Agen : le malaise des commerçants face à l’insécurité croissante

L'insécurité grandissante à Agen inquiète les commerçants, qui dénoncent des atteintes répétées à leurs biens et un manque de moyens pour la police, débordée par le nombre d’affaires à traiter.

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Les statistiques récentes indiquent que près de 40 % de la délinquance du département se concentre sur Agen et Villeneuve-sur-Lot. Ce phénomène affecte particulièrement les commerçants de la ville-centre, qui sont de plus en plus nombreux à signaler des atteintes à leurs biens. En effet, 680 dossiers d’atteintes aux biens (cambriolages, incendies, etc.) ont été ouverts, avec un nombre d’enquêteurs limité : seulement 38 pour près de 4 000 affaires à traiter. Cela entraîne une surcharge de travail pour la police, et la résolution de ces affaires semble de plus en plus difficile. Une grande partie des commerçants présents lors de la réunion ont exprimé leur frustration face à la lenteur des enquêtes. Par exemple, un propriétaire de commerce cambriolé à plusieurs reprises a indiqué : « On est venus pour entendre que peut-être il y aurait plus de moyens, mais en fait, vous n’en avez pas. On aimerait entendre qu’on va voir du bleu dans les rues. » Les témoignages des commerçants présents illustrent bien l’inquiétude grandissante face à la situation. Par exemple, un commerçant du Kiosque place Armand Fallières, victime de trois cambriolages en deux mois, a confié : « Je ne me sens plus en sécurité place Fallières, je m’inquiète de l’avenir de cet emplacement. » Cette insécurité, combinée à un manque de résultats des enquêtes, a conduit ce commerçant à fermer son établissement après plusieurs attaques. D’autres commerçants déplorent des comportements violents et des actes d’agression. Un propriétaire de café a évoqué une expérience où « on pique la caisse, et on me dit « désolé, il n’y a pas d’agression ». » Ce même commerçant, inquiet pour la sécurité de ses employés, a ajouté : « Mes employés, ce sont toutes des filles, rien ne me dit que ça ne va pas aller plus loin. » Les problématiques de sécurité vont au-delà des cambriolages : plusieurs commerçants ont signalé la présence de points de deal qui prolifèrent, en particulier autour du boulevard de la République. Un commerçant a même précisé : « En plein point de deal, je peux vous dire que la barrette est à 8,50. Mon chiffre d’affaires est en chute libre, je n’en peux plus. » Ce climat d’insécurité a un impact direct sur l’activité économique des commerçants, qui voient leur clientèle fuir ces zones jugées dangereuses.

L’inquiétude des commerçants

Les commerçants ont exprimé leur désillusion, estimant qu’ils ne reçoivent pas l’attention nécessaire face à l’ampleur des problèmes. Un propriétaire de commerce a fait part de son désarroi : « On nous demande de patienter, mais nos clients prennent d’autres habitudes d’achat. » Un autre commerçant, inquiet pour sa sécurité et celle de ses employés, a souligné que la patience a ses limites : « Au bout d’un moment, on va appeler 15 bonhommes et on va les sortir. » Face à cette insécurité croissante, la question des moyens de sécurité et de prévention reste centrale. Les autorités locales, bien que conscientes de la situation, se trouvent confrontées à des obstacles, notamment au niveau judiciaire, pour trouver une solution effi cace et pérenne.

les syndicats policiers dénoncent le manque de moyen //

Face au déferlement d’atteintes aux biens et aux personnes, la population attend une réponse pénale ferme et rapide. Les principaux acteurs de ce processus sont les forces de l’ordre, la Police nationale pour Agen, et plus particulièrement les officiers de police judiciaire chargés de mener les investigations. Justement, ces derniers n’ont pas attendu les récents évènements pour alerter sur leurs conditions d’exercice. « Nous souffrons notamment d’un problème d’attractivité alors que ce métier était le graal il y a encore quelques années. Les instances ont tout fait pour valoriser la présence sur la voie publique en multipliant les incitations : primes en hausse, nombre de jours travaillés moins importants. C’est une bonne chose sauf que cela a dépeuplé les services d’enquête. Les dossiers ne sont pas pré-triés et les agents se retrouvent à devoir traiter des affaires où il n’y a même pas d’infraction pénale. La grand-mère qui se plaint que ses plantes ont grillé à cause du soleil, voilà le genre de cas qui arrivent parfois sur les bureaux. Les dossiers s’empilent avec des effectifs trop peu nombreux. Tout ça nous ralentit et nous rend moins efficaces lorsqu’il faut agir sur des situations très importantes comme les incendies de véhicules. Si on ne peut pas identifier et appréhender les auteurs rapidement, cela risque de se reproduire. On fait notre possible pour mettre du renfort, mais c’est forcément au détriment d’autre chose », détaille le délégué départemental du syndicat Unité SGP Alexandre Capes. Un rassemblement sera notamment organisé début avril pour pérenniser l’expérimentation de la semaine de 4 jours chez les enquêteurs, qui avait permis de susciter à nouveau l’envie de rejoindre ce service.

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