
Elle s’était imposée comme l’une des plus grandes voix lyriques de sa génération. Béatrice Uria-Monzon est décédée samedi 19 juillet dans son Lot-et-Garonne natal, qu’elle n’a jamais vraiment quittée de cœur. À 61 ans, la cantatrice a tiré sa révérence, laissant derrière elle une carrière exceptionnelle, marquée par l’intensité de son interprétation et une fidélité rare à ses racines lot-et-garonnaises.
Née à Agen le 28 décembre 1963, fille du peintre espagnol Antonio Uria-Monzon, elle fait ses premiers pas dans le chant au lycée Saint-Jean de Lectoure, grâce à un professeur de philosophie passionné d’opéra, Pierre Gardeil. Formée au Conservatoire de Bordeaux, puis au Centre d’insertion professionnelle des artistes lyriques de Marseille et enfin à l’École d’art lyrique de l’Opéra de Paris, Béatrice Uria-Monzon débute en 1989. Elle est alors mezzo-soprano. Quatre ans plus tard, en 1993, elle connaît une ascension fulgurante avec Carmen.
Le rôle de sa vie

Son interprétation du personnage de Bizet à l’Opéra Bastille bouleverse le monde lyrique. Béatrice Uria-Monzon offre alors une Carmen radicalement nouvelle : sobre, introspective, loin des clichés. Une incarnation qui lui ouvre les portes des scènes les plus prestigieuses, de New York à Vienne, de Buenos Aires à Moscou. Elle chantera ce rôle plus de 300 fois. « Carmen cesse d’être une figure vulgaire. Elle devient femme libre et maîtresse de son destin », écrivait-on à son propos. Une révolution musicale saluée par ses pairs, dont le ténor Roberto Alagna, qui lui rendait hommage : « Adieu ma Béa… Carmen pour l’éternité. »
Mais Carmen ne fut qu’un point de départ. Au fil du temps, Béatrice Uria-Monzon évolue, s’élargit. Elle s’aventure vers le répertoire de soprano dramatique : Lady Macbeth, Chimène…
Un cœur enraciné
Si sa carrière fut mondiale, son attachement à Agen et au Lot-et-Garonne où elle continuait de résider à Saint-Hilaire-de-Lusignan, est resté intact. Engagée dans la vie culturelle locale, elle était marraine du festival Bulle d’Opéra de Radio Bulle, où elle s’était produite pour la dernière fois en 2023, et de l’association La Mouette. Elle donnait régulièrement des concerts caritatifs dans la région, dont un concert solidaire pour l’Ukraine au Théâtre Ducourneau en 2022. Ce théâtre agenaise lui rend aujourd’hui hommage : « Chacune de ses venues était un privilège et un événement pour le public agenais. » Ses obsèques se sont tenues ce jeudi 24 juillet en la cathédrale Saint-Caprais d’Agen. De nombreuses personnalités locales et nationales étaient présentes pour lui rendre hommage. Le silence y a résonné comme un écho à sa voix, désormais éteinte mais immortelle dans les mémoires.
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