Quidam Hebdo : Vous êtes arrivé aux commandes de Sud Management en 2021 mais quel a été votre parcours avant de poser vos valises en Lot-et-Garonne ?
Ludovic Bonnet : J’ai eu un parcours où j’ai beaucoup bougé. J’ai fait mes études à l’IAE de Grenoble, en Relations Internationales puis, j’ai fait un master en management à l’Université de Floride Centrale. J’ai commencé chez Walt Disney Company en tant que responsable marketing et communication, puis je suis passé chez Universal Studio, Vivendi, SFR ou même chez Philip Morris. Dans les grands groupes, j’ai notamment travaillé sur la création de nouvelles entreprises, sur les formats start-up, adossés à ces grandes multinationales. J’ai voyagé un peu partout dans le monde mais, à un moment donné, j’ai eu envie d’un retour et de me poser davantage. J’avais envie d’apporter quelque chose. J’ai alors repris mes études pour faire du coaching et accompagner les gens dans la création de leur entreprise.
Q.H : Rien ne vous destinait donc à arriver, ici, en Lot-et-Garonne. Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir Sud Management ?
L.B : Il y a eu ce que nous pourrions appeler un alignement de planètes. (Rires) Comme je disais, j’étais dans une volonté d’apporter quelque chose aux gens qui souhaitaient se lancer dans un business et c’est là que j’ai rencontré Frédéric Péchavy (président de Sud Management, NDLR) qui était en train de chercher un nouveau directeur général pour le groupe. Mon prédécesseur, Jean-Jacques Molinié partait à la retraite et j’avais envie de partager mon expérience, de l’apporter à des gens, tout en voulant revenir dans un territoire. Il y a quelque chose qui s’est naturellement mis en place.
Q.H : Depuis votre arrivée, l’école a grandement évolué, notamment avec la construction du nouveau campus sur le Technopole. Qu’est-ce que cela représente à la fois pour l’école et pour vous en tant que directeur ?
L.B : Quand je suis arrivé, je me suis dit que pour cette école, qui existe depuis 30 ans, et c’est toujours plus facile quand on arrive de l’extérieur, qu’il y avait sans doute des choses à remettre dans un autre ordre, à améliorer ou à transformer pour obtenir davantage pour le groupe Sud Management. Aujourd’hui, cela fait 2 ans qu’on se retrouve dans de bons classements parmi les 30 ou 40 meilleures écoles de commerce en France. En arrivant et en mettant en place une dynamique différente au niveau de l’école, nous nous sommes rendus compte qu’on allait avoir un problème sur la dimension du campus. Il date des années 90, il commence à être vieillissant, les pédagogies ont changé et on ne pourra de toute façon pas pousser les murs. Nous avons eu cette opportunité avec le TAG et de rentrer dans un nouvel écosystème qui est en train de se mettre en place avec la Serre. Cela va permettre de prendre en charge immédiatement les jeunes qui pourraient avoir des idées d’entrepreneuriat, qu’ils restent là et qu’ils créent de l’emploi. Cela va faire rentrer l’école dans un nouveau cercle vertueux, dans un écosystème complet.
Q.H : Pour vous, fort de toute votre expérience à l’étranger, dans de grandes compagnies, quelles sont les forces du groupe Sud Management ?
L.B : Ce que je trouve très fort dans cette école, c’est sa taille humaine et familiale. Les gens ont tous des liens en commun, on est beaucoup moins dans l’anonymat que dans les grandes métropoles. Ici, ils ne sont pas des numéros et savent qu’il y a quelque chose de très bienveillant dans les écoles. Pour avoir beaucoup voyagé et avoir été intervenant dans de grandes écoles partout dans le monde, je peux dire que ce n’est pas le cas partout. Il y a quelque chose de très fort ici. Il y a aussi le très bon niveau de l’école. On pourrait être une gentille école de territoire, où tout le monde s’aime avec, malgré tout, 30% de réussite. Ici, ce n’est pas le cas, nous avons en plus de très bons résultats.
Q.H : Quel est le message que vous aimeriez inculquer aux élèves du groupe ?
L.B : C’est une bataille que je porte et qui m’a marqué quand je suis arrivé ici. Je trouve et j’appuie fort là-dessus avec les jeunes, c’est un espèce de complexe à être dans une ville comme Agen. À chaque fois, je leur dis : ça ne tient qu’à vous, le monde est à vous. C’est vous qui allez décider de ce que vous allez faire de votre vie : président d’une grande entreprise ou avoir un camion à pizza. À partir du moment où cela vous rend heureux, c’est le plus important. Il ne faut pas qu’ils se disent que parce qu’ils sont à Agen, ils ne peuvent pas faire quelque chose. Ce complexe me dérange à chaque fois parce qu’il n’est pas vrai, et je les pousse à chaque fois. Ce n’est pas parce qu’on est dans une ville comme on dit souvent coincée entre Bordeaux et Toulouse, et je déteste cette expression, qu’on ne peut pas faire de grandes choses. Et surtout à la fin, le plus important, c’est de faire ce qui nous rend heureux. Leurs choix de vie sont à eux, surtout dans le monde qui nous attend. S’ils font ce qui les rend heureux, parce qu’ils se sentent à leur place, déjà, on aura gagné en les voyant devenir des individus accomplis.
Q.H : Enfin, quels projets aimeriez-vous, personnellement, porter en tant que directeur ?
L.B : Oh la la, il y en a plein. (Rires) Je rêve que ce nouveau campus devienne un lieu totalement ouvert. J’imagine tout à fait que ce campus, d’ici 5 ans, 10 ans, aura dépassé le statut de simple lieu pour des étudiants en post-bac, mais un lieu où des citoyens lambdas pourront venir échanger, partager des idées avec ces jeunes qui se forment, intellectuellement, mais aussi en tant qu’individus, et peut-être aussi avec les entreprises. J’aimerais que demain, Sud devienne un lieu de rencontre pour des gens qui ont des envies, des compétences, des besoins. Et si tout cela pouvait créer un lieu de création avec des projets transversaux pour le territoire mais aussi pour améliorer le monde en termes de transition écologique… C’est rare d’avoir un lieu très ouvert dans un monde de plus en plus clivant. Si le nouveau campus de Sud devenait cela, je serais le plus heureux.
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