au-dessus de la moyenne régionale de Nouvelle-Aquitaine », soulignait Caroline Pernot. « Cela reflète la bonne santé de nos entreprises locales. Nous constatons également une augmentation de +3,9 % de l’impôt sur les sociétés. » Ces chiffres montrent que, malgré un contexte économique national pesant, les entreprises locales continuent de performer.

Toutefois, ces résultats globaux masquent des disparités importantes entre les secteurs. « Le commerce reste l’un des secteurs les plus touchés, avec 1 152 radiations d’entreprises en 2023 », poursuivait-elle. « Le secteur du commerce, notamment en centre-ville, souffre de la concurrence croissante des ventes en ligne et d’un contexte économique global défavorable. »

Des secteurs sous pression

L’industrie départementale affiche des résultats mitigés. « Nous avons observé un ressenti globalement négatif chez les industriels, à l’exception du carnet de commandes qui se maintient« , résumait Yannick Villeneuve, directeur de la CCI 47, devant le parterre de chefs d’entreprises présents pour l’occasion. « Les marges sont sous pression, mais malgré tout, les emplois continuent d’augmenter, ce qui est un signe de résilience. » Le secteur du BTP, lui, est en grande difficulté. « C’est sans doute le secteur le plus touché par les restrictions budgétaires. La baisse des commandes publiques a un impact direct sur la santé des entreprises du bâtiment, et bien que les effectifs continuent de croître, le reste des indicateurs est dans le rouge. » Du côté du commerce de centre-ville, le constat est également sombre. « Les commerçants sont pessimistes, notamment en ce qui concerne leurs marges et leur trésorerie », a confirmé Caroline Pernot. « Aucun indicateur ne laisse entrevoir une amélioration à court terme, et la concurrence du net continue de fragiliser les commerces traditionnels. »

Les cafés, hôtels et restaurants, en revanche, montrent un certain optimisme pour l’avenir, bien que l’année ait démarré difficilement. Et pour finir sur une note positive, le secteur des services, quant à lui, tire son épingle du jeu. « C’est le secteur qui se porte le mieux. Le premier semestre 2024 s’est bien passé, hormis des tensions sur la trésorerie. Nous avons beaucoup d’optimisme pour ce secteur dans la seconde moitié de l’année. »

Prudence pour les chefs d’entreprise

Malgré les difficultés sectorielles, l’enquête révèle que la majorité des chefs d’entreprise du Lot-et-Garonne garde confiance en l’avenir de leurs activités. « Trois chefs d’entreprise sur quatre estiment que la situation de leur entreprise est bonne », a affirmé Yannick Villeneuve. « Et deux sur trois se disent optimistes quant à l’avenir de leur entreprise. »

Cependant, cet optimisme ne se retrouve pas dans leur vision de l’économie nationale. « 74 % des chefs d’entreprise interrogés ne sont pas confiants quant aux perspectives économiques de la France. Les principales difficultés identifiées sont l’inflation, citée en premier, suivie par le poids des charges sociales, puis la hausse du coût de l’énergie », révèle l’enquête.

Vers une stabilisation économique ?

En conclusion, les résultats de l’enquête dévoilés ce 5 novembre à Samazan dressent un bilan contrasté de l’économie lot-et-garonnaise. « Nous observons une stabilisation de l’économie à l’échelle locale », a résumé Caroline Pernot. « Bien sûr, certains secteurs restent sous pression, notamment le commerce et le BTP, mais l’optimisme général des chefs d’entreprise nous montre que l’économie locale a les ressources nécessaires pour se maintenir. » Pour l’ensemble de ces acteurs économiques, il faudra garder un mental d’acier en 2025, « en attendant une année qui, espérons-le, marquera un retour net à la croissance et à la consommation. »

Chômage stable, mais des inégalités territoriales

Le taux de chômage en Lot-et-Garonne reste stable à 7,3 %, un chiffre inchangé depuis un an. Toutefois, des disparités marquées subsistent selon les zones du département. « Par exemple, à Villeneuve-sur-Lot, le taux de chômage est de 8,7 %, alors qu’il descend à 6,6 % dans le bassin agenais », a précisé Yannick Villeneuve. Des disparités qui montrent l’importance d’une approche territorialisée pour soutenir l’emploi dans les différentes régions du département. Encore et toujours l’un des grands maux du Lot-et-Garonne.

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