
Tout beau, tout neuf, si l’on excepte les touches de finition ici et là, le boulevard Georges-Leygues nouvelle version dévoile enfin son vrai visage. Une place réduite pour les voitures au profit des piétons et des mobilités douces avec davantage de verdure… C’est ainsi que l’a voulu Guillaume Lepers en accédant au fauteuil de maire en 2020. Ces « ramblas », comme certains commentateurs l’ont dit et écrit, étaient le projet phare de cette mandature. Près de 5 M€ ont été mis au budget pour transformer cette « vitrine du centre-ville » et l’inscrire dans une époque nouvelle. Si l’ensemble des Villeneuvois sont concernés, les restaurateurs qui y mènent leurs affaires tout au long de l’année le sont peut- être encore un petit peu plus. La rédaction de Quidam l’Actu est allée à leur rencontre pour avoir leur avis sur ce nouvel « outil de travail ».
L’ESTHÉTIQUE //

S’il est un point qui ne fait pas vraiment débat, c’est bien le rendu final de ce boulevard version 2025. « Les travaux se terminent sur quelque chose de sincèrement joli », admet Jean-Pierre Carrère. Installé depuis un an à la tête de la Table du 7, il n’a pas été présent lors des réunions de concertation. Il connaît néanmoins très bien le boulevard pour y avoir officié de très nombreuses années. À quelques mètres de là, (Thé) chez Joël, ce sentiment positif est partagé. Leur voisin Pierre Talbot va encore un peu plus loin. « Je dois l’avouer, il y avait quelques inquiétudes au départ mais c’est une réussite, note le gérant du Petit Paris. C’est beau, aéré et ça ne manque plus de fl oral comme précédemment. Il y a un esprit de vacances qui se dégage, un peu comme si on était en bord de mer. » De l’autre côté de la route, sur l’allée nord, Jérôme Aomar, du Phileas Fogg, constate avec beaucoup de franchise l’amélioration considérable de son espace extérieur : « J’avais une terrasse pourrie, elle est nettement plus jolie. » Sur cet aspect, le chantier n’est pas loin de faire l’unanimité.
LA QUESTION DU STATIONNEMENT //
La municipalité n’a pris personne en traître, dès les premières esquisses du projet, il était question de supprimer un nombre substantiel de places de parking en épi. Et il est tout sauf surprenant de voir les commerçants regretter cette orientation stratégique. « La difficulté pour se garer est l’argument qui revient le plus souvent de la part de nos clients », relate Pierre Talbot. Selon lui, cela affecte plusieurs types de clients : ceux qui viennent en coup de vent pour prendre un café, les actifs qui n’ont qu’une heure pour déjeuner le midi et qui « ne tourneront pas pendant 20 minutes » et la clientèle du soir. « La petite délinquance du quartier, même si elle n’est pas bien méchante, suffit à décourager les gens, les femmes notamment, d’aller se garer plus loin à la nuit tombée. » Certains auraient aimé un parking souterrain sur un niveau mais pas sûr que les finances municipales aient suffisamment à offrir pour un ouvrage de cette nature qui se chiffre en millions d’euros. « On a tendance à oublier que la clientèle villeneuvoise n’est pas toute jeune. Beaucoup de nos clients ont plus de 50 voire 60 ans… Il faut aussi penser à faciliter leur accessibilité », glisse Pierre Talbot. Idem pour Alex Jounel du Glacier qui craint, sans s’alarmer, qu’une partie d’entre eux « aient pris leurs habitudes ailleurs ». Leur confrère Joël Benays est un peu plus mesuré : « Dès qu’il y a de grosses animations, les gens acceptent de marcher assez longtemps pour rejoindre le centre-ville. Tout le monde souhaite plus de parkings et tous gratuits. Mais les commerçants sont souvent les premiers à squatter les bonnes places au détriment de leur clientèle… »
L’IMPACT DU CHANTIER SUR LES FINANCES //
Les opérations de très grandes envergures ont toutes un point en commun : les nuisances économiques sur tous les business riverains. Impossible d’y échapper. Malgré le soutien de ses habitués, le Petit Paris a par exemple perdu entre 30 et 40% de son chiffre. Au Glacier, on relativise. « La plus grosse problématique reste la météo et la conjoncture économique qui contraint les dépenses de tous les Français. Les travaux nous ont bien sûr impactés mais on peut remercier la mairie d’avoir généralisé la gratuité des parkings le temps du chantier. Et puis les travaux, c’est le signe d’une ville dynamique, qui se modernise », estime Alex Jounel. Du côté du Phileas Fogg, l’ambiance n’est pas tout à fait la même. « C’est bien simple, j’ai fait -30% en 2024. Et par rapport à cet exercice déjà dégradé, j’ai perdu encore 40% sur le début de 2025. Avril a été le premier mois positif depuis très longtemps. Les élus ont beau nous dire «Vous verrez, ce sera beau», si on n’est plus là pour le voir ça ne sert à rien. C’est la pérennité même de nos aff aires qui peut être menacée, on a du mal à payer les charges, les fournisseurs… On a fait des demandes pour être mieux accompagnés financièrement par la mairie, avec des prêts remboursables en cinq ans, avec des animations relocalisées sur le boulevard mais sans succès. C’est un peu dommage… Et ce n’est pas en un été que la nouvelle version va tout rattraper », s’inquiète Jérôme Aomar. Sans être aussi impactés, plusieurs restaurateurs du boulevard confient que toute aide aurait été la bienvenue.
À L’USAGE //
La livraison (quasi) finale intervient au bon moment, juste au lancement de la saison estivale. Les restaurateurs commencent à apprivoiser l’espace qui leur est désormais alloué. Et sur ce point, les avis sont légèrement plus contrastés. Pour Joël Benays, la vie ne se trouve pas foncièrement chamboulée. « Je n’ai pas vocation à grandir. Je n’ai qu’une seule employée pour me compléter et c’est très bien comme ça. Je n’ai donc pas besoin de plus de place. » Jean-Pierre Carrère déplore pour sa part quelques petits soucis de conception. L’objet de son grief re- pose sur les petites allées végétalisées intermédiaires. « Elles coupent notre terrasse en deux. Quand les haies auront fini de pousser, elles risquent même de nous couper la vue. La manière dont elles ont été implantées me fait perdre près de 25 couverts par rapport à l’ancienne terrasse d’été. Pour les grosses soirées de la saison, ça peut devenir handicapant. Il y avait sûrement moyen d’optimiser un peu plus tout en laissant des végétaux. »
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