Pascale Luguet : « Être maire, c’est aussi faire avancer ce qui traîne depuis trop longtemps »

Cinq ans après son élection à la tête de la commune de Boé, Pascale Luguet dresse un premier bilan sans langue de bois. Entre continuité assumée, avenir détaillé et relations parfois tendues avec l’Agglomération, la maire revendique une méthode directe… et efficace.

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Quidam Actu : Vous aviez annoncé vouloir du changement dans la continuité pour votre commune lors de votre élection en 2020. Où en est-on cinq ans plus tard ?

Pascale Luguet : Il y a effectivement eu une double dynamique. D’abord, la continuité, car une partie de l’équipe municipale était déjà en place avec l’ancien maire Christian Dézalos. Beaucoup de projets engagés auparavant ont été poursuivis et finalisés, comme la Maison de Garonne ou l’aménagement de la voirie en bord de Garonne, inaugurée sous mon mandat. Certaines manifestations ont également été maintenues. Mais il y a aussi eu du changement. De nouveaux élus sont arrivés avec des idées fraîches, et j’ai apporté ma propre sensibilité, notamment sur les questions liées aux enfants et aux familles. La période du Covid a évidemment freiné la mise en œuvre de nombreux projets, ce qui est une difficulté commune à tous les élus. Il y a beaucoup de sujets que nous avons pu commencer à travailler à partir de 2022.

Q.A. : En début d’année, vous aviez évoqué que 80 % des projets étaient réalisés. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

P.L. : Nous avons tenu ce rythme. Entre 80 et 85 % des projets prévus sont réalisés ou en bonne voie de l’être. Certains avancent plus lentement, souvent à cause de complexités administratives, en lien avec l’Agglomération d’Agen. Par exemple, nous travaillons encore sur des problèmes d’inondations liés à l’eau pluviale, mais cela demande des vérifications et régularisations qui retardent la gestion communale. En dehors de cela, nous ne sommes pas en retard sur le concret.

Q.A. : Y a-t-il des projets particulièrement bloqués ou difficiles ?

P.L. : Le dossier le plus compliqué reste la ZAC de Marraud. C’est un serpent de mer : lancé avant moi, il rencontre toujours les mêmes obstacles, notamment du côté de l’État et de la révision du PLUi. On a vu la zone constructible passer de 50 à possiblement 6 hectares. Comment voulez-vous que les porteurs de projets s’y retrouvent ? C’est frustrant pour tout le monde. Un autre dossier qui a mobilisé beaucoup d’énergie, c’est la ZAC d’O’Green. J’ai dû reprendre des négociations délicates avec l’Agglomération pour débloquer la situation et éviter des procédures longues et coûteuses. J’ai insisté pour trouver des compromis intelligents, et nous avons signé un protocole d’accord en 2024.

Q.A. : Votre relation avec l’Agglomération d’Agen semble parfois tendue. Comment la qualifiez-vous ?

P.L. : Disons que c’est une relation directe. Je ne suis pas toujours d’accord, et je le dis. Boé est une commune très spécifique dans l’agglo : on porte de nombreux équipements, une forte activité commerciale, et pourtant, on a parfois l’impression de ne pas être entendus. L’agglo, aujourd’hui, c’est 44 communes avec des intérêts divergents. On veut faire des économies, très bien, mais il ne faut pas que ça se fasse au détriment des services rendus aux Boétiens. L’éclairage public, les poubelles, les transports… chaque réforme est plus difficile à appliquer ici qu’ailleurs. On a le sentiment que les grandes décisions sont prises par un petit groupe sans suffisamment de concertation avec tous les maires. La gestion se veut équitable mais finit souvent par déshabiller Paul pour habiller Pierre.

Q.A. : À l’image des dernières semaines avec la révolution des transports qui impacterait directement Boé ?

P.L. : Tout à fait. La mobilité, c’est un sujet très sensible. Boé, c’est une commune assez urbaine. On a besoin d’un service public de transport performant. Si on réduit le service pour des raisons budgétaires ou écologiques, cela impacte directement les habitants. Ce que je réclame, c’est plus de dialogue, plus d’écoute, plus de concertation. Qu’on puisse vraiment prendre en compte les spécificités de chaque commune, pour que les décisions ne soient pas imposées d’en haut sans nuance. On nous impose trop souvent des choses contradictoires, et je ne laisserai pas passer cela sans réagir. Il faut que Boé puisse avoir sa place, qu’on tienne compte de ses réalités. Le président de l’Agglo a beau dire que je suis « sa chouchoute », ça ne m’arrange pas toujours de l’être, au contraire. Je reste avant tout la maire de Boé. Et parfois, nos intérêts divergent. Il y a des sujets sur lesquels je monte au créneau, et je le ferai encore sur la révision du PLUi ou les mobilités. Il faut défendre les communes urbaines, et Boé en fait partie.

Q.A. : Vous êtes à un an des prochaines élections municipales. Est-ce que vous avez déjà une idée sur la suite ? Allez-vous vous représenter ?

P.L. : Contrairement à ce qui a pu être dit ailleurs, je ne me suis pas positionnée. J’ai envie de finir ce mandat sereinement, sans crispations inutiles. Il y a déjà des campagnes qui ont commencé, des listes qui se préparent, c’est normal. Mais je veux éviter que cette période devienne conflictuelle ou que l’on me reproche d’agir pour ma réélection. Après, il est vrai qu’on a parfois besoin de plusieurs mandats pour voir aboutir ses projets ou, ne serait-ce que, simplement pour les protéger. D’autant plus que, comme nous le disions plus tôt, notre travail a été freiné par les différentes crises en début de mandat. Mais pour l’heure, aucune décision n’est arrêtée. Quand je déciderai, tout le monde le saura. Je pense qu’il me reste encore quelques mois pour réfléchir. Pour l’instant, je reste concentrée sur mon travail et je veux garder un climat apaisé pour la commune.

Q.A. : Parmi tous les projets de votre mandat, un retient-il votre attention ?

P.L. : Oui, mais il est difficile de n’en citer qu’un, alors je vais tricher. La création de la maison médicale est vraiment un projet phare. C’est une réponse concrète à un besoin fort pour notre commune. J’ai aussi beaucoup travaillé sur la citoyenneté, un sujet qui me tient à cœur en tant que mère. Nous avons mis en place le « passeport du citoyen », une première dans le département. Ce dispositif valorise l’engagement des enfants dans des actions civiques, avec une remise de médaille à la clé. Cela rencontre un vrai succès et d’autres communes souhaitent le reproduire. Enfin, nous avons réorganisé les services municipaux pour mieux répondre aux besoins des familles, notamment en matière de garde des tout-petits. Face à la baisse du nombre d’assistantes maternelles et à certaines réticences des parents, nous avons adapté nos structures pour assurer un accueil de qualité.

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