Lot-et-Garonne : « J’ai une appétence pour les territoires ruraux » : Sophia Skrzypec, nouvelle directrice de cabinet du préfet

Quidam L’Actu. : Vous venez de prendre vos fonctions en Lot-et-Garonne. Qu’est-ce qui vous a attirée vers ce département rural ?

Sophia Skryzpec. : Je cherchais une affectation avec de vrais enjeux agricoles. Le Lot-et-Garonne est emblématique sur ce point, et cela fait sens pour moi. Je suis petite-fille d’agriculteurs, donc ce lien à la terre, aux réalités rurales, me parle profondément. C’est aussi un territoire dynamique, avec des défis humains et économiques que je souhaite accompagner.

Q.A. : Votre parcours est atypique pour une représentante de l’État. Comment êtes-vous passée du privé à la haute fonction publique ?

S.S. : J’ai d’abord travaillé dans la banque, en Belgique. Puis j’ai rejoint une ONG, Positive Planet, avec laquelle j’ai mené des missions en Afrique de l’Ouest et du Centre, notamment sur des projets de microfinance. À un moment, j’ai ressenti le besoin de m’engager davantage. Le déclic est venu après les attentats du Bataclan en 2015. J’étais loin de la France, et j’ai compris que je voulais servir mon pays, rendre quelque chose à une nation qui m’a tant apporté.

Q.A. : Ce basculement a donc été personnel autant que professionnel ?

S.S. : Absolument. C’est un événement qui m’a profondément touchée. Loin de mon pays, j’ai ressenti une forme d’impuissance. Alors j’ai décidé de rentrer, de m’engager. J’ai passé le concours de l’ENA, et je suis entrée en 2021. C’est là que j’ai découvert, lors d’un stage en préfecture, combien ce métier, de terrain et d’action, me correspondait.

Q.A. : Quelle sera votre feuille de route pour ces trois années à Agen ?

S.S. : Je veux m’inscrire dans une action concrète, au plus près du terrain. Trois axes principaux guident mon engagement : les questions agricoles, bien sûr, mais aussi la sécurité routière et les violences intrafamiliales. Sur la route, les chiffres sont alarmants : onze décès depuis le début de l’année, c’est trop. Nous allons intensifier la prévention et les contrôles. Et puis un territoire, on ne le comprend pas depuis un bureau. Il faut le parcourir, parler aux acteurs, comprendre leurs préoccupations. C’est aussi cela, mon rôle : assurer la présence républicaine et le soutien de l’institution.

Q.A. : Justement, comment comptez-vous agir sur la problématique des violences intrafamiliales ?

S.S. : Ce fléau reste encore trop présent ici. Il s’agit de poursuivre les dispositifs en place, comme les intervenants sociaux en commissariat et gendarmerie, mais aussi de renforcer la coordination entre les acteurs. Le programme « PAC nouveau départ », qui aide les victimes à faire valoir leurs droits, sera un levier que je souhaite appuyer. La parole doit pouvoir se libérer, et l’accompagnement doit être immédiat et structuré.

Q.A. : Vous arrivez aussi dans un contexte de tensions agricoles. Comment comptez-vous aborder ce climat ?

S.S. : Avec écoute et fermeté. Le dialogue est essentiel, surtout dans un département comme celui-ci, où les mobilisations peuvent être fortes. Mon objectif est d’instaurer une relation de confiance, sans perdre de vue les impératifs de l’ordre public. Nous devons avancer ensemble, avec respect et responsabilité.

Q.A. : En un mot, comment décririez-vous votre engagement aujourd’hui ?

S.S. : Sincère. Ce n’est pas un simple poste, c’est un engagement au service des citoyens et des territoires. Mon parcours m’y a conduite avec évidence, et je mesure la responsabilité qui est désormais la mienne.