Un pionnier de l’Agropole


Derrière la façade discrète de son site d’Estillac, Boncolac s’affaire. « C’est la toute première usine qui s’est installée à l’Agropole », se plaît à rappeler Jean-Marc Gilly, maire d’Estillac. Présente depuis 1992, initialement sous le nom France-Cocktail, l’usine a été rachetée en 1998 par Boncolac pour développer sa branche traiteur. Depuis, elle n’a cessé de s’agrandir, jusqu’à devenir le plus grand site du groupe en termes de capacité. Aujourd’hui, ce site agenais emploie 90 salariés permanents, et jusqu’à 250 en pleine saison, d’août à décembre. Ici, on fabrique principalement du salé : canapés, pains surprises, plaques de pain de mie, vendus ensuite sous des marques de distributeurs ou à des enseignes spécialisées. « Nous exportons nos produits dans une trentaine de pays, des États-Unis à Singapour », confie Alexandre Vigneron, PDG du groupe Onoré, maison-mère de Boncolac.
Une entreprise en perpétuelle transformation
Depuis sa création en 1955 dans le village basque de Bonloc, où elle produisait beurre, lait chocolaté et glaces, Boncolac a connu une transformation radicale. À la fin des années 1970, l’entreprise s’oriente vers la pâtisserie surgelée, devenant une référence avec son fameux gâteau basque, ses tartes citron meringuées ou encore ses gâteaux au chocolat. Après un passage sous la bannière Sodiaal, Boncolac prend son indépendance en 2022 pour s’intégrer dans le groupe Onoré, qui compte aujourd’hui 1 000 salariés et affiche un chiffre d’affaires de 220 millions d’euros en 2024. Boncolac y joue un rôle central. « Boncolac est la colonne vertébrale du groupe », résume Alexandre Vigneron.

Le pari du surgelé premium

Fortement positionnée sur le surgelé, un segment relancé par la crise sanitaire, Boncolac s’adresse autant à la restauration collective qu’aux grandes surfaces ou aux spécialistes du surgelé comme Picard et Thiriet. « Le surgelé assure la stabilité du produit, sans conservateurs, et permet de répondre aux exigences modernes de rapidité et de sécurité alimentaire », défend-il. L’usine d’Estillac s’est spécialisée dans la production pour la restauration hors foyer (RHF), un marché en pleine croissance. À elle seule, cette activité représente près des deux tiers des volumes de l’entreprise.
Innovation et ancrage local

Pour souffler ses 70 bougies, Boncolac a choisi d’investir. À Estillac, la robotisation se poursuit, notamment avec la dépose automatisée de meringues ou l’adaptation des lignes aux pâtisseries américaines, tout en visant une baisse des coûts et une amélioration continue de la qualité. « Nous allons investir 4 millions d’euros dans la digitalisation et l’augmentation de capacité, notamment sur nos tartes et tartelettes », annonce le directeur. Au-delà de la technologie, Boncolac veut renforcer ses liens avec le territoire. L’entreprise collabore étroitement avec l’Agropole et a mis en place un BTS Maintenance pour inciter les jeunes à rejoindre le secteur agroalimentaire. « Nous voulons être un acteur local. Nous sourçons au maximum nos matières premières auprès de producteurs régionaux et avons arrêté d’utiliser des œufs de poules élevées en cages », insiste Alexandre Vigneron.
L’avenir encore à écrire
En pleine croissance (plus de 10 % par an depuis trois ans), Boncolac ambitionne d’élargir encore ses horizons. Le groupe vise une quarantaine de recrutements supplémentaires d’ici fin 2025 et continue sa percée internationale, de Tokyo à New York. « Beaucoup consomment nos produits sans le savoir. Ce qui est amusant, c’est de retrouver nos tartes ou nos gâteaux basques dans des cafés à Bristol ou des cantines à Stockholm », sourient les dirigeants qui ne se contentent pas de regarder dans le rétroviseur.
Un mastodonte en son domaine //
- 70 ans d’existence, fondée en 1955 à Bonloc (64)
- 5 sites en France, dont le plus grand à Estillac (47)
- 1 000 salariés dans le groupe Onoré
- 220 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024
- 20 % du CA à l’export, dans 30 pays
- 40 recrutements prévus en 2025 dans le Sud-Ouest
Quand Boncolac s’exporte à l’anglaise //
Depuis 2022, Boncolac a pris un virage résolument international en intégrant le groupe Onoré. Un tournant marqué par deux acquisitions stratégiques outre-Manche : Cakesmiths à Bristol, spécialisée dans les pâtisseries pour coffee shops, et Proper Cornish en Cornouailles, experte dans les chaussons à la viande. Ce choix témoigne de la volonté de Boncolac de séduire de nouveaux marchés tout en s’adaptant aux goûts locaux. « Avec Cakesmiths, nous avons pu nous positionner sur un marché en forte croissance, celui des coffee shops britanniques. Les gâteaux “indulgence” à partager, c’est une vraie tendance ». Désormais, les équipes françaises, dont celle de l’Agropole, collaborent étroitement avec près de 400 salariés au Royaume-Uni. Ensemble, ils participent à faire rayonner le savoir-faire pâtissier français, tout en apportant une touche « so British » à certaines gammes. Une expansion qui, tout en consolidant Boncolac sur la scène européenne, illustre aussi la capacité de l’entreprise à allier tradition locale et ouverture internationale.
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