La municipalité Dionis donne son cap //

Agen 2032, c’est une grande consultation des citoyens agenais pour engager une réflexion collective sur les grands défis à venir, du climat à la LGV, en passant par l’intelligence artificielle, « pour imaginer les futurs possibles de la ville sans prétendre les prédire. » Mercredi dernier, la salle était pleine aux Montreurs d’Images pour la présentation du fameux rapport. L’exercice, voulu participatif, a donc mobilisé habitants, élus et experts depuis plusieurs mois. Mais si l’ambition affichée est collective, difficile de ne pas y voir aussi une répétition générale pour l’échéance électorale à venir. Jean Dionis, maire d’Agen, n’a pas encore officialisé sa candidature. Pourtant, il n’a pas caché son adhésion à la synthèse du rapport, soulignant « une énergie citoyenne qui montre une ville prête à relever les défis ». Une façon habile de s’inscrire dans la continuité.
Soigner d’abord, sécuriser ensuite

Deux préoccupations dominent les contributions des habitants : la santé et la sécurité. L’absence de médecins traitants, la difficulté d’accès aux soins et le vieillissement de la population dressent un tableau préoccupant. L’équipe municipale promet de s’attaquer à ces manques en renforçant l’attractivité médicale, mais reconnaît que le chantier est vaste. Côté sécurité, les récents événements (incendies et tensions urbaines) ont laissé des traces. « Ce n’est pas une question de ressenti, mais de quotidien », a reconnu la première adjointe Clémence Brandolin-Robert. Pour répondre, la mairie envisage un maillage plus visible sur le terrain : plus de présence à pied, surveillance des parcs et dispositifs d’alerte renforcés.
La LGV en ligne de mire
Parmi les propositions concrètes, certaines ont retenu l’attention : végétalisation de la place de la Cathédrale, réaménagements pour favoriser les déplacements doux, ou encore extension du stationnement en gare. Le tout accompagné d’une volonté de redéfinir les conseils de quartier pour y inclure davantage de jeunes. « On sent une demande de proximité, de cadre de vie amélioré, de quartiers qui respirent », s’accordaient ensemble les membres de l’équipe municipale. Aussi, l’arrivée annoncée de la ligne à grande vitesse alimente les espoirs… et les débats. Si la future gare de Brax est vue comme une opportunité de rayonnement, certains s’interrogent sur son accessibilité et son utilité réelle. L’idée d’un « mini-RER » local reliant les deux gares en six minutes est sur la table, pour accompagner une éventuelle montée en puissance démographique.
L’opposition de gauche accuse un bilan en berne //

Officiellement, Agen 2032 se présente comme une démarche tournée vers l’avenir. Mais pour les élus de la Gauche unie, ce rapport de 63 pages sonne davantage comme un “aveu collectif des échecs du présent”. Dès sa publication, le groupe d’opposition a choisi de s’en emparer, pointant les limites d’un exercice jugé trop politisé à un an des élections municipales. « On nous parle de prospective, mais on y lit surtout un inventaire froid des carences de la majorité depuis quinze ans », résume le chef de file Laurent Bruneau, dans une vidéo diffusée en ligne.
Une lecture sévère du bilan municipal
Ce que les élus d’opposition retiennent du rapport, ce ne sont pas les promesses d’un futur désirable, mais bien l’image d’une ville en difficulté. Manque de médecins, dégradation de l’espace public, défiance croissante envers les institutions locales : pour eux, le constat est sans appel. « Le document ne manque pas d’ambition. Ce qui lui fait défaut, c’est d’assumer les responsabilités de la situation actuelle », jugent-ils. L’un des indicateurs les plus commentés est celui de la satisfaction des habitants, en net recul par rapport à l’enquête de 2018. Pour l’opposition, cela traduit « un désamour profond, symptomatique d’une gouvernance verticale et déconnectée ».
Des attentes citoyennes détournées ?
Autre sujet de discorde : les conclusions tirées à partir des contributions citoyennes. La Gauche unie affirme avoir mené, elle aussi, une consultation auprès des habitants, à moindre coût (à l’inverse des 93 000 € nécessaires à la réalisation du rapport Agen 2032). Et le résultat, selon eux, raconte une autre histoire : celle d’une ville plus solidaire, plus abordable, plus verte. « Les priorités qui émergent dans le rapport ne sont pas nouvelles. Elles confirment surtout que les réponses tardent depuis trop longtemps. »
Des attentes fortes en matière de culture, de logement, de mobilités douces ou de lien intergénérationnel sont ainsi mises en avant par l’opposition, qui y voit les bases de son propre programme pour 2026. Enfin, les trois pistes proposées dans le rapport : sobriété écologique, dynamisme économique ou expansion résidentielle sont jugées hors-sol. Le premier serait “anxiogène”, le second “élitiste”, et le troisième “reculé et sans ambition collective”. Pour Laurent Bruneau, ces visions sont surtout “déconnectées du terrain” : « On attend des choix clairs, pas des cartes postales prospectives. » La séance du conseil municipal du 23 juin, qui débattra du rapport, promet d’être tendue. Pour l’instant, la bataille se joue moins sur l’avenir qu’autour d’un passé encore très présent dans les esprits.
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