PORTRAIT. Clément Garin, lot-et-garonnais et insider média le plus influent de France

Le jeune lot-et-garonnais de 28 ans est aujourd’hui un personnage incontournable du paysage audiovisuel. Retour sur le parcours atypique d’un déscolarisé suivi par le Tout-Paris.

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La signature de Cyril Hanouna chez M6, le rachat de BFM TV par le milliardaire Rodolphe Saadé, propriétaire de CMA-CGM… Voilà le genre d’exclusivités que l’on retrouve sur le compte X (Twitter) de Clément Garin avant même que les grands médias ne s’emparent de la nouvelle. En l’espace d’une dizaine d’années, le jeune homme est devenu l’insider numéro 1 de la télé française. Et tout ça depuis Puch-d’Agenais et ses alentours. Natif du Lot-et-Garonne, Clément Garin reste attaché à son territoire et va même jusqu’à s’engager au conseil municipal de son village. Armé de trois smartphones, il parvient à décrypter les coulisses de cet univers impitoyable sans quitter son département.

Une scolarité difficile mais la naissance d’une vocation //

Né en 1997 à Marmande, Clément Garin grandit à Puch et fait sa scolarité du côté de Stendhal à Aiguillon. « Là-bas, j’ai été harcelé par un CPE. Ce qui m’a poussé à arrêter les cours. Je l’ai extrêmement mal vécu à l’époque. Avec le recul, je me suis rendu compte que sans cet épisode, je n’aurais peut-être pas eu le même parcours », confesse-t-il. Clément trouve refuge dans sa véritable passion, les médias. « Très tôt, vers 11 ou 12 ans, je passais énormément de temps à éplucher les audiences télé sur le site Première. Je ne sais pas trop pourquoi mais ça me captivait. » Un soir, « un peu par hasard », le jeune homme s’inscrit sur le réseau social Twitter, sans savoir que celui-ci deviendra son principal terrain de jeu et d’expression.

Le tournant Closer et Télé Star //

Malgré sa déscolarisation pendant deux ans, Clément obtient son bac et entame ses études. Alors qu’il s’ennuie sur les bancs de la fac de droit d’Agen en vue d’intégrer plus tard une école supérieure de journalisme, Clément commente compulsivement l’actualité média. Sa communauté de followers grandit de jour en jour et quelques infos viennent à ses oreilles. C’est là, en 2016, qu’il est repéré par une certaine Laurence Pieau. Pas forcément très connue du grand public, elle est pourtant à l’origine des journaux people Public puis Closer, dont elle dirigera la rédaction en plus de Télé Poche et Télé Star. « Laurence Pieau me fait savoir qu’elle apprécie mon travail et m’embauche comme rédacteur. J’ai écrit plus de 11 000 articles. Et je lui fournissais en plus des scoops qu’elle relayait sur le print. » Lorsque ces titres de presse ont changé d’actionnaire au cours de l’année 2019, Clément a fait jouer sa clause de cession pour partir vers de nouveaux horizons

Les grands débuts en télé //

Clément ne tarde pas à trouver une nouvelle place. Et quelle place, puisque le Lot-et-Garonnais intègre l’équipe de Cyril Hanouna dans Touche pas à mon poste. « J’avais fait une première apparition un an avant qui avait été catastrophique », se souvient-il. Mais cela n’a pas échaudé l’animateur controversé qui l’intègre à son équipe régulière. Quelques semaines plus tard, le Covid aura malheureusement raison de cette expérience pourtant concluante. Relégué au rang de joker, Clément quitte finalement l’antenne après 33 émissions mais devient conseiller éditorial pour ce même Cyril Hanouna. Dans les coulisses du milieu, il nage comme un poisson dans l’eau.

