2021, une année mi-figue mi-raisin pour le Pruneau d’Agen

A cause notamment de l’épisode de gel tardif, la récolte s’annonce historiquement basse en volume. Mais en parallèle, l’interprofession a retrouvé la cohésion nécessaire pour relancer une dynamique.

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Un Périgordin qui remet de l’ordre dans la maison du pruneau, cela peut sembler surprenant. Mais force est de constater que depuis la prise de fonction de Nicolas Mortemousque à la présidence du Bureau interprofessionnel du pruneau (BIP) en juin 2019, la situation s’est considérablement améliorée. « On traversait une période chaotique, l’état d’esprit n’était pas bon, ça partait facilement au clash, raconte l’intéressé. Pour dire les choses clairement, après avoir été une référence en la matière, on s’est un peu laissés aller. Il ne fallait surtout pas bousculer les choses sous prétexte qu’on avait toujours fonctionné ainsi. Afin que tout le monde tire de nouveau dans le même sens, on a décidé d’engager un très important chantier de restructuration de l’interprofession en redéfinissant ses missions, en assurant une meilleure représentativité et en élaborant une feuille de route. » Avec seulement huit salariés, contre plus d’une vingtaine au début des années 2000, le BIP s’est recentré sur l’essentiel pour redevenir efficace.

Désormais, les débats sont bien plus apaisés entre le collège de producteurs d’un côté et celui des transformateurs de l’autre, avec l’incontournable France Prune en tête de gondole. « L’une des particularités de notre filière, c’est qu’on a un acteur majeur. Il faut que tout le monde ait la place d’exister mais il faut aussi s’inscrire dans le sillage de cette locomotive », estime Nicolas Mortemousque. Toujours dans le but d’en finir avec la cacophonie ambiante et les querelles de clochers, ce dernier a également pris la tête du Syndicat du Pruneau d’Agen et y applique la même recette qu’au BIP. Deux instances, un même discours et donc plus de lisibilité. « En repartant sur ces bases saines et sereines, on peut mettre en place une stratégie pluriannuelle pour voir plus loin que la seule prochaine récolte », avance le président.

Lifter l’image du pruneau

Et c’était justement le sens du recrutement de Rosalinde Jaarsma en qualité de secrétaire générale. La jeune femme de 32 ans arrive d’une autre interprofession, celle des vins de Centre-Loire. Sa mission principale : rendre ses lettres de noblesse à l’emblème gustatif du Lot-et-Garonne. « On a la chance d’avoir un produit unique sans concurrence sur le marché national. Mais il est plus que nécessaire de réinventer, rafraîchir et moderniser son image. A titre d’exemple, on ne profite pas du boom incroyable de la consommation de fruits secs, alors que le pruneau est le seul représentant du terroir français sur ce marché et qu’il fait en plus partie des produits les moins chers. On doit absolument se raccrocher au wagon et cela passera notamment par la communication », analyse la jeune dirigeante. Pour ce faire, le BIP s’est inscrit dans un dispositif européen et devrait bénéficier d’une enveloppe de 2 M€ pour accroître sa notoriété. « Tout le monde se souvient des publicités « Pruneau d’Agen ça vous va bien », moi la première alors que je ne suis pas de la région. Il faut retrouver un engouement similaire. Dans un premier temps, on va miser sur des programmes TV forts ainsi que les influenceurs », explique Rosalinde. Des groupes de travail seront aussi mis en place pour diversifier les gammes : crème de pruneau, jus, baby-food… La transition agro-environnementale et l’amélioration de la qualité sont d’autres axes ciblés.

Un beau programme malheureusement gâché par la récolte 2021. A cause notamment de l’épisode de gel tardif d’avril dernier, les volumes ne seront pas au rendez-vous. « Habituellement, on parle d’une mauvaise année quand on avoisine les 30 000 tonnes. Là, on devrait finir à peine à 12 000 tonnes… C’est une catastrophe car nos stocks ne nous permettront pas d’atténuer ce choc », précise Nicolas Mortemousque. L’impact se fera ressentir à la commercialisation mais surtout sur les prix d’achat aux producteurs. « On veut justement éviter le yoyo entre les années d’abondance, comme de 2017 à 2019, et les gros creux. C’est cela qui nous fragilise le plus », s’inquiète le président du BIP. Cette récolte très délicate sera-telle suffisante pour anéantir tous les efforts entrepris par la filière ? Probablement pas et heureusement…

La filière pruneau en chiffres

1000 producteurs occupant

12 000 hectares de vergers sur 6 départements dont

75% en Lot-et-Garonne. On compte près de 15 entreprises spécialisées dans la transformation.

La filière représente environ 10 000 emplois et 200 M€ de chiffre d’affaires.

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