Jérôme Cahuzac de retour en Lot-et-Garonne : « Naturellement, je reviendrai toujours »

Hier, l'ancien ministre du Budget est reparti à la rencontre des citoyens lot-et-garonnais. Que ce soit en déambulant dans les marchés ou en menant une réunion publique, Jérôme Cahuzac a fait un retour remarqué sur le territoire dont il a longtemps été l'un des porte-paroles.

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Cela fait maintenant plus d’un mois que Jérôme Cahuzac a effectué son retour public en Lot-et-Garonne à l’occasion d’une réunion de lancement d’une association qui porte bien son nom : « Les amis de Jérôme Cahuzac ». Un événement privé dans la salle du Palay de Pujols, où 400 fidèles de la première heure étaient invités. Le lendemain matin, l’ancien ministre du Budget et député-maire de Villeneuve-sur-Lot, à la surprise des locaux, s’offrait une ballade qui avait tout l’air d’une déambulation politique au cœur du marché de Villeneuve, place Lafayette.

Après avoir laissé planer ces deux actualités dans l’atmosphère politique locale pendant plusieurs semaines (peut-être pour en observer la tendance et les réactions), Jérôme Cahuzac repartait hier à la rencontre de son territoire. Et cette fois-ci, on ne parlait pas seulement de la ville qui l’a installé sur un fauteuil de maire en 2001, mais bien de la circonscription pour laquelle il était le député de 2007 à 2012, au cœur de la Vallée du Lot. En effet, après être passé au micro de Radio 4 à Villeréal en début de matinée, l’homme de 71 ans s’est rendu sur le marché de Monsempron-Libos, dans le Fumélois donc. Suscitant l’étonnement des passants, Jérome Cahuzac ne manque pas générer des réactions diverses auprès de ceux qui furent un temps les citoyens pour lesquels il était un représentant. Si certains voient ce retour comme un acte osé, nombreux sont ceux qui, sur place, viennent à sa rencontre, le remerciant même. Une première étape plutôt bien menée pour l’ancien politicien pendant plus d’une heure.

Un brin de philosophie

Et c’est dans cette même commune de Monsempron-Libos qu’il a mené hier soir sa deuxième réunion, ouverte au public cette fois-ci. Près de 200 personnes, amis, fidèles électeurs et certainement quelques curieux, se sont amassés dans la salle de La Pergola où les dires de Jérôme Cahuzac étaient très attendus. Allait-il annoncer un retour officiel dans la course politique ? Ce n’en fut pas le cas, du moins, à nouveau, pas explicitement.

Au contraire, ce dernier laisse entendre que l’explication de ce retour est motivée par son « amour pour le territoire. C’était un besoin, car, à Villeneuve comme dans la circonscription, j’ai laissé beaucoup de ma personne. Beaucoup d’amis me sont restés fidèles. Je ne viens pas ici pour retrouver un chemin de rédemption, mais par amour pour un territoire », argumente-t-il. En amont de son discours du soir, Jérôme Cahuzac désirait même faire un petit point sur la notion de morale. « Cette morale, certains voudraient me l’interdire, car on a jugé indécent que je revienne sur le territoire. Je ne veux pas relativiser ce que j’ai fait (condamné en 2018 pour fraude fiscale), mais si certains estiment qu’ils n’ont jamais été irréprochables, je les envie », déclare-t-il, profitant au passage pour envoyer une pique au maire de Fumel Jean-Louis Costes, ce dernier étant la fameuse personne à avoir parlé d’indécence vis-à-vis de celui qui était son adversaire politique dans un passé pas si lointain. « Je trouve pitoyable cette fascination des élus du territoire, et notamment ceux de gauche, pour un individu qui représente tout ce qu’ils sont censés détester et combattre », a affirmé l’édile. Jérôme Cahuzac n’a visiblement que mal dirigé cette déclaration rappelant même un peu plus tôt dans la journée, « qu’il avait toujours battu Jean-Louis Costes lors d’une élection ». Un commentaire peut-être mesquin, mais aussi perçu comme étant de bonne guerre pour certains dans l’assemblée à Monsemprom-Libos.

L’état de la politique local

Après cela, qu’avons-nous vu et entendu durant ces deux heures de réunion ? La réponse est une grande session d’analyse de la politique actuelle par l’ancien député, s’exprimant tour à tour sur l’aspect local, national, européen et même mondial. S’il a tenu à féliciter les élus locaux pour certains projets, (Transbordeur fumélois, poursuite du désenclavement du territoire villeneuvois), il a toutefois relevé des problématiques qui persistent en 47 : « Aujourd’hui, je vois que les problèmes sur la culture de la prune et de la noisette sont les mêmes qu’à mon époque, que les agriculteurs ont toujours plus de difficultés et je ne suis pas sûr que l’on fasse tout ce qu’il faut ici pour la démographie médicale, alors que la population vieillit, énumère-t-il. Il est nécessaire d’avoir une mobilisation plus importante à tous les échelons dans le département. »

Etonnement, nous n’aurons pas eu de commentaire sur la municipalité villeneuvoise, Cahuzac préfère « laisser les élus travailler jusqu’à la fin de leur mandat avant de faire des commentaires ». S’ensuit un long discours sur l’état de la gauche en France. Une gauche qu’il « ne reconnaît plus », ne manquant d’adresser un certain nombre de critiques à l’égard de ses représentants, notamment Jean-Luc Mélenchon. La réunion s’est conclue par une séance de question-réponse. Si des interrogés lui prêtent déjà des allures d’homme politique en campagne, lui préfère calmer le jeu : « Prétendre dire que je suis actuellement en campagne électorale n’a aucun sens tant qu’il n’y a pas d’élections en approche. »

Il reviendra

Bien qu’il prétend revenir sur ces terres pour « renouer avec une partie de sa vie et ne pas en rester amputé », il reste difficile à croire que cette succession de déambulations et réunions publique n’a d’intérêt que les retrouvailles entre amis. Cahuzac est de retour en ville et son association continuera de revenir en réunion publique dans le futur. Ce vendredi matin, l’ancien ministre continuait même son parcours dans la circonscription en se présentant cette fois-ci sur le marché de Sainte-Livrade-sur-Lot. Une nouvelle étape donc pour baliser le territoire et prendre la température des citoyens à son égard. Nous ne vivons certainement que le début du retour de Cahuzac.

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