Villeneuve-sur-Lot : sa Journée passée, le pruneau est maintenant en quête d’avenir

Face à des récoltes en recul et un marché sous pression, les producteurs et transformateurs de pruneaux oscillent entre inquiétude et détermination. La 52e Journée du pruneau d'Agen, organisée à Villeneuve-sur-Lot, a permis de dresser un état des lieux sans concession.

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La dernière campagne de récolte a une fois de plus révélé la fragilité d’une agriculture dépendante des caprices du climat. Dans les zones sous IGP, les épisodes de grêle et les pluies excessives ont laissé des traces profondes. « La moitié des récoltes n’a pas atteint les standards nécessaires pour la consommation directe », déplore Christophe de Hautefeuille, président du Bureau interprofessionnel du pruneau (BIP). Malgré une légère augmentation des calibres, les volumes globaux se situent en deçà des attentes. Ce constat s’inscrit dans un contexte où les calamités agricoles peinent à être reconnues à temps. « Les démarches administratives s’éternisent alors que les pertes sont immédiates », a-t-il ajouté, pointant du doigt l’immobilisme politique.

Le casse-tête de la main-d’œuvre

Outre les défis climatiques, les exploitants font face à une autre bataille : celle des ressources humaines. Le manque de main-d’œuvre qualifiée est une problématique récurrente, qui atteint un pic lors de la saison des récoltes. « Nous jouons notre année en trois semaines. Si des chauffeurs ou des saisonniers nous font défaut, tout s’écroule », explique Thierry Albertini, président du Comité économique du pruneau. À cela s’ajoutent les lourdeurs administratives qui, selon certains producteurs, grèvent un temps précieux. « On passe plus de temps derrière un bureau que dans les vergers ».

Une filière qui cherche son souffle

Avec une production nationale estimée à 32 000 tonnes, la France conserve son rang de troisième producteur mondial, derrière le Chili et les États-Unis. Mais ce statut ne masque pas les défis structurels. Si les plantations augmentent légèrement avec 177 hectares supplémentaires en 2024, les surfaces en agriculture biologique stagnent à 21 %, suggérant que le potentiel de développement a atteint ses limites. La consommation domestique, elle, reste stable. Chaque foyer acheteur consomme en moyenne deux kilos de pruneaux par an. L’exportation, dominée par l’Algérie, continue de jouer un rôle crucial, mais les opportunités d’expansion se heurtent à des conditions de production irrégulières.

La filière doit ainsi se renouveler perpétuellement. Pour ce faire, la modernisation des exploitations et une réponse adaptée aux aléas climatiques seront essentielles. Loin d’être à l’abri, le pruneau français devra continuer à innover pour rester compétitif et séduire des consommateurs toujours plus exigeants.

L’effort du Tour en dent de scie

En juillet 2024, le pruneau a bénéficié d’une rare exposition médiatique grâce au passage du Tour de France dans sa région d’origine. Cependant, les retombées espérées n’ont pas été à la hauteur. « C’était un événement incontournable, mais le retour sur investissement reste limité », admet Christophe de Hautefeuille, bien qu’il maintienne dans ses propos l’importance de ce type d’initiatives pour maintenir une visibilité.

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