La Garonne et ses ponts, tout sauf un fleuve tranquille

Avec la mise en service de Camélat d’ici la fin 2023, l’Agglomération d’Agen comptera un sixième pont sur la Garonne, le troisième de la proche couronne agenaise après le pont de pierre et Beauregard.

0 Shares

Jusqu’à l’inauguration du pont de pierre en 1827, il semblerait qu’il n’y ait jamais véritablement eu de pont sur la Garonne en Agenais. Dès 1189, Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine, publiait pourtant un décret qui « accorde et confirme que le pont d’Agen soit libre et exempt de passage, pontage, de toute exaction et coutume. » Un acte fondateur mais qui ne sera pas suivi d’effet. Une telle construction demandait une somme considérable, difficile à rassembler. À la fi n du XIVe siècle, un pont en pierre et en bois fut construit, au niveau de l’actuelle passerelle. Il ne permit que le passage des piétons et ne résista pas à une grande inondation, en 1435. « Nous avons peine à nous rendre compte des difficultés que le défaut de pont ont dû créer pendant de longs siècles aux habitants d’Agen », commentait en 1878 l’historien Georges Tholin, membre de l’Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Agen, dans la Revue de l’Agenais.

Il fallut donc attendre le XIXe siècle pour que le pont de pierre sorte de l’eau, premier véritable franchissement de la Garonne entre Agen et Le Passage d’Agen. C’est l’empereur Napoléon, en visite exceptionnelle dans la préfecture lot-et-garonnaise, le 30 juillet 1808, qui en annonça la construction. Le chantier dura 15 ans, du 7 novembre 1812 au 22 mai 1827, pour un montant total de 1 million de francs que l’on pourrait estimer aujourd’hui à 6 millions d’euros. De pierres, il n’est pourtant plus question aujourd’hui, même si l’appellation est restée. Assez déroutant pour quiconque découvre le territoire, que de faire face à un pont en béton, avouons-le, des plus classiques. C’est en 1970 que l’ouvrage franchissant la Garonne a été construit sous son actuelle forme. Nous sommes alors à l’ère du « tout-voiture » et ce sont 24 mètres de largeur qui permettent, encore aujourd’hui aux véhicules, cyclistes et piétons, de rejoindre les deux rives.

Pont de Beauregard, l’enjeu du développement économique

L’histoire du pont de Beauregard, inauguré en 1980, est semblable à celle de Camélat, même si ce dernier laissera la part belle aux mobilités douces. « À l’époque, rien n’était prévu pour les piétons, ni les vélos, rappelle Jean Dionis. Il y a des générations d’écart, le souci environnemental n’existait pas. » Beauregard est né pour désengorger le pont de pierre mais aussi pour rejoindre le péage autoroutier et la zone d’activités du même nom, côté Passage d’Agen, alors en pleine expansion. Dix ans plus tard, l’Agropole sortait de terre à proximité immédiate. Il fallut attendre 2012 pour que la rocade Sud-Est qui relie le pont à Castelculier soit inaugurée. À l’Ouest, tout est déjà prêt pour que Camélat soit parfaitement efficace : il débouchera sur la rocade d’Estillac, le Technopole qui se développe à vitesse grand V, la nouvelle sortie autoroutière et, plus tard, la future gare TGV. La boucle est bouclée.

Mais aussi…

Si le pont de pierre a permis aux voitures d’enfin circuler entre Agen et le Passage d’Agen, la traversée était soumise à un droit de péage et empêchait les piétons de l’effectuer. En 1838, le roi Louis-Philippe donnait son accord à la construction d’une passerelle suspendue, inaugurée un an plus tard. Elle a été largement rénovée en 2002. Autre franchissement de la Garonne, celui via le pont-canal. Entamés en 1939, les travaux se sont achevés en 1847 pour une mise en service deux ans plus tard. L’édifice et ses écluses sont inscrits depuis 2003 au titre des monuments historiques.

Crédit photo : Patrick Clermont (archives)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

5 + 1 =