Ne vous y méprenez pas. Derrière l’allure enfantine des œuvres de Mélanie Maura, se cache un message plus sombre. « Des’illusions », c’est le nom de l’exposition qui s’installe au musée de Gajac jusqu’au 30 avril prochain. L’artiste, installée à Villeneuve-sur-Lot depuis trois ans, a parcouru les réserves de l’institution. « Nous avons proposé à cette jeune artiste contemporaine de nous donner son point de vue sur les collections de la ville, explique Hélène Lagès, directrice du pôle patrimoine-historique. Elle a navigué partout pour trouver l’inspiration. » Ayant pu découvrir l’exposition en avant-première, l’adjointe à la culture, Anne-Marie Davelu-Chavin, disait sa fascination pour le travail de la néo-villeneuvoise. « Chaque fois que je viens au musée, j’entre comme un enfant et je ressors comme un adulte. Ça me prend à l’estomac, ça me touche au cœur. C’est passionnant d’imaginer tout le travail derrière. Par cette exposition, on découvre l’enfance et les regrets qui en découlent quand on passe à l’âge adulte. » Dans ses tableaux, Mélanie Maura utilise par plusieurs touches la technique de l’aquarelle, notamment via des portraits de ses enfants et son compagnon. « Il y a beaucoup d’âpreté dans ces œuvres avec quelques couleurs sombres, commente Chantal Borredon, médiatrice culturelle. Il y a un réel décalage entre le premier regard et la seconde lecture. C’est une façon élégante d’approcher le monde et ses dérives via l’enfance. J’ai hâte de voir comment les plus jeunes vont s’approprier cette exposition.»
D’adorables petits lapins mis en scène
« J’ai beaucoup rencontré d’enfants, explique l’artiste. J’aime voir leurs réactions face à l’art. » Si Mélanie Maura a beaucoup exercé en deux dimensions, c’est une œuvre en trois dimensions, réinterprétant « Les Lapins » de James Leygues, qui pourrait faire son petit effet auprès du jeune public. « J’adore ce tableau, affirme-t-elle. Il est tellement modeste et mignon. J’ai voulu tendre une perche pour sortir ces petits lapins du cadre. » Ils sont plusieurs à être mis en scène, à même le sol, avec des feuilles de chou décorées grâce à des passoires. « Tous les animaux ont été tricotés à la main grâce à une technique très méditative. » Une autre œuvre en 3D fait écho à un tableau bien plus connu, celui du « Goûter sur l’herbe » de Réalier-Dumas. On voit ainsi une nappe envahie par la mousse prenant la forme d’un jardin à la française. Derrière, l’idée de la destruction-créatrice. Assurément, une exposition qui détonne et qui vaut le détour. Mélanie Maura assurera des ateliers d’arts plastiques durant le mois de février mais aussi des visites commentées pour les groupes adultes et scolaires, sur réservation.
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