Un dispositif pour renforcer la confidentialité des victimes

Le dispositif du Tableau d’Accueil Confidentialité (TAC), lancé il y a un an, a été présenté à l’Hôtel de Police de Villeneuve-sur-Lot. L’un des objectifs, inciter les victimes à franchir les portes du commissariat.

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Les victimes d’infraction et de violences, ont désormais un dispositif à portée de main, pour les inciter à franchir les portes du commissariat et dénoncer l’infraction dont ils sont victimes. Mis en place il y a un, le Tableau d’Accueil Confidentialité (TAC) vient, comme son nom l’indique, renforcer la confidentialité des victimes. « C’est un principe qui évite, quand on est à l’accueil, d’avoir à formaliser ce qui nous est arrivé, présente Eric Marechal, commandant divisionnaire fonctionnel. C’est en effet un endroit où peuvent se situer plusieurs personnes et il est donc peu évident d’expliquer, devant un public en quelques sortes, ce qui nous est arrivé à l’interlocuteur en face de nous. » Afin que les victimes n’aient plus à énoncer la raison de leur venue, la TAC consiste en un code couleur, étape obligatoire une fois la porte du commissariat franchie. Le policier à l’accueil lui demande ainsi de désigner la couleur correspondant à sa situation. En bleu, les infractions ne nécessitant pas de confidentialité particulièrement renforcée. Il peut s’agir de vol, de dégradations ou encore de troubles de la vie quotidienne (tapages, appels malveillants, etc.). En orange, cela indique que la personne plaignante est victime d’une infraction à caractère sexuel, de violences conjugales ou familiales. Dès que l’orange est indiqué, la victime est prioritairement orientée vers le service compétent, au sein d’une zone confidentielle. « La personne est prise en compte par un enquê- teur judiciaire, en fonction du type de fait », poursuit Eric Marechal.

Un mouvement de libération de la parole

Au-delà d’encourager les victimes à venir au commissariat, le dispositif permet d’aller plus loin dans le traitement de l’infraction. « Nous constatons trois situations, quand une victime vient dénoncer des faits de violences conjugales, par exemple. La personne entendue peut déposer plainte au terme de sa déposition mais il arrive également qu’elle ne le fasse pas et qu’elle ne veuille pas faire de procès-verbal de déclaration. Dans ces deux cas, la victime était alors orientée vers une main-courante. Désormais, dans ces trois hypothèses, le parquet sera immédiatement avisé et le procureur aura l’opportunité de mener des poursuites. Un groupe d’officier de police judiciaire, spécialisé dans les violences intrafamiliales, a également été monté l’été dernier. » Une grande avancée en faveur de la protection des victimes alors que la parole tend à se libérer peu à peu. « C’est déjà une étape importante de franchir la porte du commissariat, constate Eric Marechal. Les campagnes de communication y contribuent nettement. Aujourd’hui, la honte change de camp. »

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affaires de violences intra-familiales sur Agen et Villeneuve-sur-Lot (réparties à 50% pour chaque villes) dont 316 dans la sphère conjugale en 2021. Il y en avait eu 288 en 2020, dont 240 dans cette sphère.

Résultat, le nombre d’affaires de violence intra-familiales est en hausse même si la seule mise en place du dispositif ne peut pas expliquer à elle seule cette augmentation. « On ne peut pas affirmer avec certitude que cette hausse est due à cette libération de la parole ou s’il y a malgré tout une recrudescence des faits de violence, comme on a pu le constater durant les confinements », commente le commandant divisionnaire. Maintenant, ce dispositif reste encore incomplet selon lui. « Il nous manque la présence d’intervenants sociaux, estime-t-il. Le rôle du policier est d’aborder une affaire judiciaire et il n’est pas forcément en mesure de traiter l’ensemble des problèmes de la victime, qu’il s’agisse de l’hébergement ou de l’emploi, par exemple. Nous collaborons avec le système associatif mais nous avons besoin d’aller plus loin, en lien avec les collectivités locales. Cela s’est notamment mis en place sur le Fumélois mais nous sommes encore en attente pour l’Agenais et le Villeneuvois. »

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