A Villeneuve-sur-Lot, le Pôle de Santé du Villeneuvois (PSV) illustre parfaitement la métaphore du serpent qui se mord la queue. Récemment auréolé d’une récompense certifiant la qualité de ses soins, et après avoir enfin vu la lumière au bout du tunnel aux termes de onze mois d’inaccessibilité à l’IVG en son sein, l’établissement connaît des soucis sur un autre service. En effet, la section maternité est dans la tourmente quant à son avenir. En cause, la loi Rist, qui prendra effet le 3 avril prochain, prévoit le plafonnement à 950 € par jour de la rémunération des médecins intérimaires entrera en vigueur. Une annonce qui engendre de la colère auprès des médecins intérimaires exerçants à l’hôpital d’Agen. Ces derniers menacent de ne plus intervenir sur le site pour de tels tarifs.
Le transfert de deux praticiens
Cependant, l’ARS (Agence Régionale de Santé), pour contrer cette problématique, envisage de piocher dans les praticiens du PSV, pour en récupérer deux et combler les manques à Agen, qui concentre la majorité des besoins dans le département. Un plan qui pourrait grandement affaiblir le service villeneuvois, l’obligeant, de ce fait, à fermer. « Cette décision, qui déshabillerait Pierre pour habiller Paul, serait inacceptable à tous points de vue. Le Pôle de Santé de la Vallée du Lot couvre un bassin de 100 000 habitants, dont la moitié est domiciliée à près d’une heure de route », précise le maire de Villeneuve-sur-Lot Guillaume Lepers, dans un courrier adressé ce jour aux maires du département, aux cinq parlementaires du Lot-et-Garonne, à l’association des maires de France et à la présidente du Conseil départemental 47. Comme pour l’interruption volontaire de grossesse pendant près d’un an, les personnes dans le besoin seraient dans ce cas redirigées vers le centre hospitalier d’Agen, à défaut de pouvoir trouver bonheur à Villeneuve-sur-Lot. « Le suivi des jeunes enfants et des nourrissons est lui aussi menacé par la fermeture envisagée du pôle mère-enfant. C’est une ligne rouge infranchissable. Si on sonne le début de la fin du PSV, comment on fait pour attirer des gens sur nos agglomérations », ajoute le premier édile.
La marche citoyenne engagée
Et justement, Guillaume Lepers a rencontré jeudi dernier le conseil de surveillance du PSV, puis l’ARS en compagnie de médecins d’Agen et de Villeneuve-sur-Lot le vendredi 24 mars. Précisant que les dernières réunions ont démontré « une tendance au recul du scénario d’une fermeture pour le mois d’avril », l’incapacité des autorités compétentes à garantir que cette fermeture n’interviendra pas non plus dans les mois à venir inquiète. « Le dispositif envisagé aujourd’hui serait celui d’une réévaluation de la situation mois par mois.
Comment expliquer aux futures mamans que nous ne sommes pas capables de leur dire si elles
pourront accoucher à Villeneuve dans deux mois ? Et que dire aux personnels du pôle Femme/Enfant,
qui devraient attendre chaque mois de savoir si leur poste existera encore le mois suivant ? Une telle
navigation à vue est inacceptable. » En somme, le maire et président de l’Agglomération du Grand Villeneuvois souhaiterait qu’une solution ailleurs dans la région soit étudiée. « Je refuse aussi que la solidarité territoriale ne s’applique qu’à l’intérieur des frontières du Lot-et-Garonne, alors même que des disparités importantes existent avec d’autres territoires de Nouvelle-Aquitaine mieux dotés. Je suis pleinement aux côtés de la délégation lot-et-garonnaise de l’ARS pour demander à l’instance régionale de jouer pleinement son rôle inter-départemental. » La municipalité a donc officiellement mobilisé ses citoyens lors d’une marche, le samedi 25 mars, pour la défense de sa maternité. Près de 300 habitants et élus se sont ainsi réunis. A noter toutefois l’absence des députés du Lot-et-Garonne. De plus, un préavis de grève à été déposé par l’intersyndicale pour le mardi 28 mars. Si le dénouement n’est pas encore acté, il faudra encore attendre quelques jours ou semaines pour connaître le sort du PSV.
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