C’est l’une des préoccupations majeures de la population, et ce, sur l’ensemble du pays. La démographie médicale représente un enjeu majeur pour la santé, mais connaît des difficultés, surtout dans les territoires ruraux, dont fait partie le Lot-et-Garonne. A l’heure où de nombreux praticiens partent à la retraite, beaucoup trop ne sont pas remplacés. Certaines communes ont pris ce problème à bras le corps, comme le Passage d’Agen et Estillac, qui ont créé un centre de santé comptant aujourd’hui quatre médecins salariés. Mais pour la présidente du Conseil départemental, davantage d’actions concrètes sont nécessaires. C’est pourquoi cette dernière invite, à travers un courrier, tous les élus locaux à se mobiliser pour interpeller les candidats à l’élection présidentielle et aux législatives, qui se dérouleront respectivement en avril et en juin prochain. « Le cadre législatif, qui aujourd’hui laisse libre cours au ‘marché’, contrarie toutes les tentatives des collectivités, aussi volontaristes et audacieuses soient-elles, pour lutter contre les déserts médicaux. » Et c’est en s’appuyant sur des chiffres pour le moins parlants que Sophie Borderie a débuté sa lettre. En effet, selon les derniers chiffres, entre 9 et 12% de la population française vit aujourd’hui dans un désert médical, soit 6 à 8 millions de personnes. 11 jours, c’est en moyenne le temps nécessaire pour obtenir un rendez-vous chez un généraliste dans les territoires les moins bien dotés… Un délai bien plus important pour consulter un ophtalmologue, situé à 189 jours d’attente. « Si le rythme d’adoption des lois ‘santé’ tend à s’accélérer, les enjeux de l’adaptation de l’offre de soins, et plus particulièrement dans nos territoires ruraux, demeurent les mêmes et pourraient encore s’aggraver avec le vieillissement de la population, le développement des maladies chroniques et la dépendance », constate-t-elle. Elle s’appuie également sur de récentes études, menées par l’Association des maires ruraux de France, pour démontrer que le fossé se creuse entre les territoires. « Les habitants du milieu rural vivent en moyenne deux ans de moins, et, à âge et sexe égal, consomment 20% de soins hospitaliers en moins que ceux des villes. Le renoncement aux soins est donc exponentiel. »
Des propositions « réalistes »
Engagée sur la question, comme l’ensemble des élus locaux, Sophie Borderie tient à poursuivre et renforcer le soutien aux centres de santé et aux maisons de santé pluridisciplinaires, consciente cependant que cela ne résoudra pas le problème de fond. Malgré l’engagement de stratégies d’attractivité, avec notamment des aides à l’installation octroyée aux secteurs prioritaires, cela ne suffit plus pour attirer des professionnels de santé. « Pire, ces incitations financières génèrent de la concurrence avec comme effet pervers de créer un ‘mercenariat’ de médecins généralistes français et étrangers qui, souvent, quittent leur poste la veille de l’arrêt des aides pour bénéficier à nouveau de ces mêmes aides quelques kilomètres plus loin », déplore-t-elle. Avec des initiatives locales qui ne suffisent plus, il faut désormais frapper plus fort, nécessitant « de prendre au niveau national des décisions fortes et audacieuses. » L’accès au soin devrait être l’un des sujets des débats principaux à venir, c’est en tout cas ce que souhaite la présidente du Département. Par ailleurs, un projet d’équipe mobile de médecins salariés n’a toujours pas reçu à ce jour, de la part de l’Etat, l’autorisation d’être expérimenté. « Nous ne pouvons plus nous satisfaire de discours ou de demi-mesures dépassées ou inefficaces. » Ainsi, pour aller plus loin, Sophie Borderie propose aux élus locaux d’élaborer une lettre commune « autour de propositions fortes mais réalistes de court et moyen terme, telles que le conventionnement sélectif pour favoriser l’installation de médecins dans les territoires sous-dotés, l’obligation exceptionnelle et transitoire – négociée avec la profession – de présence en zone sous-dense pour les internes de médecine au cours de leur dernière année d’internat, le classement de l’intégralité du Lot-et-Garonne en Zone d’Intervention Prioritaire (ZIP), ou encore le soutien financier renforcé de l’Etat aux initiatives locales… » A ce titre, une motion de soutien a été votée lors du dernier Conseil départemental.
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