C’est un projet qui faisait incontestablement partie des objectifs prioritaires pour le président de l’Agglomération Jean Dionis. Pourtant, les premières réflexions autour du barreau et du pont de Camélat datent des années 1990. C‘est suite à la venue récente du Premier ministre Jean Castex, suivie d’un courrier officiel confirmant l’engagement de l’Etat, que tout s’est accéléré. Lors d’une première visite de chantier organisée sur le site où les infrastructures prendront place, les élus ont pu constater que le rêve devenait vraiment réalité… Portée par l’Agglomération d’Agen (qui assure la maîtrise d’ouvrage), le Conseil départemental et l’État, la création d’un troisième pont franchissant la Garonne, ainsi que d’un « barreau » de trois kilomètres de long pour relier la RD119 rive gauche à la RN 1021 sur la rive droite, va rééquilibrer les flux et les trafics entre les deux rives. Cela permettra de désengorger le centre-ville qui se densifie, tandis que les deux ouvrages existants, Beauregard et Pont de pierre, sont régulièrement saturés, et le trafic de transit renvoyé vers Agen.
Coût global : 60 M€ dont 5 M€ pour la voie verte et 1,2 M€ pour la végétalisation
« Cette future infrastructure ne sera pas utile qu’aux Agenais, il sera bénéfique pour désenclaver le nord-est du département, entre le Villeneuvois et le Fumélois, ainsi que le sud-est du côté de l’Albret », appuie le président de l’Agglomération. C’est en effet la possibilité d’accéder plus rapidement à l’autoroute, aux zones économiques de la rive gauche en plus du parc de loisirs Walygator. Des équipements également utiles au développement économique du territoire, venant s’ajouter au nouvel échangeur autoroutier Agen Ouest de l’A62, à proximité du Technopole Agen Garonne, et de la future gare LGV qui est aussi sur les rails sur cette nouvelle zone économique. Les travaux ont officiellement commencé en avril dernier, avec trois mois dédiés à « dégager les emprises, dévier les réseaux de concessionnaires situés dans la zone du projet, et préparer les accès au chantier ». Puis début juillet, les choses sérieuses ont débuté.
18 mois de travaux pour le troisième pont
Dès l’arrivée sur la base de travaux, l’avancée est déjà impressionnante. « Une importante ligne à haute tension va devoir être déplacée, une opération délicate qui a un coût important, celui d’1,2 million d’euros, inscrit dans le budget global », explique Henri Tandonnet, premier vice-président de l’Agglo en charge de l’aménagement du territoire. Le tracé du barreau de Camélat est déjà visible sur la terre, tout comme une petite voie annexe, représentant les prémices de la future voie verte qui accueillera vélos et piétons pour circuler en toute sécurité d’un bout à l’autre de l’ouvrage, y compris sur le futur pont. L’objectif, assurer la liaison avec la voie verte du canal. « Ce sera incontestablement un coup d’accélérateur pour notre plan vélo. Si l’on compare avec l’existant, rien n’a été prévu pour la circulation douce, puisque lorsque les deux premiers ponts ont été construits, le problème environnemental n’existait pas. » Ce troisième, long de 240 mètres pour franchir le fleuve, nécessitera 18 mois pour son unique construction.
Un pont de 240 m pour franchir la Garonne et un pont de 120 m pour franchir le Canal
« Les travaux dans le lit se dérouleront entre le 1er août et la fin décembre, pour des raisons environnementales, afin de ne pas déranger les poissons migrateurs. D’ici là, les fondations des piles (appuis intermédiaires supportant le tablier de l’ouvrage, ndlr) seront faites », détaille Denis Audouard, chef de missions infrastructures à l’Agglomération d’Agen. Avec un budget total de 60 millions d’euros, porté par les trois parties prenantes, il faut signaler que l’Agglo est en première ligne, chose inhabituelle sur des aménagements routiers. Si l’Etat participe à hauteur de 18 millions d’euros, et le Département pour 13,7 millions, l’intercommunalité prend à sa charge la majeure partie, soit un peu plus de 18 millions d’euros. « Le grand absent reste la Région », regrette Jean Dionis. La dernière signature aura lieu le 21 juillet avec la Banque européenne d’investissement pour « un emprunt très souple à hauteur de 30 millions d’euros sur 40 ans qui colle à ce projet complexe », date à laquelle les feux seront définitivement au vert. Rendez-vous fin 2023 pour y voir circuler les premiers véhicules.
13 000 à 15 000 véhicules attendus quotidiennement sur la nouvelle infrastructure
« Être en cohérence avec l’ensemble des infrastructures »
Avec une vision à long terme, l’intercommunalité est déjà « dans le coup d’après », et tient à anticiper dès à présent deux points importants. Le premier, sera d’être en cohérence avec GPSO (Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest dans lequel est intégré la LGV Bordeaux-Toulouse). « Agen a choisi il y a une dizaine d’années une organisation à deux gares (la seconde, pour accueillir le passage de la LGV, sera installée à Brax, à proximité du Technopole Agen Garonne, ndlr), il faut maintenant organiser la circulation entre celles-ci », affirme Jean Dionis. Pour cela, un pont ferroviaire sera construit, tout près de celui de Camélat, pour assurer la liaison avec la gare du centre-ville. Un lien également à construire avec la deuxième sortie autoroutière bientôt inaugurée sur Agen Ouest. Le second point, et non des moindres, concerne le statut pour le pont et le barreau de Camélat. « Pour l’instant, de manière administrative, le pont et le barreau sont sur le domaine communautaire. Nous allons plaider pour que l’État reprenne ces infrastructures ainsi que la rocade d’Estillac dans le domaine national. En contrepartie, l’Agglomération souhaite récupérer dans ses compétences la voie sur berge et l’avenue Tissidre avec le pont de Beauregard, en lien avec l’accès à Garonne. Les négociations sont entamées et ne font que commencer… Mais c’est la meilleure affaire qu’ils puissent faire ! » assure le président de l’Agglomération d’Agen.
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