Une rentrée sous le signe de la « normalité » en Lot-et-Garonne

Alors que les tensions et polémiques se multiplient au niveau national, l'inspection académique de Lot-et-Garonne aborde ce mois de septembre avec une certaine sérénité.

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Pénurie d’enseignants et de chauffeurs de bus, recrutement massif de contractuels à la dernière minute sans réelle formation, problèmes d’affectation, critiques sur la rémunération, sortie difficile de la crise sanitaire… Si la vie n’était déjà pas un long fleuve tranquille du côté de l’Education nationale, cette rentrée 2022 semble encore plus agitée que les autres. Mais en Lot-et-Garonne, la tension générale est loin d’être aussi palpable. Patrice Lemoine, en qualité de DASEN (pour directeur académique des services de l’Education nationale), dresse un tableau presque encourageant au vu de ce qu’il peut se passer dans les autres territoires. Petit tour d’horizon.

1 – Le recours aux contractuels

« Ce n’est pas un phénomène nouveau mais la concentration des besoins à certains endroits, comme à Versailles ou en Seine-Saint-Denis, suscite un certain émoi. On parle dans certains cas de plusieurs milliers de contractuels tant le déficit est grand. On est très loin de ces chiffres ici. Pour donner un ordre d’idée, en Lot-et-Garonne, pour 1 500 enseignants du premier degré, on a, à ce jour, recruté 11 contractuels. On pense monter à une vingtaine pour combler les besoins. Dans le second degré (ndlr, collège et lycée), on parle d’une centaine pour près de 2 300 professeurs. On est sur la même tendance que les années précédentes », détaille Patrice Lemoine. Malgré son manque d’attractivité, le département ne souffre pas outre mesure du phénomène actuellement décrit dans les médias nationaux.

2 – Les matières déficitaires

Pour autant, la situation n’est pas totalement rose non plus. Certaines disciplines manquent de représentants, à l’instar de l’éco-gestion, la technologie, les sciences physiques, les lettres modernes… « Les tensions les plus importantes concernent surtout des matières très spécifiques dans les filières professionnelles, comme le médico-social. La conjoncture économique n’y est pas étrangère. S’il y a beaucoup d’emplois à pourvoir à l’extérieur avec de belles opportunités de carrière, les candidats à l’enseignement sont moins nombreux. Mais on travaille, on identifie les besoins et on cherche des profils. Des contrats sont signés tous les jours. On a bon espoir que tout soit très rapidement stabilisé », indique le DASEN.

D’autres situations peuvent survenir en cours d’année. On se souvient par exemple des élèves du lycée Palissy à Agen qui avaient été privés d’un prof d’éco-droit pendant plusieurs mois. « Il s’agit d’un problème différent, note Patrice Lemoine. On peut faire face à des chaînes d’absentéisme compliquées à résoudre. On n’est jamais à l’abri d’un aléa comme celui-ci qui nous tombe dessus. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut vraiment prévoir à l’avance. »

3 – Le dédoublement des classes

Promesse phare du Président Emmanuel Macron, le dédoublement des classes de la grande section, du CP et du CE1 au sein du Réseau d’éducation prioritaire (REP) est plus que bien engagé en Lot-et-Garonne. 100% des classes de CP/CE1 concernées le sont déjà et près des trois-quarts des grandes sections. « Nous sommes même allés plus loin en dédoublant des classes en dehors de ce périmètre comme à Montanou », glisse Patrice Lemoine. Sur l’ensemble du territoire hors REP, l’objectif d’être à moins de 24 élèves est atteint à 96%. Un effort important a été déployé sur ces trois niveaux essentiels pour l’apprentissage de la lecture et les rudiments de mathématiques. Du côté du collège, la moyenne est de 26,4 élèves par classe, soit en-dessous des attentes du ministère.

4 – Les fermetures de classe

« Je ne ferme jamais une classe à la rentrée. C’est un principe personnel », clame Patrice Lemoine. L’inspecteur d’Académie ne fera qu’une petite entorse à cette règle cette année avec une fermeture en maternelle à Louis-Vincent au Passage d’Agen, avec l’aval du maire dans un contexte bien particulier où seulement 16 élèves sont inscrits. Pour le reste, rien à signaler. « Mon objectif est de ne surtout pas désarçonner les familles et les enseignants. » Des ouvertures de dernière minute, elles, sont en revanche tout à fait possible en fonction des cas.

5 – Les résultats

« Nous avons vraiment de bons résultats dans la filière professionnelle, avec de bons taux d’insertion professionnelle derrière. Pour les lycées généraux et technologiques, les résultats sont également corrects. C’est au niveau du collège qu’il faut améliorer les choses. On constate, comme au niveau national, un écart trop important entre les zones, écart que l’on n’arrive pas à resserrer suffisamment. Encore trop d’élèves éprouvent des difficultés en 6ème au niveau de la lecture. Ce n’est pas tant pour décoder mais plutôt pour comprendre et accéder au sens. Cela nuit beaucoup aux autres apprentissages derrière. On se concentre beaucoup là-dessus. La vocation de notre système est de faire réussir tous les enfants, y compris les plus fragiles qui n’ont pas le même capital culturel », décrit Patrice Lemoine.

6 – Le moral des troupes

C’est la grande incertitude de cette rentrée. « Est-ce que nos troupes sont suffisamment reposées après deux années très éprouvantes ? », s’interroge le directeur académique. « La plupart des enseignants ont bien répondu présent face à l’enjeu et ont largement participé à la résilience du système en cette période de crise. Néanmoins, on voit beaucoup de burn-out, de demandes d’accompagnement, d’arrêts maladie… La situation a épuisé et démotivé les gens. J’espère que cet été a permis de recharger les batteries. » Affaire à suivre…

7 – Le protocole sanitaire

Bien qu’il n’occupe plus l’actualité comme précédemment, le Covid est toujours bien présent et l’Éducation nationale en tient compte. Le nouveau protocole sanitaire en vigueur prévoit quatre paliers de mesures. Cette rentrée se déroule au niveau « socle ». Les masques ne sont pas obligatoires, aucune restriction pour les activités physiques et sportives. Si un enfant est positif, il respectera un isolement de 7 jours, les parents de ses camarades seront avertis et des autotests fournis gratuitement. Seuls les cas positifs resteront à la maison et non pas les cas contact. « On est sur une rentrée quasi ordinaire », confirme Patrice Lemoine. En cas de nouvelle vague épidémique, les trois autres niveaux prévoient des mesures graduelles. Tout changement de niveau sera notifié 10 jours avant sa mise en place afin de ne prendre personne au dépourvu.

8 – Le retour de la normalité ?

« Selon tous nos indicateurs, c’est une rentrée normale ou presque qui se profile. La situation de l’académie n’est pas plus difficile que les années précédentes et l’omniprésence du Covid semble s’estomper. C’est le bon contexte pour réinstaller tout le monde dans un mouvement positif autour de l’école. On doit sortir de cette période de crise que l’on a fini par banaliser pour revenir au plaisir d’apprendre et d’enseigner », lance Patrice Lemoine avec optimisme.

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