C ’est une situation compliquée à laquelle fait face le Pôle de Santé du Villeneuvois (PSV) depuis plusieurs mois. L’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) médicamenteuse n’est plus permis depuis le printemps dernier et le départ de la seule sage-femme réalisant l’acte au sein de l’hôpital. « Nous sommes effectivement en difficulté par rapport à l’effectif médical », concède Bruno Chauvin, directeur du PSV avant de donner quelques clés de compréhension. « Les deux gynécologues titulaires se retrouvent à bout de souffle et ne veulent pas prendre une activité prise en charge jusque-là par une sage-femme qui s’est installée en ville. Il s’avère que le départ de cette professionnelle a été un peu conflictuel et que nos médecins n’ont pas souhaité conventionner avec elle afin de lui permettre de continuer à pratiquer des IVG médicamenteuses. Il n’y a aucune question de clause de conscience derrière tout cela, ou alors je ne suis pas au courant. C’est une histoire de prise en charge où la gestion médicale, les accouchements et la chirurgie sont priorisés par nos gynécologues-obstétriciens. » Dans les faits, les IVG chirurgicales restent pratiquées par les deux médecins mais cela ne représente que 10% des avortements pratiqués en 2021 sur le PSV.
Les patientes orientées vers Agen et Fumel
« Evidemment, toutes les femmes qui ont besoin de soins, seront prises en charge par notre établissement. L’IVG est un droit auquel on ne peut pas se soustraire. Il faut rappeler que l’intervention chirurgicale est faite en urgence, jusqu’à 14 semaines de grossesse alors que l’IVG médicamenteuse se pratique jusqu’à 7 semaines. Dans ce cas, nous orientons les patientes vers une sage-femme du Fumélois ou vers Agen. » Une solution provisoire avant que le PSV ne puisse à nouveau pratiquer l’acte. « Nous avons une équipe d’une quinzaine de sages-femmes. Nous sommes en train de voir comment l’une d’elles peut se former à cette spécialité, sachant que ce n’est pas forcément ce qu’elles préfèrent car leur vocation première c’est donner la vie, donc ce qu’on leur demande est un peu antinomique. Il faut savoir qu’une IVG médicamenteuse, ce n’est pas seulement donner une pilule. Il y a des prescriptions particulières, il faut surveiller, pratiquer des échographies de contrôle, sans oublier un apprentissage sur la datation. Il y a toute une formation à suivre et cela ne peut pas se faire en un soir, en visio. »
Le planning familial dénonce une « précarisation »
A l’occasion de la Journée mondiale du droit à l’avortement, le 28 septembre dernier, la Maison des Femmes, l’association La Mèche mais aussi le Planning familial ont alerté sur ce manque au sein du PSV. « Nous avons des personnes qui nous sollicitent pour être orientées dans le cadre de leur IVG, nous confirme Mathilde Autret, conseillère conjugale et familiale au Planning familial 47. On parvient à les diriger vers Agen ou Marmande, selon leur localisation et avec des délais acceptables. Il n’y a pas plus d’une semaine avant d’obtenir un rendez-vous. Cette précarisation du droit à l’avortement à Villeneuve-sur-Lot est regrettable et ça pose question de savoir qu’un service primordial qui existait, n’est plus assuré. Il est toujours aussi important de rappeler que les femmes ont le droit fondamental de choisir ce qu’elles souhaitent faire de leur grossesse. »
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