Lot-et-Garonne : le plan du Département pour qu’agriculture et environnement fassent bon mélange

Nos régimes agricoles sont-ils adaptés face aux enjeux climatiques qui nous font face ? C'est la question que s'est posé le Conseil départemental du Lot-et-Garonne le 7 juillet, lors d'une séance spéciale dédiée à l'adaptation de l'agriculture locale.

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Le Lot-et-Garonne est une terre agricole. Son avenir est étroitement lié à la capacité d’adaptation de l’agriculture à ces bouleversements. « Pour faire face au changement climatique, notamment au manque d’eau, mais aussi au problème des parasites et de leurs vecteurs, l’agriculture doit s’adapter. L’adaptation, pour être effective, doit s’inscrire dans une vision stratégique incluant l’ensemble des enjeux environnementaux, économiques et sociaux, au niveau européen, français, comme au niveau local. » C’est à cette vision systémique que le Conseil Départemental de Lot-et-Garonne a souhaité apporter sa contribution, à travers sa Mission d’information et d’évaluation des politiques publiques d’accompagnement aux transitions agricoles (MIE). Une réflexion qui partait d’un constat rappelé par le vice-président du Département à l’agriculture Joël Hocquelet : « En 2021, le Conseil départemental avait donné 500 000€ pour aider à rembourser les dégâts causés par le gel. Rebelote en 2022, mais une fois, c’est une exception, deux fois de suite, c’est une habitude. Il s’agissait alors de prévenir plutôt que de guérir. » Une modification qui s’inscrit dans un développement bien plus étoffé. « Les enjeux pour le 47 sont imminents. Il faut dix ans pour que la nature s’habitue à un nouveau modèle agricole. » La réflexion que cette mission a conduite sur l’adaptation des politiques agricoles vise à accompagner le monde agricole dans les transitions qui s’imposent. Elle tient compte, entre autres, de l’ensemble des exigences environnementales telles que la préservation de la biodiversité, la qualité de l’eau, de l’air, des paysages.

Les réponses de la Mission

Les évolutions climatiques graduelles ont déjà un impact sur la disponibilité des ressources en eau, les cycles biologiques, les organismes nuisibles, les maladies et les sols, et risquent ainsi d’influer sur les rendements agricoles de manière négative. Le rapport de la MIE établit donc une série de préconisations pour établir la feuille de route du département en matière agricole. Plusieurs leviers possibles ont été identifiés. A Clarisse Maillard, conseillère départementale, rapporteur de la Mission, de les énoncer : « Il faut continuer d’accompagner les agriculteurs dans la réalisation de diagnostics climatiques. Pour cela, des tables rondes annuelles seront prochainement organisées. On va aussi maintenir notre soutien à la recherche et à l’innovation en matière d’adaptation au réchauffement climatique. Par exemple, on peut d’ores et déjà aider à l’installation de panneaux photovoltaïques sur les vignes et vergers ou encore soutenir l’agriculture digitale avec un suivi en temps réel sur les écrans. Une autre clé sera l’accompagnement pour l’équipement en dispositifs de protection contre le gel en arboriculture avec le financement des investissements préventifs (stations météo et surveillance, sondes, système d’irrigation…) » Aussi, la question de l’agroécologie est venue sur la table comme un autre facteur d’amélioration à l’avenir, notamment sur les sujets de diversification des variétés et cultures, d’association de la culture et l’élevage pour apporter de la matière organique au sol, mise en place de l’agroforesterie, revaloriser le programme de plantation de haies etc… « On va prolonger le dispositif de soutien à l’installation de nouveaux exploitants en transformation agroécologique. D’ailleurs, une charte sur l’agrivoltaïsme sera rédigée », poursuit Clarisse Maillard.

« La pluie, il y en aura encore dans le futur »

Dernier point essentiel à la question de l’adaptation de l’agriculture du Lot-et-Garonne : la si préoccupante gestion de l’eau. C’est Jean-François Berthoumieu, directeur de l’Association climatologique de la Moyenne Garonne et président du Cluster Eau et adaptation au changement climatique qui était invité dans l’hémicycle pour apporter son expertise. «  La pluie, il y en aura encore en abondance à l’avenir, mais des précipitations qui amènent 80 mm d’eau, ce n’est pas idéal puisque le sol n’en conserve que 20 mm. Le véritable enjeu, c’est d’éviter ce qui accélère les processus de ruissellement lors de forts épisodes de pluie, afin de favoriser leur infiltration dans les sols, sous-sols, les zones humides, les lacs et les nappes ». Ainsi, le président du Cluster affirme qu’il sera possible de réduire les inondations. D’une manière générale, il estime qu’il est temps de changer notre vision de l’eau. « Si on arrive à stocker de l’eau, on favorisera le phénomène d’évapotranspiration et continuera d’avoir de la pluie. Economisons l’eau tant qu’il ne fait pas trop chaud dans notre région et utilisons cette eau déjà stockée pendant les jours de canicule afin d’évapotranspirer au travers de l’arrosage des végétaux et ainsi réduire à grande échelle l’amplitude thermique. En faisant cela, on aura, à terme, 4 degrés de température en moins par rapport aux maximales prévues. » Le plan est détaillé et, pour le Département, il faut dorénavant enclencher le seconde.

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