Guillaume Lepers, le maire de Villeneuve-sur-Lot l’assure, la proposition d’éteindre l’éclairage public de 1h à 5h du matin, afin de réaliser des économies sur la facture d’électricité, n’est pas une conséquence directe de la crise énergétique que connaît le pays. Disons que cette dernière y a contribué. « Dès le début du mandat, nous avons parlé de remplacer un éclairage obsolète, qui tournait encore au gaz à certains endroits, rappelle le premier édile. A l’époque, ce n’était pas une question évidente pour tout le monde mais à l’image des travaux menés dans les bâtiments publics pour améliorer leurs performances énergétiques, il fallait s’en saisir. »
Un plan LED sur cinq ans a ainsi été mis en place et ce sont cette année 400 points lumineux qui ont été remplacés par cette technologie moins énergivore, sur les 4 000 que compte la commune. Parmi eux, chiffre, 1 000 points concernant le cœur de la Bastide devront attendre et feront l’objet d’une étude spécifique afin de trouver l’équipement capable de concilier la mise en valeur du patrimoine et le confort visuel des riverains.
Au-delà de l’aspect pécuniaire, le maire tient aussi à rappeler un second objectif derrière la volonté de passer dans le noir, le respect de la biodiversité. « Nous avons mené un travail avec le CPIE (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement, ndlr) et certaines analyses ont montré que, pour la faune et la flore, cela serait bien d’éteindre la lumière sur certaines zones. »
Au moins 400 000 € d’économie espérés
Reste que la flambée du prix de l’énergie contraint la municipalité à prendre dès maintenant « une mesure forte qui engage une révolution culturelle assez courageuse », selon les propres mots de Thomas Bouyssonnie, chef de file du groupe d’opposition « Villeneuve en commun ». La facture d’électricité représente aujourd’hui 700 000 € à l’année. « C’est un chiffre que nous voulions déjà combattre, avant même la crise énergétique, plaide le maire de Villeneuve. Aujourd’hui, nous estimons que la dépense pourrait augmenter à 1,7 M€ l’année prochaine, si nous ne faisons rien. Grâce à ces actions, on espère maîtriser cette hausse violente pour atteindre un budget entre 1,2 et 1,3 M€. »
Des engagements forts, mais qui devront encore se confronter à la réalité du terrain. Si à Villeneuve-sur-Lot, commune la plus vaste du département, certaines zones rurales sont déjà baignées dans le noir la nuit, la pilule pourrait être plus difficile à avaler, à mesure qu’on se rapproche des zones urbaines. « Le débat au sein même de notre groupe a porté sur le début de cette extinction. On s’est demandé s’il fallait le faire à minuit, ou même avant. Au final, nous nous sommes dit qu’à 1h, c’est l’heure où l’on rentre des bars et des restaurants. De manière globale, une très grande majorité des Villeneuvois dorment entre 1h et 5h, à l’exception des personnes travaillant de nuit et se rendant à l’usine. »
Villeneuve-sur-Lot, ville écolo ?
D’autres actions sont également mises en places pour maîtriser le coût de la facture énergétique. Des travaux dans les écoles ont été menés (lire notre précédente édition), les appareils de chauffe des équipements communaux sont gérés à distance et les usagers disposent d’un badge qui active le chauffage et la lumière pour une durée préétablie. « Il n’est pas question d’imputer la facture aux associations mais il est important qu’elles se rendent compte de ce que coûte une salle », a rappelé Guillaume Lepers.
Un appel à manifestation d’intérêt a été lancé pour du photovoltaïque. Un système qui reste complexe à installer sur les bâtiments communaux à l’image de l’Hôtel de Ville, pourtant baigné de soleil mais pas franchement des mieux optimisés énergétiquement. Villeneuve-sur-Lot, ville écolo ? Thomas Bouyssonnie a certainement pensé très fort à faire la boutade mais a préféré dire son « agréable surprise » devant des mesures qui, malgré tout, devraient faire parler.
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