Santé : l’action municipale en matière de santé à Donnefort jugée insuffisante

La pharmacienne emblématique du quartier de Montanou Anne-Marie Saucaz-Laramé réagit aux déclarations des élus agenais sur la création de la maison de santé pluridisciplinaire.

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Dans notre édition du 20 novembre 2024, Nadège Lauzzana, adjointe au maire d’Agen et conseil- lère communautaire déléguée sur les questions de santé, déclarait ceci : « Prenons l’exemple de Donnefort. Si nous n’avions pas créé un centre de santé, il n’y aurait pas d’infirmiers, de kinésithérapeutes, ni de pharmacie. Même si le centre manque encore de médecins, il permet au secteur de ne pas être complètement sinistré. » Ces propos ont déclenché l’ire de certains professionnels de santé locaux, à commencer par les responsables de l’officine Cambon, située avenue Léon-Blum. Anne-Marie Saucaz-Laramé, pharmacienne, a sollicité un droit de réponse pour rétablir quelques vérités. « Ce discours est mensonger. La pharmacie existe depuis 1969 et nous l’avons reprise vingt ans plus tard. L’activité médicale est-elle aussi bien antérieure à la MSP. Les docteurs Delage, Mercier, Planès et Vergne, pour ne citer qu’eux, avaient leurs cabinets dans le quartier. Les infirmières Soussi et Rousselle sont également implantées depuis longtemps maintenant. La vérité, c’est que la maison de santé a pu voir le jour grâce à la présence de tous ces professionnels et non pas l’inverse comme cela a pu être évoqué. Il est par ailleurs fort regrettable d’oublier le rôle que nous avons joué dans la création de cette structure. Cela représente trois ans de travail et beaucoup d’efforts pour mener à bien ce projet. »

« Une coquille vide »

Plus généralement, Anne-Marie Saucaz-Laramé regrette que la création de cette fameuse MSP n’ait pas été suivie d’une politique plus efficace pour donner une véritable raison d’être à cet outil. « Près de 1,5 M€, l’argent des contribuables, ont été investis pour que la maison de san- té de Donnefort sorte de terre. L’infrastructure est magnifique et offre un superbe cadre d’exercice. C’est malheureusement une coquille vide car il n’y a plus un seul généraliste. Ce n’est pas normal car cela pénalise un bassin de population de 5000 habitants. » En tant que libéraux, les praticiens sont libres de s’installer où bon leur semble. Anne-Marie Saucaz-Laramé constate amèrement que plusieurs de ses voisins ont décidé de rejoindre la porte du Pin, où se crée au fil du temps un petit empire médical. « M. Frégeville (ndlr, gérant de la pharmacie de la Porte du Pin et propriétaire foncier des différents cabinets médicaux) a saisi une opportunité qui s’ouvrait à lui pour faire venir des médecins à côté de son officine. On ne peut pas le lui reprocher. La question, c’est pourquoi ils sont aussi nombreux à s’installer ici, sachant que le quartier ne jouit pas d’une réputation tellement meilleure que Donnefort. C’est probablement parce que les conditions d’accueil sont plus favorables, y compris sur le plan financier. La municipalité, qui doit veiller à assurer une certaine répartition territoriale de l’offre de soin, devrait être en mesure de s’aligner. »

Un manque de communication

Le dernier grief concerne le manque de communication. « Les élus ne nous tiennent absolument pas informés de la situation. Ils nous appellent parfois pour nous dire que des médecins arriveront prochainement. Les mois passent, toujours personne, et nous n’en savons pas plus. Il ne faudrait cependant pas oublier que nous sommes en première ligne avec la population. C’est nous que les habitants viennent questionner sur l’absence de médecins au sein de la MSP. Et nous n’avons pas de réponse à leur donner alors qu’ils ont désespérément besoin de pouvoir consul- ter. Comme il s’agit d’un quartier très pauvre, beaucoup n’ont pas la mobilité pour se rendre dans des cabinets situés loin d’ici, cabinets qui sont, en plus, pour beaucoup, déjà saturés. La Ville doit aller plus loin pour répondre à cette problématique. D’autres territoires voisins ont de meilleurs résultats avec moins de moyens », conclut Anne-Marie Saucaz-Laramé.

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