Avec la COP 47, le Lot-et-Garonne regorge d’idées en faveur du climat

Le département organise depuis six ans sa propre conférence sur le climat, avec, à chaque édition, diverses interventions pour tenter de répondre à une problématique précise. Cette année, la gestion des ressources en eau était au cœur des débats.

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Une centaine de personnes ont assisté à cette nouvelle édition de la COP 47, avec l’eau au coeur des discussions.

Pour sa sixième édition, la COP 47 a fait escale à Saint-Hilaire-de-Lusignan. C’est à la salle des fêtes de la commune que se sont retrouvés de nombreux professionnels, agissant, à leur niveau, contre le dérèglement que nous connais- sons. Eau 47, Véolia, la Saur, EDF mais aussi des élus de l’Agglomération étaient présents, preuve d’une mobilisation générale plus que jamais importante. « Nous allons, à notre niveau, réfléchir à des solutions pour être acteurs de l’adaptation au changement climatique », disait-on dès l’introduction. Des intervenants de choix se sont succédés pour partager leurs idées sur la gestion de l’eau, dans le but que le Lot-et-Garonne apporte sa pierre à l’édifice. Et les oreilles étaient très attentives… « Le monde présent aujourd’hui acte d’une prise de conscience et c’est essentiel, se réjouissait le maire de la commune hôte, Pierre Delouvrié. A notre échelle modeste de commune de 1500 habitants, nous nous efforçons de faire des efforts. Nous avons notamment installé un générateur photovoltaïque de 25 kW il y a 10 ans, et avons pour projet de monter à 500 kW pour couvrir les équipements sportifs. » Place à une matinée riche en apprentissage…

Golfech et les contraintes du changement climatique

Thierry Latrouite, directeur du développement durable à la centrale de Golfech et Marie-Christine Huau, directrice stratégie eau et climat chez Véolia Eau France ont lancé le bal, pour évoquer les contraintes du changement climatique sur le fonctionnement d’installations d’ampleur. La centrale de Golfech, située non loin de là, était un bel exemple pour illustrer la question. « Pour fonctionner, notre centrale nécessite un refroidissement, nous sommes donc directement reliés à la Garonne. Certains étés, nous avons été amenés à moduler, et parfois même stopper notre production pendant 24 à 48 heures puisque l’eau du fleuve était trop chaude », relate le directeur. Pour vous donner un ordre d’idée, la réglementation leur impose de ne pas utiliser une eau à plus de 28 degrés… « Certes, nous apportons un léger réchauffement, mais c’est avant tout le résultat de deux phénomènes conjugués : la sécheresse et les périodes de canicule. » De son côté, Marie Christine Huau a constaté les mêmes problématiques sur la Seine à Paris, « irriguée par des réseaux de chaleur qui pompent et rejettent dans le fleuve, provoquant une augmentation de la température ». Cette dernière recommande de repenser l’écoulement des fleuves : « Si je facilite l’écoulement des rivières, si je les laisse respirer, je peux gagner 2 à 3 degrés et donc donner un peu d’air aux industries sensibles à cela. » D’où la nécessité de travailler ensemble.

L’arbre en ville pour créer des îlots de fraîcheur

Une partie de cette COP 47 s’est déroulée en visio, avec l’intervention de Frédéric Ségur, directeur du service arbres et paysages du Grand Lyon. Il est venu démontrer que le végétal, en lien avec l’eau, peut-être une vraie solution pour adapter les villes face au changement climatique. « Nous avons entamé cette réflexion depuis plusieurs années sur Lyon, et ce modèle est transposable sur de grands territoires urbains en France comme à l’étranger », assure-t- il. Côté chiffre, son équipe intervient sur près de 300 000 arbres sur l’ensemble de la métropole, territoire vaste et très urbanisé. « Les arbres nécessitent de penser sur le long terme, malheureusement, trop souvent, on a affaire à des politiques court-termistes en ville…» En tant que territoire urbain très affecté par la canicule, le Grand Lyon s’est emparé du problème et a notamment créé le plan Canopée, pour protéger et développer la forêt urbaine, résultat de longues études sur le potentiel de rafraîchissement de la ville par la végétation.

« Une expérimentation a été réalisée sur un grand boulevard du centre-ville, devenu une autoroute urbaine avec 80% de l’espace dédié à la voiture. Mais en redonnant une place aux modes de transport doux, et en plantant des arbres, nous avons constaté une baisse de la température de 2 à 3 degrés », raconte-t-il. L’Agglomération d’Agen, également investie sur le sujet, a pu piocher quelques bonnes idées à reproduire à son échelle…

Économiser l’eau au quotidien

La maîtrise de cette ressource précieuse est nécessaire, tout le monde en est conscient aujourd’hui. Les récentes constructions de stations de pompage dans la Garonne, portées par l’Agglo, marquent une avancée. Aller puiser dans les nappes profondes est difficilement acceptable à notre époque. Le maintien de l’étiage a aussi été largement abordé. Nicolas Cardot, chargé de mission gestion quantitative au SMEAG (Syndicat mixte d’étude et d’aménagement de la Garonne), en témoigne : « Une convention nous lie à l’Etat, EDF et l’agence de l’eau pour freiner l’érosion des débits, et favoriser les différents usages de la Garonne. A l’horizon 2030, la baisse des débits naturels en Garonne seront de l’ordre de 13 à 32% », assure ce dernier. D’autres initiatives sont donc nécessaires puisque l’atténuation du changement climatique ne suffira pas. « Pour exemple, réinfiltrer l’eau dans les nappes pour avoir un étiage naturel permettrait d’économiser plus de 500000€ par an.» On recense aussi, dans le département, deux projets liés au stockage de l’eau en surface, pour soutenir l’irrigation en période de canicule, l’un à Brax et l’autre Sainte-Colombe-en-Bruilhois.

L’eau vue depuis l’espace

L’intervention de Yann Kerr, chercheur au Cnes (centre national des études spatiales) a retenu l’attention, et soulevé un brouhaha dans la salle… Il travaille sur l’observation de l’eau depuis l’espace, pour obtenir des mesures référence sur l’ensemble du globe. « De là-haut, on peut mesurer le stockage, l’évapotranspiration, etc., et donc appréhender ce qui tombe et la manière dont le sol va réagir », explique l’expert. Le premier aspect à aborder, selon lui, est l’agriculture. « Elle est très consommatrice en eau, avec une nette augmentation depuis les années 1900. Dans un contexte de sécheresse accrue sous l’effet du changement climatique, on remarque des contraintes sévères sur l’eau dans de nombreuses régions du globe. Pour exemple, des sols qui s’effondrent en Inde… En gérant l’irrigation des sols, on arrive à des progrès notables. Il faut être astucieux, d’autant que l’étau se resserre. »

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