C’est un exercice auquel doivent se plier toutes les collectivités. Le débat d’orientation budgétaire de l’Agglomération d’Agen était au menu du dernier conseil jeudi dernier.
Pour ce débat d’orientation budgétaire, l’Agglomération suit « deux orientations fortes » à partir desquelles sont construit les budgets comme l’a souligné le président d’Agglomération Jean Dionis. « Nous faisons comme choix de n’activer aucun levier fiscal de 2024 à 2025. Nous n’activerons ni le foncier bâti, ni la TEOM, ni le versement transport, ni la taxe Gémapi. Notre deuxième choix politique fort, c’est la mise en mouvement de manière significative au niveau de la transition écologique. On envoie du lourd avec des plans d’actions significatifs : vie quotidienne, écologique avec tonnes de CO2 économisées, économie de mégawatts. »
Néanmoins, le contexte reste délicat comme l’avait prévu l’Agglomération. « On a une augmentation des dépenses qui est plus importante que l’augmentation des recettes », a présenté Clémence Brandolin-Robert, rapporteuse désignée du dossier DOB. « L’épargne brute est en baisse de 3M€, on a notamment eu des dépenses qui ont augmentées à 14%, contrairement à la prévision de 12% annoncée, notamment à cause de la cyberattaque. » S’ajoute à cela, une TEOM qui ne couvre plus toutes les dépenses liées au service collecte et traitement des déchets. « Pour la première fois en 2023, notre TEOM ne couvrira plus les dépenses nettes qu’elle est censée couvrir. Elle ne suffira plus à couvrir ces frais. Jusqu’en 2026, nous ne retrouverons pas 100% malgré les décisions prises assez fortes. »
Un pic d’investissement à 61,8M€
Au total, l’exercice 2024 se portera donc, de façon prévisionnelle, à 55,13M€ de dépenses de fonctionnement soit +6% par rapport à l’an passé.
Pour 2024, l’Agglo atteindra également son pic d’investissement avec 61,8M€ investis dans lesquels sont pris en compte une partie des paiements du projet de Camélat. Ce DOB a également prévu 134M€ de dette avec une épargne brute sous la barre des 20% (17%) en 2024 pour remonter par la suite à cette barrière de sécurité des 20%. La capacité de désendettement de l’Agglomération passera quant à elle à 11,4 ans. « On ne dépasse pas le seuil d’alerte des 12 ans » a souligné Clémence Brandolin-Robert, « On rentre en zone un peu trouble mais qui avait été annoncée depuis plusieurs DOB. » Une zone trouble qui devrait s’éclaircir d’ici à 2026 avec un retour autour des 10 ans de capacité de désendettement à 2026.
Le projet de Réseau de Chaleur urbain
A l’occasion de ce dernier conseil de l’année 2023 a également été exposé le choix du délégataire et l’attribution du contrat de concession de service public pour la conception, la construction et l’exploitation du Réseau de Chaleur Urbain. Un réseau qui devrait permettre à l’Agglomération d’économiser 7427 tonnes de CO2 par an soit l’empreinte carbone de 800 habitants. C’est « le second grand projet après Camélat », a défini le président de l’Agglomération d’Agen. Celui du Réseau de chaleur urbain (RCU). Un projet d’envergure qui s’inscrit dans le « sérieux virage » prit par les élus avec le plan de transition environnementale au coût d’environ 30M€. « Notre plan climat affiche plusieurs objectifs parmi lesquels figure la gestion et la récupération des énergies renouvelables sur notre territoire », a exposé Patrick Buisson, maire de Bajamont, en charge du dossier. « L’Agglomération d’Agen concentre plus d’un tiers de la population du Lot-et-Garonne et bénéficie d’une densité de population qui est propice au développement d’un Réseau de Chaleur Urbain (RCU). »
Dans ce contexte, elle a lancé en 2022 une procédure de mise en concurrence pour la passation d’un contrat de concession de service public pour la conception, la construction et l’exploitation du réseau de chaleur.
