Jean-Paul Cianfarani : « Une foire, un salon, cela existera toujours »

Au sortir d’un «très bon» salon de l’habitat Villeneuvois et avec la Feria Agricole et Gourmande en ligne de mire, le président d’Aquidec, l’association organisatrice de ces manifestations, fait le point sur l’événementiel villeneuvois, son avenir et son attachement si singulier pour ce territoire.

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Quidam Hebdo. : Quel est votre parcours jusqu’à l’association Aquidec que vous présidez aujourd’hui ?

Jean-Paul Cianfarani. : Mon métier de base c’est agent immobilier. J’ai toujours travaillé dans l’habitat et l’immobilier, c’est d’ailleurs pour cela que le Salon de l’habitat villeneuvois a été créé, parce que l’on baignait dans ce milieu depuis très longtemps. J’ai arrêté ce métier-passion pour des raisons personnelles. Pendant un an, je me suis mis au vert et après, soit je reprenais mon activité, soit je repartais sur autre chose. Mon épouse ayant sa structure d’événementiel, je l’ai rejoint en tant que président bénévole de l’association Aquidec.

Q.H. : Et justement, quel était l’objectif initial de l’association ?

J-P.C. : A sa création, l’objectif d’Aquidec était d’oeuvrer pour le développement économique et culturel de notre territoire. Par exemple, on aide l’artisanat d’art à accéder à des salons et de gros événements. Un stand à une valeur, mais ce sont des prix inabordables pour l’artisanat d’art, Aquidec finance alors la partie manquante. On le fait également avec les producteurs. Culturellement, on organise des moments en soirée comme à la Foire-Expo.

Aussi, dans une manifestation que l’on organise, vous ne trouverez pas d’entreprises extérieures au Lot-et-Garonne. On ne veut pas de gros groupes, car on ne les maîtrise pas. On fait venir des gens de chez nous parce que ce sont eux qui font vivre notre territoire.

Q.H. : En matière d’événements, à quoi participe Aquidec ?

J-P.C. : Deux événements nous appartiennent : le salon de l’habitat villeneuvois et la Foire-Exposition de Villeneuve-sur-Lot. Il y a aussi une belle manifestation qui s’adresse aux collégiens et parents : le salon Ambition & Avenir. Nous sommes uniquement techniciens là-dessus, nous n’apportons que notre savoir-faire et nos infrastructures à l’Education nationale qui gère le salon. Il connaît déjà un riche succès et est pris en exemple en Nouvelle-Aquitaine, selon les dires d’Alain Rousset (NDLR, président de la Région).

Enfin, il y a la Feria Agricole et Gourmande qui, je pense, va prendre le pas sur tout le reste prochainement, même à l’échelle départementale. On voulait depuis longtemps mettre en avant notre département producteur lors d’un événement, mais cela demandait des moyens conséquents. L’équipe municipale de Guillaume Lepers désirant organiser un rendez-vous dédié à l’agriculture, nous avons pu alors mixer les idées et la Feria est ainsi née. On n’aurait jamais pu le faire tout seul et je lui prédis un très bon avenir.

Un « très bon cru » pour le salon de l’habitat Villeneuvois

Nous avons vraiment réalisé un super événement le week-end dernier. Le salon de l’habitat villeneuvois est revenu a ce qu’il était il y a quelques années. Les allées n’étaient pas noires de monde, mais on a eu un flux régulier, avec du public en continue. Les exposants m’ont fait savoir qu’ils avaient fait un très bon salon et qu’ils avaient pris des rendez vous comme jamais. C’était un très bon cru pour l’événement.

Q.H. : Vous semblez très ambitieux vis-à-vis de cette seconde Feria Agricole.

J-P.C. : Evidemment, parce qu’à la base, nous sommes tous partis d’une feuille blanche avec cet événement. La première édition a super bien marché, mais on n’avait pas pu réaliser entièrement tout ce que l’on voulait. On y évoquait surtout le monde paysan, en plus de superbes soirées festives. C’était une grande réussite populaire, mais il manquait de quoi faire venir des familles entières et notamment les jeunes. Là, je pense qu’on va monter en puissance parce qu’on installe un chapiteau de 400 m2, on amène la ferme chez nous avec des ateliers, un musée d’autrefois avec des animateurs, une pièce de théâtre…

Q.H. : Quel regard portez-vous sur le monde de l’événementiel aujourd’hui ? Et quelle évolution future pour vos manifestations ?

