Jeudi 13 janvier sera bel et bien une journée noire sur l’ensemble du territoire. Après l’appel à la grève lancé par les enseignants, mettant à mal l’accueil des élèves dans l’ensemble des établissements, les organisations syndicales représentatives de la branche des assistants maternels du particulier employeur, ont appelé les professionnels concernés à se mettre en grève, pour protester contre les protocoles sanitaires qui ne cessent d’être modifiés et sont, selon eux, inadaptés à la spécificité de ce mode d’accueil individuel de jeunes enfants, et provoquant des conditions d’accueil et de travail dégradées. « Cela fait deux ans que la profession est sous pression. Elle n’a pas bénéficié du Ségur et n’a pas reçu la moindre prime durant les épisodes de crise survenus. Le nouveau protocole imposé depuis le 7 janvier a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, nous nous joignons donc à la grève des enseignants pour avoir plus de poids », explique Stéphane Fustec, représentant Assmat à la CGT du commerce, des services et de la distribution. Sont concernés les professionnels travaillant à domicile, mais aussi les MAM (maisons d’assistances maternelles). Dans le communiqué signé par l’ensemble des syndicats, tous s’accordent sur le fait que « les salariés du secteur ne peuvent continuer à accueillir les enfants dont les parents sont cas contacts, au risque de mettre en péril la santé et la sécurité des autres enfants amis aussi des membres de la famille de l’assistant maternel ». La profession revendique également une indemnisation dans le cas où la garde ne pourrait pas être assurée en raison d’une période d’isolement à respecter. « Un certain nombre d’incohérences au niveau de la CPAM mettent les professionnels dans des situations inadmissibles », peut-on également lire.
Certains salariés contraints de poser un jour de congé
S’il est difficile de quantifier l’ampleur de la mobilisation, une pétition lancée sur le site change.org par la CGT a reçu 4 000 signatures en quelques heures. De son côté, le syndicat de l’UNSA Proassmat a recueilli 6 000 réponses. « 80% des assistants se prononçaient pour la grève, signe que la situation est grave », souligne Liliane Delton, secrétaire générale. Conséquence directe : beaucoup de parents se retrouvent logiquement sans mode de garde pour leurs enfants. Résultat, certains se voient contraints de poser un jour de congé auprès de leur employeur en dernière minute. C’est le cas d’Elodie (son nom a été changé pour des raisons d’anonymat). « Ce matin (mercredi, ndlr), ma nounou m’a informé de sa participation à la mobilisation du 13 janvier. Mon conjoint étant en déplacement, et mon travail ne me permettant pas d’être en télétravail, je me retrouve à devoir poser un jour de congé en dernière minute. Je vais d’autant plus devoir payer de ma poche mon assistante maternelle tandis qu’elle ne gardera pas ma fille ! », déplore-t-elle. Un cas qui n’est pas isolé, même si, selon Stéphane Fustec, « il y a aussi de soutien et de l’empathie qui se dégage. Nous sommes évidemment désolés car ce ne sont pas eux nos adversaires. » Un courrier a d’ailleurs été adressé aux parents pour leur faire connaître les revendications. Il est à noter que certains établissements recevront les enfants demain. C’est le cas de la crèche Kirikou à Agen, gérée par l’UDAF (union départementale des associations familiales) de Lot-et-Garonne. « En tant que gestionnaire, on s’adapte, même si les changements réguliers demandent des heures de travail supplémentaire. C’est évidemment aussi difficile pour les familles, qui travaillent et sont contraints de tester régulièrement leurs enfants. On remarque que beaucoup le font pour des enfants de moins de 3 ans, en raison du contact tracing, ce qui n’était pas forcément le cas auparavant. Dans cette période compliquée pour tous, ajouter une grève crée de nouvelles problématiques à gérer », selon la directrice Delphine Buzet.
Les syndicats convoqués le jour de grève
En marge de cet appel à la grève, un courrier a été adressé au secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles Adrien Taquet le 10 janvier, déplorant le manque de concertation du gouvernement avec le secteur concernant les procédures mises en place. Les syndicats y demandaient aussi l’organisation rapide d’une réunion pour modifier le protocole sanitaire « et mettre en place tous dispositifs nécessaires à l’indemnisation des professionnels qui devraient cesser leur travail en raison de la crise sanitaire. » L’intéressé leur a adressé un courrier dès le lendemain pour expliquer les décisions. Les représentants du métier ne l’ont pas jugé satisfaisant. Une visioconférence sera organisée demain, jour de mobilisation, entre les organisations syndicales, les services de l’Etat et la direction de la sécurité sociale. « Nous attendons des réponses claires et satisfaisantes », lance le responsable des assistants maternelles de la CGT.
Ci-dessous, le protocole en vigueur depuis le 7 janvier et remis en cause par la profession.
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