Politique : le bilan des 3ème Fêtes d’Agen ne fait pas danser tous les élus

Lors du dernier conseil municipal de l'année, la Ville d'Agen a présenté un bilan des Fêtes d'Agen 2024, marquées par encore un déficit non-négligence de 381 000 €, bien que inférieur à celui de l'année précédente. Les prévisions pour 2025 restent ambitieuses, mais la question du financement, notamment par une billetterie payante, continue de susciter des débats.

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Si ce jeudi 5 décembre seront dévoilées le programme des prochaines Fêtes d’Agen 2025, l’heure était à la présentation des comptes dès ce lundi pour le dernier conseil municipal de l’année pour la ville-préfecture. La formule 2024, comme l’a rappelée Jean Dionis en préambule, était particulière : « 2024 était une année exceptionnelle avec le passage du Tour de France. Il nous fallait avoir quelque chose de moins cher, compte tenu des frais de la Grande Boucle, mais qui restait intéressant au niveau des affiches. Nous avons en effet eu un très bon mix avec Olivia Ruiz et Pascal Obispo ».

« Un bilan encourageant »

Pour la municipalité, les Fêtes d’Agen 2024 affichent un bilan encourageant : maintien des dépenses et des recettes pour un reste à charge de la Ville d’Agen en-dessous de l’objectif fixé des 400 000 € (381 998 € exactement).
L’édition 2024 a évolué en prenant en compte les remarques des bilans 2023 et 2024 des Agenais, commerçants (bars et restaurants), prestataires et partenaires fidèles : Le Off, au-delà du « Boulevard des Pitchouns », a impliqué plus fortement l’UMIH 47 et l’Agence du commerce avec un midi-minuit dans toute la Ville et en organisant une course des cafetiers, le maintien d’une tarification abordable et adaptée aux différents publics.

381 000 € de reste à charge pour 2024

Avec 2 978 places vendues en 2024 (contre 1 402 en 2023), les Fêtes d’Agen ont attiré un public plus large et varié. Parmi ces ventes, on dénombre 2 402 places pour le grand public, 338 places pour les familles, ainsi que 238 places réservées aux comités d’entreprise. Les recettes générées par la billetterie s’élèvent à 50 005€, un chiffre qui reste insuffisant au regard des dépenses globales de l’événement, qui atteignent 519 631€, soit un reste à charge net de 381 000 €. Un montant, certes inférieur à l’année précédente de 567 631 €, mais qui n’est pas glorieux pour autant. Au total, le déficit se porte à environ 1,7 M€ pour la ville sur les trois années d’exploitation de la formule « Fêtes d’Agen ».

Quant aux prévisions financières pour 2025, même ordre d’idée : on reste ambitieux, avec un budget total estimé à 848 370 €, réparti entre programmation (479 684 €), organisation (101 815 €), sécurité (92 749 €), communication (40 926€) et production (143 196 €). En termes de recettes, la municipalité espère atteindre cette fois-ci 140 000 € de billetterie et 290 000 € en y ajoutant les subventions, partenariats et autres. Il faudrait ainsi presque tripler l’argent généré durant l’édition 2024. Au maire Jean Dionis de reconnaître que : « nous sommes ambitieux pour la prochaine édition, qui revient sur un format sur deux jours pour lequel nous tablions ». Les recettes provenant des partenariats sont attendues à hauteur de 90 000 €, avec des subventions de 57 000 € dont environ 50 000 € de l’Agglomération et 7 000 € du Conseil Départemental.

En 2025, pas de changement sur les tarifs
Les tarifs proposés pour l’édition 2025 seront sur le même modèle qu’habituellement avec une pluralité d’offres pour ouvrir la billetterie au plus large public possible, avec un Pass 2 jours à 69 €, des offres pour les familles (de 78 à 95 €) et les tribus, et des prix ajustés pour les jeunes, les demandeurs d’emploi et les entreprises. Cette stratégie tarifaire vise à rendre l’événement accessible à tous, tout en tentant d’augmenter la part des recettes générées par la billetterie.

