Sécurité à Agen : le feu couve aussi sur les bancs politiques

La multiplication d’incendies de véhicules a cristallisé les tensions lors du dernier conseil municipal. Le maire Jean Dionis et l’opposant Laurent Bruneau, candidat aux municipales de 2026, se sont livrés à un échange tendu autour de la stratégie sécuritaire de la Ville.

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À Agen, la crainte ne s’éteint pas avec les flammes. Avec une vingtaine de voitures réduites en cendres et une école nationale évacuée en urgence, parle-t-on d’insécurité ou de sentiment d’insécurité ? Telle est la question qui ravage les différents bords de l’échiquier politique face à la majorité agenaise ces dernières semaines. Lundi 14 avril, au conseil municipal, c’est un autre brasier qui s’est allumé : celui du débat politique. Jean Dionis, maire d’Agen, a ouvert la séance par une déclaration solennelle, énumérant les faits et saluant l’action conjointe de la police municipale, nationale, de la justice et des services de la ville. « Cette violence est inacceptable. Je vous promets qu’on la fera reculer », a-t-il assuré. Mais la suite de la soirée a rapidement viré à l’affrontement verbal.

La gouvernance attaquée, les caméras brandits

Laurent Bruneau, conseiller municipal d’opposition et déjà sur la ligne de départ pour les municipales de 2026, n’a pas mâché ses mots. Il a planté un décor beaucoup moins apaisé que celui esquissé par le maire : « Ce n’est pas seulement une question de faits divers. Ce sont des choix politiques qu’il faut interroger. Pourquoi n’y a-t-il pas d’élu délégué à la sécurité ? Pourquoi pas de commission dédiée ? » Dans son viseur : l’organisation de la sécurité municipale, les moyens alloués à la police, l’efficacité réelle des caméras, et même… leur connexion. Quant à l’éclairage public, réduit la nuit dans certaines zones, il accuse : « Vous aviez promis de maintenir la lumière dans le champ des caméras. Ce n’est pas possible techniquement, et les caméras infrarouges ne sont qu’une minorité. » Ainsi, l’opposition municipale demandait officiellement un audit pour « éclairer » les Agenais sur le dispositif de sécurité de leur ville.

Face à ce réquisitoire, Jean Dionis n’a pas esquivé le combat. Bien au contraire. « Vous arrivez comme candidat à la mairie, oui, mais avec un retard sur la réalité agenaise », a-t-il lancé en retour, reprochant à son opposant de gauche son manque d’implication dans les dizaines de séances du conseil municipal qui ont précédé celle-ci. Et d’enchaîner, documents à l’appui, avec les chiffres du fameux audit qu’il affirme avoir déjà réalisé.

L’audit, une arme à double tranchant

L’édile a profité de la séance pour dévoiler les données de ce qu’il appelle un audit sécuritaire, centré sur la vidéosurveillance. « Nous avons aujourd’hui 120 caméras, contre moitié moins il y a six ans. 41 % d’entre elles sont dans des zones où l’éclairage est éteint la nuit, et parmi celles-là, plus de 40 % sont infrarouges. C’est grâce à l’une d’elles que nous avons identifié la plaque d’immatriculation de l’auteur de l’incendie à l’ENAP, malgré un parking plongé dans l’obscurité. »

Une réponse technique et chiffrée… mais qui ne convainc pas l’opposition. Car selon Laurent Bruneau et son groupe, le maire joue sur les mots. Pas invitée à répondre au monologue de Jean Dionis, l’opposition s’est contentée d’un communiqué publié dans la foulée de la séance. ils répliquent : « Même si la majorité municipale nous donne raison en sortant de sa manche cet audit appelé de nos vœux, celui-ci pose au moins trois problèmes. » Et de détailler : un décalage entre les chiffres annoncés aujourd’hui et ceux évoqués récemment (« la quasi-totalité des caméras voyaient dans le noir », affirmait-on encore il y a peu), l’absence d’analyse sur les moyens humains et logistiques, et surtout un « acte autoritaire » dans le cas de ce fameux silence imposée. « Le maire a refusé le débat, évité l’obstacle et est apparu agressif », dénonce encore le communiqué.

Une fracture qui dépasse la technique

Comment la Ville d’Agen conçoit sa sécurité ? Centralisée ou partagée, opaque ou transparente, préventive ou réactive ? Jean Dionis défend sa stratégie avec fermeté. « Heureusement qu’on a été là. Si vous aviez été en responsabilité, on n’aurait pas 120 caméras aujourd’hui. », assène-t-il à son opposant ressortant par ailleurs des propos tenus par Laurent Bruneau en 2016 où il remettait en cause l’utilité des caméras de surveillance comme arme dissuasive face à la délinquance. Et sur l’absence d’un élu dédié à la sécurité, il se justifie : « Un maire a plus d’autorité. » Mais Laurent Bruneau, lui, persiste et signe. L’audit, il le réclame toujours, mais global cette fois, incluant les ressources, les effectifs, les locaux de la police municipale, l’accessibilité du service. « Le gouvernement de la ville doit rendre des comptes aux Agenais », martèle-t-il.

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