Agen : La Ville et l’Agglomération dans un virage vert ?

Economies d’énergie, solarisation, réseau de chaleur, nouveau mode de gestion de déchets : autant de mesures mises en place ces dernières semaines à l’échelle de la ville d’Agen et son agglomération. Entre les contraintes réglementaires et la nécessaire économie d’argent, un véritable virage écologique a-t-il été pris par les élus agenais ?

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La semaine dernière, Jean Dionis signait avec Fonroche Lighting un contrat faisant de l’Agglomération d’Agen, le plus grand parc solaire d’Europe avec l’implantation prochaine de 6 000 lampadaires photovoltaïques (lire notre édition précédente). Quelques semaines plus tôt, il annonçait la nécessité de couper l’éclairage public à des fi ns d’économie d’énergie. Les animations de Noël sont également concernées par cet impératif avec notamment la suppression de la patinoire synthétique, traditionnellement installée sur la place du Pin. La semaine dernière, la séance du conseil communautaire a laissé la part belle à de nombreuses délibérations liées à la transition écologique. Enfi n, la municipalité a dévoilé ce vendredi le projet d’implanter des panneaux solaires sur le toit des tribunes Ferrasse et Lacroix, du côté du stade Armandie. Autant de mesures prises récemment qui traduisent un fort « virage vert » dans les politiques municipale et communautaire.

Si la prise de conscience du maire et président d’Agglomération semble sincère, certaines d’entre elles sont aussi le fait d’une mise en conformité avec la loi. C’est notamment le cas de l’installation progressive de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères incitative (Teomi). Un brin sarcastique, Yvon Ventadoux, l’un des responsables départementaux d’Europe Ecologie-Les Verts profitait, lui, d’un tweet sur la sécheresse toujours aussi inquiétante en Agenais, malgré les pluies des derniers jours, pour se payer le maire d’Agen : « Pourtant Jean Dionis nous l’assure : il n’y a pas de problème de quantité d’eau. Juste un problème de répartition dans l’année. Il lui a fallu 60 ans pour comprendre que l’écologie existe. Encore autant pour comprendre la crise sur l’eau ? » Une référence à une séance communautaire exceptionnelle, consacrée au changement climatique et où le premier édile agenais soutenait la création des bassines de rétention d’eau. Alors, est-ce que la politique agenaise se verdit réellement ?

Après Armandie, une solarisation des bâtiments publics ?

C’est une « opération symbolique et significative » qui a été présentée en fi n de semaine dernière par la municipalité avec la « solarisation » du Stade Armandie. Près de 2 327 panneaux photovoltaïques vont être installés sur le toit des tribunes Ferrasse et Lacroix. Ils produiront l’équivalent de la consommation en électricité de 1 000 habitants. C’est la SEM Avergies qui a décroché ce contrat et qui procédera à l’installation durant la trêve estivale de 2023. Jean Dionis profi tait de l’occasion pour rappeler son « engagement très fort sur la transition énergétique. Nous devons avoir les idées très clair sur les énergies renouvelables, que ce soit sur la méthanisation, comme sur le photovoltaïque. On peut dire que le Lot-et-Garonne est doué là-dessus. Nous avons un bel ensoleillement et peu de relief. Ce sont des conditions idéales. Sur les zones urbaines, nous devrons avoir une réfl exion automatique pour implanter des panneaux aussi bien sur les toits que les friches ou les parkings. Cela viendra notamment du côté du centre technique de l’Agglomération.

Les tribunes Ferrasse et Lacroix du stade Armandie seront couvertes avec 2327 panneaux photovoltaïques pour produire de l’électricité pour 1000 foyers.

Un réseau de chaleur urbain va voir le jour

Le site d’incinération des déchets de Monbusq, sur la commune du Passage-d’Agen sera bientôt le point de départ d’un réseau de chaleur urbain. Ce sont près de 25 000 tonnes de déchets qui y sont traitées chaque année. L’énergie déployée permet déjà d’alimenter l’usine d’équarrissage à proximité. A terme, c’est la consommation en chauffage et en eau chaude de 4 000 foyers qui sera permise grâce à ce système sur les communes d’Agen, du Passage et de Boé. Un tel cercle vertueux permettant des économies d’énergie a déjà été mis en place à Castillonnès depuis le début d’année via un réseau de chaleur au bois.

L’épineuse question de la gestion des déchets

Depuis la loi finances de 2012, les collectivités savent qu’elles devront se mettre au diapason d’une tarification incitative sur la gestion des déchets. Pour faire clair, l’objectif est de réduire le volume de déchets ménagers en augmentant le tri sélectif. Afin d’y parvenir, la réglementation prévoit plusieurs dispositions et l’Agglomération d’Agen a fait le choix de la mise en place d’une taxe d’enlèvement des ordures ménagères incitative (Teomi). Le contribuable paiera ainsi un impôt supplémentaire en fonction de sa quantité de déchets ménagers collectés. La mesure sera mise en place progressivement à compter du 1er janvier 2023, pour une première facturation prévue à partir de 2025. Entre temps, les usagers seront équipés d’un compteur à déchets sur le bac afin de mieux appréhender leur production et donc de la baisser.

Si l’ensemble des habitants sont plus ou moins rompus au tri des emballages, ils devront aussi appréhender celui des déchets verts et des biodéchets. Un règlement de collecte, mis en place dès le début d’année prochaine, a ainsi été voté lors du dernier conseil communautaire. Patrick Buisson, vice-président en charge de la transition écologique, en a largement présenté les contours à ses collègues. Il devra désormais faire le plus dur : l’expliquer aux administrés. Quatre points sont ainsi à retenir de ce nouveau règlement. Dans un premier temps, des points d’apports volontaires pour les déchets ménagers et les emballages sont installés sur le centre-ville d’Agen ainsi que les bourgs du Passage-d’Agen, Layrac, Astaff ort, Caudecoste, Laplume, Beauville, La Sauvetat de Savères, St-Maurin et Puymirol. Les habitants concernés ne verront plus de camion-poubelle récupérer leurs sacs devant la porte. Second point, les habitants de l’ancienne communauté de communes Porte d’Aquitaine et Pays de Serres recevront les bacs individuels gris et jaune. Troisièmement, une collecte des biodéchets sera progressivement déployée en porte à porte pour des zones pavillonnaires denses restant à défi nir. Les autres habitants n’étant pas concernés par les bacs d’apport volontaires pourraient bénéfi cier de bacs de compostage individuels ou collectifs.

Enfin, les déchets verts ne feront plus l’objet d’un ramassage en porte à porte, pour ceux qui étaient concernés, et ce dès le 1er janvier prochain. En lieu et place, des opérations de ramassage et broyage à domicile à l’automne et au printemps seront gratuitement mises en place sur inscription. Il s’agit donc d’une nouvelle réglementation dense, pour laquelle les usagers auront deux ans d’adaptation, avant les premières facturations. Pour rappel, l’objectif en ligne de mire est donc de réduire au maximum ses déchets et que la taxe incitative ne devienne pas un douloureux impôt. Principal risque de ces mesures, pointé lors d’un long débat, celui de potentielles incivilités pour les administrés ne souhaitant pas se soumettre à ces exigences et qui pourraient donc être tentés d’envoyer leurs déchets dans la nature.

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