Le pont de Camélat a été fraichement inauguré samedi 4 mai et est désormais aux mains des conducteurs lot-et-garonnais. Un projet d’ampleur qui vient terminer la troisième phase des nouvelles grandes infrastructures de l’Agglomération d’Agen, après l’amorce de la rocade ouest et des aménagements connectés en phase 1, puis l’ouverture de l’échangeur de Brax en phase 2. Dorénavant, place à la phase 4, celle qui prévoit la sortie de terre de la gare de Sainte-Colombe-en-Brulhois et du projet « GPSO SNCF Réseaux » qui va démarrer. En effet, si l’on suit le calendrier annoncé par SNCF Réseaux et GPSO, le projet semble bien suivre son cours avec un démarrage courant de l’année grâce au lancement des enquêtes publiques et environnementales avant le début des travaux.
La nouvelle ligne LGV promet de relier Agen à Bordeaux et Toulouse en moins de 30 minutes, contre 1h10 actuellement. Paris ne sera plus qu’à 2h45 de l’agglomération contre 3h15 actuellement. Ces gains de temps accélèreront le développement économique de l’Agglomération mais plus largement bénéficieront à tout le département. La nouvelle gare LGV, dont le coût avoisine 100 millions d’€, sera construite à proximité immédiate du Technopole Agen Garonne et de l’Agropole. Une gare LGV, bien intégrée dans le maillage des déplacements, doit être un atout majeur pour un territoire. L’Agglomération a donc anticipé la liaison entre la gare LGV et la gare d’Agen centre en ayant par exemple adapté le projet du pont de Camélat pour laisser de l’espace à la création d’un pont ferroviaire sur la Garonne, juste à côté de ce dernier.
Ce projet de création d’une ligne nouvelle de 200 km environ concerne directement le territoire agenais, et notamment une dizaine de communes de l’Agglomération d’Agen qui seront traversées par ce nouveau réseau et verront également l’implantation d’une gare nouvelle LGV sur la commune de Brax. « Nous avons fait un bon travail de préparation, rappellait alors Henri Tandonnet, vice-président délégué à l’aménagement du territoire. Cette future gare s’inscrit dans un schéma de développement économique en lien avec la Technopole, le barreau de Camélat et l’échangeur autoroutier Agen-Ouest. Nous avons huit ans devant nous pour la rendre la plus accessible possible, moderne et conviviale avec un maximum de services à disposition des voyageurs. Nous devons avoir la clientèle la plus large possible grâce à une gare connectée. C’est ce qui nous permettra d’avoir le plus d’arrêts. »
Un projet à 14 milliards d’euros
Au total, l’Agglomération d’Agen va débourser, près les 60M du projet de Camélat, la bagatelle somme de 18M d’euros. Une participation minorée par les terrains de l’Agglo où la future gare pose son emprise sur environ 60 ha et dont les versements ont commencé en juillet 2023, sur un total de 14 milliards répartis entre l’État, l’Union Européenne et les différentes collectivités impliquées dans le projet GPSO.
Seul le Département de Lot-et-Garonne a choisi de ne pas participer au financement du projet qui ne cautionnait pas la « double peine » infligée aux contribuables via une taxe additionnelle à hauteur de 34% sur la taxe de séjour pour participer au financement de la LGV. Une taxe qui concerne quelques 200 communes du département et prévue pour rapporter 29,5 M€. Début 2023, le montant de cet impôt était estimé entre 4 et 8€ par foyer ou par entreprise chaque année et ce, pendant quarante années. « Cet impôt LGV faisait partie du plan de financement depuis l’origine et s’appliquera de la même manière à tous les territoires concernés par le dossier GPSO, qu’ils aient décidé de participer ou pas au financement de la Ligne à Grande Vitesse », précisait Sophie Borderie lors de l’annonce du refus du Département. Une taxe qu’elle qualifiait de « scandaleuse et injuste », mais qui figurait déjà dans le dossier de bouclage financier du projet GPSO (Grand projet du Sud-Ouest). Une taxe qui a d’ailleurs récemment refait parler d’elle avec des panneaux ayant fleurit un peu partout sur le territoire pour dénoncer cet impôt supplémentaire (voir notre encadré).
Contre la LGV, la lutte continue… et se fête
Depuis la matinée du 4 mai dernier, les habitants des communes assujetties à la Taxe Spéciale d’Equipement peuvent voir à l’entrée de leur bourg cette menace : « Ici on paiera la LGV pendant 40 ans ! », affichée sur des panneaux. C’est le résultat de l’action menée par les collectifs membres de LGV Non Merci, dont fait partie Stop LGV 47, qui s’opposent au Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest. Depuis bien des années maintenant, ces entités se font remarquer pour faire entendre leur mécontentement et espèrent encore aujourd’hui que machine arrière est possible quant il s’agit du projet. « En outre, cette taxe est prévue pour 40 ans, mais la durée et le montant sont susceptibles d’être majorés en cas de surcoûts. Ceci est symptomatique d’une situation désastreuse où des communes s’endettent pour financer un projet qui ne leur est d’aucun intérêt, tandis que les moyens manquent de toute part pour financer le service et le réseau existant », déplore Stop LGV 47. De ce fait, les collectifs défendent la modernisation des lignes existantes et l’amélioration du service des trains quotidiens, passant notamment par la réduction de leurs tarifs.
Et s’ils multiplient les actions de la sorte, c’est parce que, localement, ces derniers ont « le sentiment que les Lot-et-Garonnais sont peu informés des enjeux de cette LGV et de ce qui va leur en coûter. »
Ainsi, cette pose de panneaux n’était qu’une étape pour faire parler de la lutte anti-LGV. Car les collectifs ont trouvé un moyen plus ludique et moins strict de faire entendre leur voix : un événement festif. En effet, les collectifs invitent toutes celles et ceux qui s’interrogent sur le bien-fondé de ce projet à la « Sarabande » des 25 et 26 mai, sur le tracé de la LGV Bordeaux-Toulouse dans les environs de Casteljaloux et Vianne. La Sarabande se veut être un évènement destiné à faire connaître dénoncer et agir contre la menace que représente pour les territoires le « Grand Projet Ferroviaire du Sud-Ouest ». Les participants y trouveront de nombreuses informations sur les conséquences de ce projet, et un cortège festif entraînera des convois vélo, auto ou tracteurs sur le tracé prévu pour la LGV Bordeaux-Toulouse. D’autres animations, des stands d’information, des prises de parole des collectifs et des élus, des débats et une promenade naturaliste seront notamment au programme. En clair, une occasion en plus de « mettre en lumières ce projet dans les petites communes qui seront impactées en 47 ».
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