Sur l’Agenais, dans un bâtiment à l’abri des regards proche de l’aéroport, se développe une activité unique en son genre sur le territoire. L’entreprise Oviatis a lancé il y a quelques années sa propre production de stévia dans le Sud-Ouest, garantie bio. Une filière d’avenir tandis que les consommateurs sont de plus en plus à la recherche de produits locaux et sains. La stévia, c’est cet édulcorant naturel issu d’une plante originaire d’Amérique du Sud. Plus précisément, c’est au Paraguay qu’elle est née. Bénéficiant denombreux bienfaits, notamment reconnue pour réguler l’hypertension, elle a été découverte plus largement il y a une cinquantaine d’années par le Japon, qui a été le premier à se l’approprier pour ses vertus sucrantes, à l’heure où l’on recherchait un substitut naturel à l’aspartame, alors présent dans de nombreux produits et pouvant entrainer des perturbations majeures sur l’organisme. « Rapidement, les Chinois ont constaté un besoin, et ils ont commencé à cultiver massivement la stévia de façon conventionnelle, avant que le monde entier ne s’y mette. On retrouve aujourd’hui des champs en Indonésie ou en Afrique par exemple », explique Philippe Boutié, fondateur d’Oviatis. Ce dernier, issu du secteur commercial, baigne dans le milieu du sucre depuis de nombreuses années. Il a en effet travaillé un bon moment au sein de Cristalco, filiale du groupe coopératif Cristal Union et leader européen sur le marché des sucres… Avant de tout quitter pour « ce projet un peu fou », selon ses dires, celui de lancer l’expérimentation d’une culture de stévia en France, tandis que la Chine détient 80% de la production mondiale. Avec Pierre Jannot, créateur de Rouages, entreprise basée à l’Agropole et spécialiste de l’extraction aromatique naturelle, ils créent SweetVia en 2011, une association réunissant des agriculteurs de la Nouvelle-Aquitaine et d’Occitanie. « L’objectif était de pouvoir leur proposer une nouvelle culture, en plus de ce qu’ils produisent déjà, avec l’avantage de leur assurer un revenu supplémentaire, explique le co-fondateur de l’association. Et l’argument du 100% français n’étant pas assez significatif, nous avons poussé la démarche en y ajoutant l’aspect bio. Pendant cinq ans, nous avons expérimenté pour trouver l’itinéraire le plus approprié aux conditions climatiques de la région, en partenariat avec Invénio (centre de recherche et d’expérimentation, ndlr) ».
Plusieurs produits à la commercialisation
En tant que véritable nouveauté, les agriculteurs volontaires pour expérimenter cette nouvelle culture ont reçu un accompagnement complet par l’association, de la plantation jusqu’à la récolte, avec notamment un important travail nécessaire pour préparer le sol. Et la concrétisation arrive en 2013 avec la récolte des premières feuilles. « C’est à partir de cette matière première que nous obtenons un extrait, ensuite commercialisé. Chaque producteur y consacre une petite parcelle, généralement d’un hectare tout au plus. » Actuellement, une douzaine d’hectares sont transformés par l’entreprise Oviatis, également créée par Philippe Boutié dans l’objectif de proposer à la vente de la poudre de feuilles séchées. A ses côtés, on retrouve Cécile, responsable R&D, Amandine, responsable communication et marketing, et Charles, qui réalise une thèse sur la stevia sous le dispositif Cifre, rattaché à la faculté des sciences et techniques de Bordeaux. Tout a été pensé en interne, pour trouver le meilleur procédé d’extraction jusqu’à l’obtention du produit final. « Nous restons dans le naturel jusqu’au bout puisque nous n’utilisons aucun solvant chimique, mais favorisons des procédés mécaniques de filtration pour arriver à un extrait le plus pur qu’il soit », ajoute le gérant. Désormais, on retrouve aussi des infusettes, feuilles séchées et depuis peu une gamme d’infusions commercialisées sous deux marques : Biovia pour le réseau bio, et Orevia, dernière née pour intégrer la grande distribution. La commercialisation a été lancée il y a peu, et l’équipe devrait s’agrandir pour assurer le développement de la marque. « Nous travaillons déjà sur notre prochain produit, qui devrait arriver dans les commerces d’ici la fin du mois dans les magasins bio. Il s’agit d’un sirop bio et zéro calorie, aux goûts menthe, citron et grenadine. » A l’approche de la belle saison, ce produit arrive à point nommé pour se rafraîchir sans culpabiliser ! L’entreprise espère, à terme, réunir une cinquantaine de producteurs sur la filière pour faire grandir sa production.
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