Face à la pénurie de chauffeurs de bus, Fiagéo cherche des solutions

L’entreprise lot-et-garonnaise Fiagéo Groupe Delbos fait face elle aussi aux diffi cultés de trouver des personnels pour assurer ses liaisons mais ne se résigne pas.

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Ce sujet d’envergure nationale ne s’arrête pas aux frontières du Lot-et-Garonne. Ici aussi, les chauffeurs de bus
commencent à se faire rares. « Il nous manque environ 10% de nos effectifs », illustre Nathan Delbos, directeur général de Fiagéo Groupe Delbos, l’un des principaux autocaristes indépendants du département. « Nous employons à ce jour 135 conducteurs. Pour remplir correctement nos contrats, il nous en faudrait près de 150. » Ce secteur d’activité est loin d’être le seul à peiner dans son recrutement. C’est aussi le cas du bâtiment ou de la restauration, pour ne citer qu’eux. Mais ce qui rend ce dossier particulièrement sensible,
c’est le fait que le transport de personnes est avant tout une mission de service public, la principale demande
étant l’accompagnement des enfants à l’école (et le retour chez eux le soir). « Pour cette rentrée 2022, nous sommes à flux tendu. Il risque d’y avoir des points de tension. On n’en est pas encore au point de certains territoires où on annonce déjà que certaines liaisons ne seront pas assurées. Cependant, si rien n’est fait, cela pourrait finir par arriver. On est clairement à flanc de falaise », avance Nathan Delbos. C’est aussi l’avenir de la ruralité qui se joue là. Une absence de transport scolaire serait rédhibitoire pour de nombreuses familles

Un métier pas comme les autres

Pour comprendre ce phénomène, il faut analyser plusieurs composantes de ce métier pas tout à fait comme les
autres. Le premier problème est une question d’âge. « Nous voyons arriver la fin d’une génération qui avait eu l’opportunité de passer le permis D à l’armée, à l’époque où le service militaire était obligatoire. Beaucoup d’entre eux partent à la retraite et le renouvellement est difficile », décrit le DG de Fiagéo. Autre souci et non des moindres : l’attractivité de la profession. Avec une
tournée tôt le matin et une autre le soir, l’amplitude horaire est conséquente pour un conducteur de bus. Malheureusement, le nombre d’heures est loin d’atteindre le quota d’un temps plein et ce d’autant plus que la demande ne se porte que sur 170 jours dans l’année. « Si l’on veut vivre décemment, il faut une autre activité à côté, une pension de retraite ou des aides de l’Etat », souligne Nathan Delbos. Ce dernier fait face à un vrai casse-tête : « C’est une activité présentielle. On ne peut pas répartir la charge de travail comme on le veut en fonction de nos effectifs. Il nous faut un conducteur apte sur chaque ligne. »

Quelques pistes de réflexion

Alors comment faire pour endiguer cette pénurie ? Le jeune dirigeant de l’entreprise familiale établie à Villeneuve-sur-Lot et Marmande met sur la table ses pistes de réflexion. « Il faut se rendre à l’évidence, la profession mérite d’être revalorisée d’un point de vue salarial. De notre côté, l’an passé, on a augmenté les salaires et les primes. » L’effort ne se limite pas qu’à cet aspect financier. « On ne reste pas à attendre que les candidats se présentent d’eux-mêmes. On prend les choses en main. Grâce à des partenariats avec Pôle Emploi et d’autres structures comme Aftral, on aide des demandeurs d’emploi à passer le permis et la Fimo (Formation initiale minimale obligatoire) voyageurs avec des financements. On s’associe également avec d’autres employeurs pour promouvoir le bi-emploi, ce qui est loin d’être simple. Enfin, on mène tout une politique en interne pour mieux valoriser nos collaborateurs. Notre journée de pré-rentrée scolaire,
qui s’est déroulée ce mardi 30 août au Temple-sur-Lot, a été totalement repensée. Elle est désormais moins verticale, plus axée sur le conducteur. On a par exemple abordé les questions de posture et fait de la prévention sur les troubles musculo-squelettiques. On a également fait de la sensibilisation aux
nouvelles énergies de la mobilité, pour rompre certains clichés. Les rappels du code de la route et de la sécurité routière se sont fait sous forme de jeu. Tout ça a permis de renforcer la cohésion d’équipe. On promeut aussi beaucoup la montée en compétences », détaille Nathan Delbos. Si elles ne résoudront pas tous les problèmes d’un coup, ces initiatives constituent néanmoins un vrai pas en avant.

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