Il y a un an, Valentin Barbier était à Tchernobyl

L’explorateur urbain, Valentin Barbier, était à Tchernobyl en Ukraine, en juin 2021. Un événement impossible à imaginer en ces temps de guerre, l’armée russe en ayant pris le contrôle ces derniers jours.

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Alors que le site de l’ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, est tombé aux mains de l’armée russe en fin de semaine dernière, un explorateur urbain de Villeneuve-sur-Lot s’y est rendu en juin 2021. Un véritable bond dans le passé pour Valentin Barbier, cet aventurier de 23 ans, au cœur d’une ville soviétique, figée dans le temps. « La cité est morte en un rien de temps, résume l’explorateur. C’est un morceau de l’histoire que l’on voit de nos propres yeux. Il y a encore des banderoles et des logos de l’ancienne URSS un peu partout. » Tombé dans l’Urbex* quand il était tout petit, cette expédition représentait, pour lui, l’accomplissement ultime. « En 10 ans, j’ai visité entre 1000 et 2000 lieux, explique Valentin. Tchernobyl, c’est le Graal de tout urbexeur (explorateur urbain, ndlr). » Rentré dans le territoire ukrainien en toute légalité, le jeune homme a dû toutefois faire preuve de malice pour investir des lieux fermés à toute visite. « J’avais une autorisation des instances ukrainiennes pour visiter la ville de Prypiat, qui est la plus proche de la centrale, détaille-t-il. En revanche, il m’était strictement interdit d’entrer dans des bâtiments mais grâce à l’aide de notre guide, j’ai pu visiter tout ce que je voulais. » Cela concerne ainsi les partie de la centrale qui n’ont pas été recouvertes par le sarcophage qui piège la haute radioactivité des zones les plus sensibles.

La salle de contrôle du réacteur numéro 4 a été le théâtre des essais nucléaires ayant conduit à la catastrophe de Tchernobyl

Valentin a aussi pu toucher au plus près la vie des habitants de Prypiat en entrant dans des écoles, des gymnases, la prison, la morgue ou encore la zone militaire de Duga, chargée de détecter d’éventuels lancers de missiles intercontinentaux, en pleine période de Guerre froide. « Tous les bâtiments ont l’air de se ressembler », commente l’aventurier, des étoiles plein les yeux. De quoi lui donner l’envie de visiter d’autres lieux au poids historique tout aussi fort. « Je ne ferai jamais mieux que Prypiat, c’est certain, estime Valentin. Mon objectif maintenant est de visiter la base spatiale secrète de Baïkonour (dans l’actuel Kazakhstan, ndlr). C’est déjà très compliqué de s’y rendre en temps normal, mais dans le contexte politique actuel, ce n’est pas imaginable. » Le jeune villeneuvois a en tout cas retracé son incroyable périple dans un livre sobrement intitulé « Il était une fois… Tchernobyl ». Il y revient, sous forme de carnet de route, sur ses découvertes mais aussi les mésaventures qu’il a connu.

L’archéologue des temps modernes

Ce véritable passionné d’Urbex aurait de quoi écrire plusieurs autres livres, au vu de l’expérience accumulée durant une décennie, à la recherche de lieux abandonnés. Une passion dévorante qui prend sa source à son arrivée sur Villeneuve-sur-Lot, il y a maintenant dix ans. « Je suis originaire de Picardie et quand je suis arrivé ici, je suis entré dans une association pour aider les gens, nous explique Valentin. J’y ai rencontré un ami qui m’a invité en face de l’ancienne usine à tabac. Le côté abandonné m’a très vite attiré et j’ai eu une curiosité folle, de savoir ce qui se cachait à l’intérieur. Quand on entre dans ce genre d’endroit, on ressent la sensation de vide. Il n’y a plus de problèmes, il n’y a plus que toi et le lieu. » Il utilise une méthode de prospection bien particulière pour trouver des endroits jamais visités auparavant. « Je cherche principalement mes lieux sur Google Maps, nous explique- t-il. Je repère des points de maison ou d’usine et il y a notamment le signe d’une végétation importante autour, qui pourrait signifier un abandon. Je me rends ensuite sur place pour constater si c’est le cas et si la porte est ouverte, j’entre. »

Les pieds dans le vide avec une vue imprenable sur Prypriat. L’impressionnant sarcophage qui recouvre la centrale, se voit en arrière-plan au fond à gauche.

Des aventures illégales et qui ne sont pas à la portée du premier débutant venu. « J’ai déjà eu des plaintes parce que je pénètre dans un lieu privé mais ce n’est jamais allé plus loin, précise Valentin. Il est important de dire que je respecte l’endroit. Je prends des photos, je découvre mais je ne vole aucun objet. La plupart du temps, ce sont des lieux abandonnés suite au décès de l’occupant, avec principalement des héritages compliqués. Je mets beaucoup ces expéditions en lien avec mon métier d’auxiliaire de vie. J’accompagne au quotidien des personnages âgées en fin de vie, qui vivent seules. On peut dire que je vois l’avant-après. Ce sont des lieux qui ne sont pas repris et qui finissent par être oubliés. Cela fait mal, je ne trouve pas normal qu’une famille puisse abandonner une maison avec autant de souvenirs. » Dans une note un peu plus légère, l’un des lieux les plus incroyables qu’il ait visité est l’ancienne villa d’un prince d’Arabie, estimée à 35 millions d’euros et totalement abandonnée. « C’est un lieu complètement démesuré, commente-t-il. La décoration était ancienne mais c’est comme si les occupants étaient partis hier, il y avait encore toute la vaisselle. C’était simplement resté figé dans le temps. » Plus qu’une passion, c’est quasiment un travail d’archéologie moderne que livre Valentin, au gré de ses expéditions.

* Urbex : exploration urbaine

Renseignements //

« Il était une fois… Tchernobyl », un livre de Valentin Barbier. En vente sur histoires-oubliees.myshopify.com ou en physique à l’Espace Culturel Leclerc et à la librairie Livresse à Villeneuve-sur- Lot.

Retrouvez Valentin sur son instagram @histoire.oubliees

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