Faire du neuf avec du vieux ?

Les Fêtes d’Agen 2025 se dérouleront sur deux jours, avec un programme enrichi pour offrir une expérience diversifiée. Le festival « In » prendra place sur la place de la mairie, avec une programmation sur deux soirs, chaque soir proposant deux concerts, et offrant aux festivaliers la possibilité d’entrer et de sortir librement du site. La restauration et les buvettes seront gérées par le Café des Arts, le Barback, ainsi qu’une buvette proposée par l’Indé. Parallèlement, le festival « Off » sera adapté, avec la reconduction du plateau sportif et l’animation de trois boulevards thématiques : le « boulevard des associations », le « boulevard des pitchouns » et le « boulevard des gourmands », ce dernier accueillant de nouveau le BIP (Bureau National Interprofession Pruneau) comme partenaire privilégié. L’événement sera renforcé par des batucadas, des bandas, un soutien aux bodégas et une multitude d’animations pour une mise en fête de la ville encore plus marquée. La seconde édition de la course des cafetiers viendra également dynamiser les festivités.

En conseil, Pierre Dupont, pour l’opposition, a insisté sur l’importance de préserver l’activité des commerçants en centre-ville et l’équilibre entre la fête et la vie commerciale de la ville, en soulignant que « les bodégas peuvent impacter négativement les cafetiers ». Toutefois, Jean Dionis a tempéré cette critique : « Il est vrai que nous n’avons plus l’illusion d’en faire un week-end commercial fort, c’est aujourd’hui avéré que c’est un week-end à faible volume commercial. Néanmoins, les cafetiers font un bon week-end, il ne faut pas nous raconter des histoires. J’entends néanmoins qu’il faut faire ces bodégas avec eux mais encore faut-il qu’ils le veuillent, mais ça vient… »

Un modèle payant contesté, mais défendu

Et la question du modèle économique des Fêtes d’Agen fait toujours autant débat. Jean Dionis défend la nécessité de faire payer une partie de la programmation. « On fait payer moins cher, bien moins cher que ce que fait payer le parc des expositions pour des concerts similaires. Les prix artistiques ont explosé, cela n’a plus rien à voir avec le modèle initial, qui a marché je le reconnais. Je maintien que nous avons raison de nous organiser sur le modèle payant », a-t-il déclaré. Une argumentation étoffée par Clémence Brandolin-Robert, 1ère adjointe : « Les contraintes de la part des artistes ont changé. Certains artistes, et notamment ceux du niveau qu’on souhaite faire venir, ne veulent pas un public dit « gratuit ». On doit aussi faire face à cette contrainte-là pour avoir cette programmation. C’est un choix politique, je le reconnais et ne me cache pas derrière mon premier argument, mais c’est aussi un choix de programmation ». De son côté, Mohammed Fellah, adjoint aux finances, a lui aussi rappelé que le contexte économique permettrait de moins en moins de marge de manœuvres aux collectivités pour proposer des événements gratuits. Être totalement sur du gratuit, on ne pourra pas se le permettre. »
Ce choix de maintenir une partie payante pour les concerts a été vivement critiqué par certains conseillers de l’opposition, comme Jon Garay, qui a affirmé : « que vous vous obstinez à vouloir faire payer les gens en plein cœur de la ville d’Agen. Mais si vous voulez organiser des concerts payants, vous avez le centre des congrès. ». Mais pour le premier édile, la question de la gratuité est aussi tranchée que l’identité « Fêtes d’Agen et non festival. La gratuité, pour nous, il faut la réserver au service public essentiel. Les spectacles musicaux des Fêtes d’Agen ne sont pas un service public essentiel ». Une question légitime se pose alors : Le Pruneau Show, connu pour sa gratuité, était-il donc un service public essentiel ?

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