
Un drame et beaucoup de questions… Pourquoi un jeune homme de 21 ans est-il mort par balle en plein cœur de ville à Villeneuve ? L’enquête diligentée par le parquet d’Agen et la Police nationale permet aujourd’hui d’en savoir un petit peu plus.
Le rappel des faits // Vers 5h30 du matin le dimanche 20 avril, les services de police de Villeneuve-sur-Lot ont été alertés via un appel au « 17 » de coups de feu près du parking boulevard de la Marine à Villeneuve-sur-Lot. Très rapidement, les secours se sont rendus sur place et ont découvert, appuyé contre un véhicule, un jeune homme blessé par au niveau du thorax (balle entrée par le dos ayant touché des organes vitaux). Pris en charge au Pôle de Santé du Villeneuvois, il n’a pas survécu à ses blessures.

Le lancement de l’enquête et le début des interpellations // Une enquête pénale judiciaire a été immédiatement ouverte et les premières investigations menées sur place ont permis rapidement d’identifier trois suspects villeneuvois : deux frères et l’un de leurs camarades. Ils sont âgés de 22 à 24 ans. Tous sont connus de la justice, avec un casier judiciaire, dont un pour des faits de violence. « Le 22 avril à 6h du matin, les policiers du commissariat de Villeneuve-sur-Lot, appuyés par leurs collègues du commissariat d’Agen avec un détachement du Raid de Toulouse, sont intervenus donc au domicile des trois. Un seul sera chez lui et sera interpellé », décrit le procureur de la République Olivier Naboulet.
La cavale des deux frères // Les deux frères, l’aîné étant considéré comme « vraisemblablement le tireur », eux, sont donc partis en cavale. « Par des investigations techniques, on arrive à déterminer un chemin de fuite direction les Alpes, en Isère. » Finalement, les avocats des deux frères sont revenus vers le Parquet expliquant qu’ils souhaitaient se rendre à l’autorité judiciaire. Ils ont été interpellés « sans difficulté » dans le département de la Drôme. « Le choix a été fait par le Parquet de les faire revenir en Lot-et-Garonne pour la suite de l’enquête, les investigations et les auditions », avance le procureur.
Le mobile du crime // « Le mobile du crime, selon les premiers éléments de l’enquête, est malheureusement, je n’ose pas dire futile, mais terrible », lâche Olivier Naboulet. Il semblerait en effet qu’un simple accrochage de véhicule soit l’évènement déclencheur de ces évènements dramatiques. « Nous sommes sur un contexte de désaccord entre deux groupes de jeunes, l’un de Villeneuve-sur-Lot, l’autre de Sainte-Livrade », précise le Procureur, admettant un possible « contentieux s’inscrivant quelques mois en arrière ». Toujours est-il que c’est bien l’accrochage qui a amené des échanges houleux entre les deux camps sur des messageries et des réseaux sociaux, aboutissant sur un rendez-vous donné le matin de ce funeste dimanche 20 avril.
De la légitime défense ? // « Selon les déclarations faites, le groupe des Villeneuvois aurait eu peur, dans le cadre de l’échauffourée de ce matin-là, que l’un d’entre eux soit percuté par un véhicule de l’un des membres du camp livradais. À cette occasion-là donc, des coups de feu auraient alors été tirés. C’est la version qui nous est livrée par le tireur présumé », révèle Olivier Naboulet. La substitut du procureur, Noémie Paysant, complète : « Il dit avoir été pris à partie par de nombreux individus munis de barres de fer, de couteaux, voire de pierres. Un véhicule aurait tenté d’écraser son frère. Dans sa première audition, il a indiqué avoir trouvé une arme au sol avant de tirer à quatre reprises en direction de ce véhicule, expliquant ainsi son geste par la peur. La fuite vers l’Isère aurait été effectuée par craintes de représailles. Dans une seconde audition, il reconnaissait que l’arme lui avait été fournie par son frère, qui se l’était procuré quelques jours avant. Ce dernier indique avoir effectivement acheté une arme se sentant en insécurité suite à un harcèlement depuis des mois. » La thèse de la légitime défense se trouve considérablement affaiblie aux yeux du Ministère public.
Les chefs d’accusation et la mise en détention // Les qualifications retenues sont celles d’assassinat, de tentatives d’assassinat sur un total de six victimes (non blessées), complicité d’assassinat, complicité de tentative d’assassinat, d’association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime. À la différence du meurtre, un assassinat inclut la notion de préméditation. On estime donc que l’action de tuer a été planifiée par son auteur. Le juge des libertés et de la détention a ordonné le placement en détention provisoire pour les deux frères. Le troisième accusé sera quant à lui placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d’entrer en contact avec ses camarades et de sortir du Lot-et-Garonne. Le parquet avait pourtant requis, pour lui aussi, la détention provisoire. « Nous n’avons aucun élément précis qui laisse entendre qu’il pourrait y avoir d’autres tireurs à identifier et interpeller. En revanche, il ne faut jamais se précipiter », note le procureur. Le magistrat instructeur désormais en charge de l’affaire est ainsi saisi de faits qualifiés contre X, élargissant ainsi le champ des investigations.
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