LGV : les chambres consulaires interpellent Sophie Borderie

Inquiets de la possible suppression de la gare d’Agen dans le projet LGV, les présidents des chambres consulaires du département ont écrit à Sophie Borderie en espérant un changement de position... en vain. En suivant, la Région a annoncé couvrir les millions manquants.

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Encore un nouvel épisode dans cette série aux multiples rebondissements. Le dossier de la LGV est de nouveau au cœur des discussions, suite à un courrier envoyé à la présidente du Conseil départemental, signé par les présidents des chambres consulaires du département que sont la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI), la Chambre de Métiers et de l’Artisanat (CMA) et la Chambre d’Agriculture. La veille, ils rencontraient Sophie Borderie et ne sont pas sortis vraiment rassurés de leur entretien. « La LGV doit s’arrêter à Agen », écrivent-ils d’une même main avec préoccupation et inquiétude. Le Département refuse toujours d’assurer la part demandée dans le financement de la ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse (52 millions d’euros amortis sur 40 ans), même s’il se positionne favorablement à la création d’une gare sur son territoire. Le Premier Ministre a récemment alerté sur la possibilité de renoncer à l’arrêt prévu à Agen. « Cette décision serait lourde de conséquences pour les habitants et les entreprises du Lot-et-Garonne », peut-on lire dans le courrier. Frédéric Péchavy (CCI), Jean-François Blanchet (CMA) et Serge Bousquet-Cassagne (Chambre d’agriculture), sont revenus sur les échanges tenus avec Sophie Borderie, avant de donner leur point de vue sur la situation. « Acteurs économiques du territoire, nous considérons le moment comme historique : priver le Lot-et-Garonne d’arrêts LGV réguliers, à des horaires optimisés, serait une faute majeure, dont nous serions collectivement responsables si nous ne réagissons pas. Aucune politique, aussi brillante soit-elle, ne pourra apporter autant d’espoir et de potentialité que ce projet. » Tous réaffirment donc leur soutien à la création de cet arrêt à Agen, voyant là une « opportunité rare, comme il ne s’en présente qu’une fois par siècle. » Le critère de l’accessibilité est mis en avant, avec la possibilité d’attirer de nouvelles entreprises, de nouveaux salariés, étudiants, professionnels de santé et touristes, et de faire rayonner les centres de formation, les zones d’activités et les pôles d’excellence au-delà du département. « Nous avons déjà commis une erreur du même acabit à la fin des années 1970 en refusant collectivement toute centrale nucléaire sur notre territoire, le résultat fut l’installation de la centrale à Golfech sans aucune retombée économique pour le Lot-et-Garonne, et un risque sanitaire équivalent en cas d’incident », déplorent-ils, en espérant que Sophie Borderie se décide à porter cette ambition politique. « Il vous appartient également d’exercer, grâce à votre contribution financière au projet LGV, la mission de tout Département en matière de solidarité territoriale. Sans arrêt TGV à Agen et sans ligne aérienne commerciale vers Paris, tous nos vœux de désenclavement du Lot-et-Garonne auront été vains. »

La Région avance le financement du Lot-et-Garonne

Sans tarder, la présidente du CD 47 leur a répondu. « J’avais préparé un courrier de synthèse de nos échanges reflétant leur caractère franc et constructif, mais j’ai décidé de ne pas vous l’envoyer. » L’intéressée a en effet été dissuadée par la lettre reçue, datée du jour même de leur rencontre… « Je le réaffirme, le monde économique lot-et-garonnais peut compter sur ma détermination à défendre les intérêts de notre territoire, notamment sur le dossier de la nouvelle gare à Agen. La réalisation de la ligne Bordeaux-Toulouse est le dernier tronçon d’un projet global, la LGV Paris-Toulouse, que nos territoires attendent depuis plus de 30 ans. Dans cette réalisation, le Conseil départemental a déjà versé 35 millions d’euros. » Une participation motivée par la création d’une nouvelle gare agenaise. « Nous sommes tous conscients que la non-réalisation de la nouvelle gare fragiliserait GPSO (projet ferroviaire intégrant deux LGV : Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax) dans son ensemble. Il est essentiel de sortir collectivement de cette situation par le haut. » Sophie Borderie se dit ouverte au dialogue avec l’ensemble des partenaires, notamment l’Etat, « dans le respect des compétences et des prérogatives de chacun ». Cette dernière souhaite, avant tout, que la parole de l’Etat soit tenue, indépendamment des choix souverains des collectivités territoriales. Pas de revirement de situation prévu du côté du Département, donc, qui a toujours dit qu’il ne pourrait pas aller plus loin. Entre son plan collèges, l’entretien et le développement du patrimoine immobilier et un projet d’amélioration des routes du quotidien, plus de 250 millions d’euros supplémentaires seront investis dans l’économie locale dans les cinq ans à venir. Par ailleurs, le Département assure qu’il attaquera l’Etat s’il décide de ne pas construire la gare d’Agen, sans quoi le projet serait modifié et donc fragilisé juridiquement (nouvelle enquête publique…). Le lendemain de cette nouvelle prise de parole de Sophie Borderie, le président de la Région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, a annoncé que le Conseil régional pourrait avancer le montant manquant, sous forme d’avance, afin de boucler le financement. Au total, 225 millions manquent encore à l’appel. Outre le Lot-et-Garonne, la Gironde a aussi refusé de participer, en plus des communautés d’agglomérations du Grand Dax et du Pays-Basque. « Cet avancement ne sera pas dépensé cette année ni la prochaine, mais sera inscrit comme engagement de la Région. » Une somme ‘remboursée’ par l’Etat a posteriori. C’est en tout cas ce qu’aurait affirmé le Premier ministre Jean Castex à Alain Rousset, dans une lettre consultée par l’AFP, tandis que ce dernier espère toujours des revirements de situation des collectivités en question. Cette avance, à l’ordre du jour du vote du budget régional ce lundi 7 février, passera ensuite entre les mains du Conseil d’Etat le 15 février, date à laquelle le financement de la LGV devra être bouclé. 

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