A Castillonnès, on sort le bois de chauffe

Via le syndicat mixte Territoire d’énergie 47, la commune la plus au nord des 4 Cantons s’est dotée d’un réseau de chaleur au bois pour alimenter plusieurs établissements publics.

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Greloter de froid pour inaugurer une chaudière, voilà qui a de quoi faire sourire. Mais ces quelques frissons matinaux en valaient la peine puisqu’il était question, ce lundi 20 décembre dernier dans le petit village de Castilllonnès, de développement durable, d’économie circulaire et d’indépendance énergétique… Rien de moins ! C’est d’ailleurs pourquoi de nombreux élus locaux (député, sénateur, maires, conseillers régionaux et départementaux) avaient fait le déplacement. Il faut dire que le réseau de chaleur au bois imaginé par le syndicat mixte Territoire d’énergie (TE47) se présente comme une solution d’avenir pour de nombreux villages, à l’heure où les prix du pétrole, du gaz et de l’électricité flambent.

Un combustible made in 47

Le concept est simple : recourir à la biomasse pour alimenter des bâtiments publics. Par un transfert de compétence, la municipalité de Pierre Sicaud a laissé dès 2015 la main aux experts de TE47 pour élaborer un projet dont la pertinence est à la fois écologique et économique. Celui-ci est matérialisé par une grande chaudière bois d’une puissance de 400 kW* et un réseau de tuyaux d’eau (aller et retour) d’une longueur de 800 mètres environ traversant successivement la crèche, les écoles maternelle et élémentaire, le collège Jean-Boucheron et l’Ehpad les Marronniers. « Pour chauffer cette eau, et donc les bâtiments concernés, l’appareil brûle des plaquettes forestières puisées dans un silo de 120 m3 », détaille Bérenger Blanquet, responsable de service au sein de TE47. Ces fameuses plaquettes ne viennent pas de loin puisqu’elles sont produites dans le Fumélois, à Blanquefort-sur-Briolance. « Ces petits morceaux de bois sont broyés à partir de chutes ou de branches trop fines pour être exploitées par les scieries. On ne coupe pas des arbres spécifiquement pour le chauffage, c’est le recyclage d’un sous-produit », complète Bérenger Blanquet. Des sondes de température et de débit permettent de savoir précisément qui a consommé quoi, et donc facturer de manière précise chaque utilisateur du service. Pour la crèche, les écoles ou le collège (l’Ehpad conserve son propre système pour l’eau chaude sanitaire), les avantages pratiques sont considérables : sans chaudière en interne, plus besoin de veiller aux problématiques de maintenance. Ça, c’est la mission qui échoit à Territoire d’énergie et son prestataire Engie. Quant aux tarifs, ils sont très compétitifs. « On facture environ 122€ TTC le mégawattheure. Avec une chaudière gaz dédiée dans chaque établissement, le coût se situerait entre 140 et 170€. Et on ne parle pas de l’électricité », avance Bérenger Blanquet. Enfin, côté impact environnemental, l’économie annuelle de CO2 est estimée à 250 tonnes…

Une ruralité innovante

Pour mener à bien ce chantier entre mai 2020 et fin mars 2021, il a fallu mobiliser une enveloppe légèrement supérieure au million d’euros, dont un peu plus de la moitié subventionnée par la Région. Les travaux, supervisés par la SEM 47 en qualité d’assistant à la maîtrise d’ouvrage, ont été assurés par des entreprises locales, principalement lot-et-garonnaises. Et tous ces acteurs seront très vite invités à récidiver. En effet, ces réseaux de chaleur au bois risquent de fleurir un peu partout sur le territoire. En plus de Castillonnès, la commune d’Aiguillon vient aussi de se voir équiper du sien. Villeréal ne va pas tarder à suivre en attendant les nombreux autres candidats dont les dossiers sont en cours d’instruction ! « C’est un nouvel instrument qui a du sens à de nombreux égards, aussi bien pour l’avenir de notre planète que la structuration de nos communes. Ça mobilise des circuits courts et crée de l’emploi localement. A Castillonnès, on n’exclut pas d’ouvrir ce système aux particuliers à l’avenir », glisse le premier édile Pierre Sicaud. Son homologue villeréalais et conseiller régional Guillaume Moliérac constate pour sa part la capacité des collectivités territoriales à « initier des tendances positives » tandis que le député Olivier Damaisin salue « le dynamisme et l’esprit d’innovation de la ruralité »

*Pour les périodes de grand froid (entre -5 et -10°C), une petite chaudière gaz peut venir en renfort.

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