Dans le cadre de cette procédure, les objectifs de l’Agglomération d’Agen sont les suivants : Décarboner le territoire : le projet RCU représente à minima 30 % de l’objectif global de diminution des gaz à effet de serre du plan climat (PCAET) à échéance 2050, la compétitivité des acteurs économiques se reliant au RCU : en effet, les acteurs se connectant au RCU stabilisent leur prix de chauffage par rapport au gaz, tout en diminuant le coût, et un enjeu économique local pour les prestataires du réseau RCU : le projet RCU est estimé à plus de 20M€ tout compris (échangeur de chaleur, réseau, chaufferie d’appoint, etc…) ce qui est le second plus gros chantier de l’Agglo sur ce mandat.
Au total, ce sont 53 clients potentiels qui ont été identifiés selon le réseau retenu. Sur Agen, il s’agit de la clinique Esquirol, L’Hôtel départemental, la Préfecture, le lycée De Baudre, la Chambre des métiers, les serres municipales, Aquasud, le lycée Palissy, le lycée Lomet, la résidence Jeanne D’Arc, la cité administrative et le centre des finances publiques. Du côté du Passage, il s’agirait de l’immeuble Korrigan, UPSA Gascogne, la résidente Rue André Morois, le centre culturel Pierre Lapoujade et le centre technique municipal.
Au total, le projet devrait permettre d’obtenir 84% d’énergies renouvelables et de récupération, d’atteindre 43% de l’objectif global de diminution des gaz à effet de serre.
Pour ce projet d’envergure, une délégation de service public a donc été lancée pour trois candidats en lice : Dalkia, Engie et Idex. C’est cette dernière qui a finalement remporté le projet, en proposant notamment un prix de l’énergie compétitif avec 85,05€/MWh, en intégrant un approvisionnement avec Atemax et un fort potentiel de développement via raccordement avec l’entreprise Gozoki.
Le projet Armand-Fallières
Autre point abordé à l’occasion de ce conseil d’agglomération, la place Armand-Fallières. Après une première expérimentation conduite en 2022, la Ville d’Agen entend remettre le couvert en touchant aux transports en commun cette fois-ci. « Nous avons comme projet d’en faire un parc urbain et donc de la transformer. Plus d’arbres, plus de vert dans une surface faite de gravillon, la création d’allées circulantes… », a expliqué le président de l’Agglomération. Au programme également : une diminution du nombre de bus sur la place. « C’est un hub des bus urbains Keolis et des bus scolaires de la région que nous allons éclater en deux. » Ainsi, du 8 janvier au 16 février, entre deux périodes de vacances scolaires, les bus de Kéolis seront toujours du côté de la place Fallières tandis que les bus scolaires sur l’avenue du Général de Gaulle, en contrebas de l’hôtel Hutot de la Tour. Établissements scolaires et parents d’élèves sont d’ores et déjà prévenus de cette modification. Une expérimentation dont seront tirées de nouvelles leçons pour le réaménagement de la place. Le projet, lui, s’inscrit dans « la dynamique d’une ville moderne, où l’on marche dans des zones de verdures en centre-ville », selon Jean Dionis. Le vice-président Henri Tandonnet a quant lui regretté un projet « fait à moitié. Végétalisez la totalité de la place et non la moitié. Pourquoi faire une place verte avec des cars qui y traînent encore tous les jours. Cela ne sert à rien de gérer une telle panique, autant redéfinir totalement le trafic des bus ». Si les élus et conseillers communautaire de l’Agglo sont agités voire inquiets à ce sujet en conseil, qu’en sera-t-il des Agenais directement concernés par le projet ? Il est toujours difficile de refonder une place importante d’un centre-ville. La population, faute de choix, finit toujours par s’adapter au projet mais ne s’en accorde pas forcément. L’Agglo a choisi de mener ce dossier « avec la manière forte », alors elle devra l’assumer jusqu’au bout.
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