Le vol en solo //

En 2023, Clément décide de s’affranchir de cette autorité paternelle pour voler de ses propres ailes. L’ex-blogueur devenu journaliste (il est titulaire d’un Master 2 à l’ESJ Paris) n’a jamais vraiment quitté Twitter et il y est plus actif que jamais. Au contraire de ses débuts, il bénéficie cette fois d’un tentaculaire réseau bâti au gré de ses précédents jobs. Respecté dans le milieu, on se confie volontiers à lui. « Avant, je devais parfois quémander pour que l’on me lâche un petit truc. Aujourd’hui, je n’ai même plus à chercher. Je reçois peut-être 50 infos par semaine de la part de producteurs, animateurs, techniciens, etc. Mon job, c’est de les recouper », résume-t-il. Cette dernière partie est devenue d’autant plus importante que son audience est grande. « Je dois non seulement faire attention à ne pas écrire des choses fausses mais je dois aussi me méfier de ceux qui veulent m’utiliser à des fins promotionnelles ou pour taper sur un concurrent, un successeur… » Une pratique courante dont veut s’affranchir Clément.

L’envie de relancer une profession un peu disparue //

Le profi l d’insider est monnaie courante dans certains domaines, en particulier dans le sport. Il y a les rois du mercato, qui obtiennent les infos transferts avant tout le monde, ou les lanceurs d’alerte, à l’instar de Romain Molina. « On me compare souvent à lui, même si je n’ai découvert son contenu que très récemment », glisse Clément qui est bien le seul sur ce créneau dans le secteur des médias. « C’est dommage qu’on ait perdu cette culture de l’info et du scoop indépendants. Quand j’étais jeune, il y avait Ozap. Maintenant, la communication est trop orchestrée. J’ai envie de relancer tout ça sans avoir des comptes à rendre à qui que ce soit. »

Bientôt un média à part //

Bien assis sur son nom, Clément vient de lancer son propre média : CGTV. En attendant de lever les fonds nécessaires, il vient de mettre en place un Substack, en somme un blog payant, dans lequel il publie de manière beaucoup plus approfondie. « Afin de montrer aux investisseurs que ma communauté est prête à me suivre dans l’aventure, j’ai volontairement mis des tarifs élevés (ndlr, 9€/mois ou 79€/an). On a touché plus d’abonnés que je ne l’aurais imaginé. On a déjà collecté plus de 36 000€ en un mois. Sachant que les prix seront bien plus accessibles sur ma future plateforme, ça me donne de l’espoir », se réjouit l’intéressé.

Une vitrine pour mieux se vendre //

Écrire sur X/Twitter, peu importe le nombre de likes, ne fait pas bouillir la marmite. C’est en revanche une magnifi que vitrine pour se rendre indispensable. Puissant insider, Clément dispose d’une montagne d’infos de première main. « Je parle en direct à de nombreuses figures de la télé mais aussi aux patrons de chaînes à l’exception de TF1. Même les propriétaires-milliardaires font partie de mon réseau », assure-t-il. Ces exclus ont de la valeur et peuvent donc se monnayer. Clément n’hésite pas à « faire monter les enchères » entre les médias, qui sont prêts à payer des montants conséquents pour un « off » de cette fi abilité et en revendiquer la paternité. « Je garde certains scoops pour mon compte et j’en livre d’autres. L’aff aire Natasha Saint-Pier / Inès Reg, par exemple, appartient à cette deuxième catégorie. Je suis un peu comme un paparazzi qui vend ses photos au plus off rant, sauf que je ne verse pas beaucoup dans le people. Ça me rapporterait nettement plus mais ça ne m’intéresse pas vraiment. » Ce recel d’informations a un autre avantage, celui de se préserver un peu de la violence numérique. « Certains programmes TV ont des fans qui peuvent vite s’avérer toxiques dès que l’on touche de près ou de loin à leurs stars préférées. Ça se transforme vite en déferlement de haine. Si je peux l’éviter en ne publiant pas ça sur mon compte, je le fais. » Toutes ces précautions ne l’empêchent pas d’être parfois victime de la vindicte populaire. « C’est pour cette raison que je me suis entouré d’un chargé de communication et d’un avocat qui relit chaque post afi n de rester loin des procédures judiciaires. »

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