Le Lot-et-Garonne n’est pas particulièrement riche en créateurs de contenu sur internet pour qu’on prenne le temps de s’intéresser à ceux qui réussissent. C’est notamment le cas de Nicolas Labanhie, un maçon installé à Nérac et qui compte plus de 100 000 abonnés sur sa chaîne Youtube. Si l’artisan peut désormais vivre de ses chantiers mais aussi des revenus liés à ses vidéos et aux partenariats qui en découlent, rien n’a été calculé. C’est de manière tout à fait rationnelle que Nicolas a partagé son activité en ligne. Pour mieux comprendre sa démarche, il faut aussi s’intéresser à son parcours. « J’ai d’abord fait des études en paysage mais ce n’était pas du tout ma vocation, précise-t-il. Je me suis très vite découvert une passion pour le bricolage et un peu par hasard, je suis tombé sur un artisan maçon qui cherchait un simple manœuvre. J’ai pratiqué de la maçonnerie traditionnelle et j’ai tout de suite apprécié car avec des tas de pierres, on parvient à construire des maisons. » Après avoir obtenu un CAP, le jeune artisan enchaîne les expériences, également en maçonnerie générale. « Cet univers du neuf où tout est fait de béton, j’ai su que ce n’était pas ce que je voulais faire à la fi n de ma carrière. J’ai quand même continué en intérim car j’avais besoin d’argent. Cela m’a permis de découvrir des techniques différentes. » Au bout d’un moment, l’appel de la maçonnerie traditionnelle se fait trop pressant et Nicolas se décide à lancer son entreprise individuelle dans le domaine. Nous sommes alors en 2012. « Encore aujourd’hui, j’exerce avec Loïc Julienne, un artisan qui fait exactement la même chose que moi. Très vite, on s’est rendu compte que la plus grosse difficulté, c’était de se faire sa clientèle. La confiance et le bouche à oreille, ça prend du temps. Je me suis alors rendu compte que Facebook était le moyen le plus facile et gratuit pour faire savoir ce qu’on fait et qui on est. J’avais d’abord créé une page au nom de mon entreprise puis en 2014, quand je me suis associé avec Loïc, je l’ai renommée « Maçons du 47 » car nous réalisons notre travail systématiquement en binôme. »
« Je me suis pris à mon propre jeu »
Au départ, les artisans utilisent le réseau social uniquement à des fins de communication. « On présentait l’ensemble de notre activité pour que les gens aient un catalogue de toutes nos réalisations. » Sauf qu’au bout d’un moment, les photos des chantiers réalisés par les garçons ne suffisaient plus aux suiveurs de la page. « Des gens me posaient beaucoup de questions techniques. J’ai alors découvert une plateforme qui était inexploitée par les artisans pour publier des vidéos, à savoir Youtube. Encore une fois, je l’ai utilisé uniquement comme un outil de travail dans un premier temps. » Alors que sa communauté grandit peu à peu, Nicolas Labanhie prend aussi goût au fait de partager des vidéos. « Je me suis retrouvé pris dans mon propre jeu. C’était chouette car ça laissait une trace de ce que je fais. Je me suis aussi plu à faire des montages de plus en plus sophistiqués ou à m’exprimer devant la caméra alors que c’est loin d’être ma nature. » Très vite, la chaîne a pu prendre de l’ampleur. Si les artisans sont désormais nombreux sur les réseaux sociaux comme Youtube, Instagram ou TikTok, Nicolas fait véritablement partie des précurseurs. « J’ai eu beaucoup de chance car je suis arrivé au moment où aucun artisan ne s’intéressait aux vidéos. J’étais sur une niche donc ça a boosté la taille de la communauté et je dois admettre que ça a été extrêmement grisant de voir cette croissance. »
100 000 abonnés et un trophée
Il faut dire que ce succès ne doit rien au hasard car Nicolas peaufine ses vidéos avec autant de cœur qu’il rénove une vieille bâtisse. C’est également le cas quand il cède au chant des sirènes de faire des partenariats avec des marques pour présenter leurs produits. S’il admet avoir fait des erreurs au début à ce sujet, il ne se permettra pas de présenter un produit dont il douterait de la qualité et ce même s’il y a un beau chèque en jeu. « J’avais longtemps résisté à ce côté-là et pendant longtemps, ma chaîne ne m’a rien rapporté. C’était un choix pour ne pas être influencé. Au bout d’un moment, je me suis quand même rendu compte que je voulais progresser et explorer des nouvelles facettes du bâtiment donc j’ai mis le doigt dans l’engrenage des partenariats. » Ces revenus qui s’ajoutent à ceux générés par les vues sur sa chaîne lui permettent d’embaucher ponctuellement deux personnes qui l’aident à continuer à grandir. Cette année, Nicolas Labanhie a d’ailleurs dépassé la barre très symbolique des 100 000 abonnés sur Youtube qui lui a permis de recevoir un trophée convoité. « L’objet n’était pas une fi n en soi. Ce sont plutôt ma femme et mes enfants qui m’ont encouragé à faire la demande pour le recevoir. C’est le fait de voir ma communauté continuer de grandir qui me plait réellement. » Nicolas Labanhie n’en reste pas moins humble et n’oublie pas la vocation première de ses vidéos. « Je ne veux pas qu’on fasse de moi le représentant du savoir-faire français. Cela me met plus de pression qu’aux autres car on me demande de faire de l’excellence mais ce n’est pas du tout le but de ma démarche. Je reste un maçon de campagne, j’ai juste un CAP. Au contraire, de plus en plus d’artisans se mettent à créer du contenu et je trouve cela super car chacun a son identité et sa manière de travailler. » Dans un monde où la communication est devenue primordiale, l’entrepreneur a, enfi n, quelques conseils à donner aux artisans qui voudraient s’implanter sur les réseaux sociaux. « A l’heure actuelle, je conseille de présenter son travail via Instagram ou TikTok. Un simple téléphone portable suffi ra, il n’y aura pas besoin de faire de montage et la visibilité est optimale. » Et si c’était cela, l’artisanat de demain ?
Renseignements //
Facebook, Youtube et
Instagram : Maçons du 47
www.maconsdu47.fr
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