1966 : La naissance d’une passion

1966. Une année fondatrice pour le tennis de table, nationalement, comme « lot-et-garonnement parlant ». À l’heure où l’illustre « Maître » Jacques Secrétin rédigeait les premières lignes de sa légende en devenant champion de France pour la toute première fois, Marc David, lui, effectuait ses premières frappes dans la petite balle blanche. En effet, dans les années 60, le tennis de table est loin d’être l’un des sports les plus reconnus en France, mais il marque tout de même l’esprit du jeune Marc, tout juste 15 ans au compteur. Né en 1951 à Agen, Marc David passe son enfance à Nérac. C’est là qu’il fait ses premières armes dans le tennis de table, presque par héritage familial. « Mon père a créé le club de tennis de table de Nérac en 1966, raconte-t-il. J’ai grandi avec une table à la maison, et c’est comme ça que tout a commencé. »
Malgré une première expérience à l’Amicale Laïque de Nérac, Marc David jongle entre différents sports, notamment le rugby, où il excelle. « J’ai joué en première à Nérac, puis au Club Athlétique Villeneuvois (CAV). Mais entre le travail, la famille et les obligations sportives, ça devenait trop. » En abandonnant le rugby dans la vingtaine, il se retrouve sans activité sportive, ce qui le plonge dans une période difficile. « Ne plus avoir de sport dans ma vie m’a pesé et je pense avoir été en dépression. Ma vie se résumait à mon travail d’assureur, à ma vie de famille, mais j’avais besoin d’un échappatoire. C’est là qu’un ami, encore investi dans le tennis de table, m’a proposé de revenir jouer, cette fois au Ping Pong Club Villeneuve (PPCV) », se souvient-il. Un retour aux sources en 1978 qui va marquer un tournant décisif.
1979 : La présidence d’un club à rebâtir
En 1979, alors qu’il vient tout juste de retrouver le tennis de table, Marc David se voit proposer la présidence du PPCV, un club modeste à l’époque. « J’avais 28 ans, c’était jeune pour être président, mais le club était en Régionale 3, donc à une échelle encore gérable. On était une bande de copains et on voulait faire grandir le projet. » Avec peu de moyens mais beaucoup de volonté, il restructure le club en recrutant un premier éducateur salarié, une démarche inédite à l’époque. « On a embauché Vincent Garnier pour améliorer l’entraînement et attirer de nouveaux joueurs. Petit à petit, on a grimpé les échelons. »
L’ascension est progressive, mais régulière. De Régionale 3, le club grimpe jusqu’en Nationale 1. Puis, en 2004-2005, une première étape majeure est franchie : l’intégration à la Pro B, deuxième plus importante division française et alors toute nouvelle à l’époque. « C’était une aventure folle. On basculait dans du très, très haut niveau. Malheureusement, on est redescendus l’année suivante. » Mais loin de se laisser abattre, le PPCV rebondit, emménage dans son complexe flambant neuf à la Myre-Mory et poursuit son ascension, jusqu’à atteindre la Pro A en 2013.
2013 : Le PPCV parmi les géants

L’accession à la Pro A, c’est la concrétisation de plus de trois décennies de travail. « Villeneuve était une petite ville, mais on a su jouer intelligemment avec les contrats et les recrutements pour rivaliser avec de grosses agglomérations. On arrivait dans un championnat de géants dans lequel on était, sur le papier, des nains. Notre plus grande force était notre ingéniosité. » Sous la houlette de Marc David, le club mise sur de jeunes talents français comme Stéphane Ouaiche, qui devient champion de France en 2014 et 2016. « On voulait construire un projet durable, en formant des joueurs prometteurs plutôt que d’aller chercher des stars trop coûteuses. »
Le PPCV oscille entre la Pro A et la Pro B pendant plusieurs années. Mais la montée en puissance s’accompagne de nouvelles contraintes financières. « Le monde du tennis de table professionnel repose énormément sur l’argent. On a toujours fonctionné avec des moyens limités, mais à un moment donné, ça ne suffit plus », regrette son président. La lente mais irrémédiable chute du club villeneuvois s’amorce donc, après avoir figuré parmi les meilleurs clubs de l’Hexagone pendant plus de 20 ans…
2025-2026 : Fin d’une époque
Après avoir tenu le cap pendant plus de 40 ans, le PPCV est aujourd’hui à un tournant décisif. Le club va redescendre en Nationale 1 et abandonner le professionnalisme, faute de moyens. « Les subventions ont été divisées par deux, les dépenses explosent, et les banques ne nous suivent plus. On a tout essayé, mais ce n’est plus viable. » Marc David, lui, a décidé qu’il quitterait la présidence en juin 2026. « Après 47 ans, il est temps de passer à autre chose. J’aurais aimé trouver un successeur, mais personne ne veut s’engager. Les mentalités ont changé. » Malgré la déception de voir le club perdre son statut professionnel, il reste fier du chemin parcouru. « On a pris un club en régionale, on l’a mené en Pro A. On a vu des jeunes devenir champions de France sous nos couleurs. On a prouvé que le haut niveau pouvait exister à Villeneuve. Je suis tellement fier, parce qu’on a vécu par et pour le tennis de table à Villeneuve-sur-Lot. »
S’il ne sera plus président, Marc David ne tournera pas complètement le dos au PPCV. Le tennis de table lui colle à la peau et il est difficile pour lui de le cacher. « Je viendrai jouer en loisir. Ce club, c’est une partie de ma vie, je ne peux pas m’en détacher totalement. Mais le monde a changé, et il est temps pour moi de passer la main. » Fort de son engagement pour le club, Marc David a même récemment été honoré de la médaille d’or de la Jeunesse et des Sports, une décoration destinée à honorer les personnes qui se sont distinguées au service des associations sportives et du bénévolat. Assurément, ce dernier ne rangera pas la raquette au placard dans l’indifférence totale. Y aura-t-il un avant et un après Marc David au PPCV ? Certainement, mais seul l’avenir nous le confirmera.
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