J-P.C. : Cela fait plus de 25 qu’on y baigne, donc on le voit évoluer en permanence. Internet a d’abord modifié la donne. Avant, on venait dans des manifestations comme les nôtres pour apprendre des choses, découvrir et acheter, mais on croit à tort qu’internet a remplacé tout cela. Je suis persuadé qu’il y a encore nécessité à amener l’ensemble de l’offre d’un territoire en un même lieu. On a le contact et l’échange. Une foire, un salon de l’habitat, cela existera toujours, bien qu’il y ait moins de visiteurs que dans le passé, mais pour conserver que des visiteurs qualitatifs, intéressés.

Pour réussir un événement, il faut mixer qualité, convivialité et nouveautés. La Foire-Expo pourrait prendre un autre format, en centre-ville de Villeneuve avec les commerçants par exemple. On a aussi pensé à la rendre itinérante. Des territoires nous ont déjà fait un appel du pied et cela serait peut-être un bon moyen de la relancer. Imaginons une année à Fumel, puis à Villeréal, en repassant toujours par Villeneuve-sur-Lot au bout d’un certain temps. Evidemment, cela demanderait de nouveaux financements pour amener des moyens logistiques dans les nouvelles villes d’accueil. Des options s’offrent donc à nous, mais la décision finale reviendra toujours à nos exposants. Moi, c’est la pierre à l’édifice que j’aimerais apporter avant de prendre ma retraite.

Q.H. : On sent chez vous une profonde attache à ce territoire que vous vous efforcez d’animer.

J-P.C. : J’aime le contact humain, c’est comme ça. On a créé plein de choses à Villeneuve, certaines qui existent encore et d’autres non. Par exemple, on a fait les premiers marchés de Noël du département il y a 25 ans, on a été les premiers à organiser les marchés gourmands du vendredi, notamment à Villeneuve. Et tout cela, juste parce qu’on sentait que c’était ce qu’il fallait faire pour Villeneuve. En tant qu’agent immobilier, je n’avais rien à y gagner d’autre que du bien pour ma ville, par passion. Je veux laisser à mes enfants et petits-enfants une ville dynamique où il fait bon vivre.

Q.H. : Vous n’hésitez pas non plus à prendre certains risques pour cela, rappelons l’échec du Rock and Roll Circus Festival en 2019…

J-P.C. : On s’était trompé. Ce n’était pas à nous de le faire seuls, mais à la municipalité de l’époque de nous épauler pour mettre ce festival en place. Avec le recul, j’aurais aimé une organisation plus en harmonie entre l’association et la mairie ou l’Agglo comme pour la Feria. Là, il y avait de nombreux risques qu’on a fini par payer. C’est un épisode encore douloureux que l’on veut oublier. Après, je maintiens que cette idée n’aurait jamais dû disparaître. Villeneuve aurait eu un grand festival de musique. Si des gens veulent se lancer dans cette aventure, je pense qu’il y a encore la place pour cela.

Q.H. : Avez-vous le sentiment d’avoir tous les outils en main pour mener des projets à la hauteur de vos ambitions, notamment en ce qui concerne l’infrastructure limitée du parc des expositions villeneuvois ?

J-P.C. : Aujourd’hui, le parc nous convient, mais il serait plus agréable de le voir rajeunir après 40 ans de loyaux services. La municipalité en est consciente et réfléchit certainement à son avenir. Soit on le réhabilite, soit on le rase pour construire quelque chose de moderne. Ce n’est pas une décision qui m’appartient, je ne peux qu’être force de proposition puisque j’y travaille régulièrement ces 25 dernières années. On a un espace relativement grand pour nos besoins, cependant, les inconvénients sont ces parkings en pente et sa mezzanine à l’intérieur. S’il doit y avoir un grand projet de la future mandature municipale, je pense que ça doit être celui du parc des expos. Derrière Agen, il n’y a que nous dans le département. Beaucoup plus de manifestations pourraient y voir le jour, mais le cadre n’y est pas toujours propice.

Q.H. : A 71 ans, vous êtes encore un des piliers de l’événementiel à Villeneuve-sur-Lot, avez-vous déjà considéré « l’après » ?

J-P.C. : Des jeunes reprendront la suite, j’en doute pas. Après, tant que je suis en bonne santé, je pourrai toujours être force de réflexion avec l’association. Personnellement, j’aimerais être là encore cinq ans. Il faudra ensuite évidemment laisser la place aux jeunes qui ont des capacités que ma génération n’a vraiment pas.

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