Une majestueuse bâtisse qui laisse place à une toute autre réalité dès que l’on pénètre dans son enceinte. La nature a spectaculairement repris ses droits sur les parties extérieures de Saint-Cyr. Quant à l’intérieur, les vestiges inanimés de l’ancien hôpital confèrent au lieu une atmosphère très singulière, un brin angoissant. « À chaque fois que quelqu’un entrait, la même réflexion se faisait entendre : «Quel gâchis !» », révèle Jean Boiron-Lajous. Et c’est notamment pour cette raison que le jeune réalisateur a jeté son dévolu sur ce décor pour son docu-fiction « Hors Service », dont la sortie en salles est prévue pour le mois d’octobre. Le film met en scène six démissionnaires de la fonction publique, confinés pendant une dizaine de jours dans l’hôpital dé- saffecté, afin de parler de leurs expériences respectives au sein du vaisseau amiral de l’État. Flic, juge, facteur, prof, médecin… chaque témoignage se fait le porte-voix d’un service public jugé défaillant, tant pour le bien-être de ses agents qu’au niveau de la qualité de la mission d’intérêt général rendue aux usagers. Cette thématique nationale (les intervenants viennent d’ailleurs de toute la France) trouve un écho particulier dans un territoire rural comme Villeneuve-sur-Lot. Entre suppression de bureaux de poste de proximité, désertification médicale, sous-effectifs dans les forces de l’ordre, difficulté d’accès à la justice ou même au réseau SNCF, ce coin enclavé de Nouvelle-Aquitaine n’est pas épargné, même s’il est loin d’être le seul dans ce cas.
Un personnage à part entière
Dans cette réalisation qui pousse le spectateur à la réflexion, l’hôpital Saint-Cyr représente presque un personnage à part entière. « Je voulais un lieu dans lequel tout le monde puisse se reconnaître. Un lieu qui nous fait dire «J’ai vécu quelque chose ici». Le fait que cet établissement était encore en activité il y a dix ans accentue complètement ce sentiment », souligne Jean Boiron-Lajous. Le Bureau d’accueil de tournages du Lot-et-Garonne (BAT 47), dirigé par Hervé Bonnet, a été décisif pour faire en sorte que ce tournage ait bien lieu dans la bastide ainsi que pour la mise en place d’un dispositif cinématographique poussé par un documentaire.
Un état de délabrement inquiétant
Au-delà du questionnement sur nos services publics. « Hors Service » apporte un regard éclairant sur l’état général du site, inaccessible au grand public. Le niveau de délabrement est assez inquiétant. Pour celles et ceux qui y sont. entrés à celle occasion, la vue n’a pas été le seul sens impacté. « L’odeur d’hôpital est encore là et, en même temps. elle est complètement bouffée par les odeurs de moisissure. II y a beaucoup de crasse aussi… », révèle Jean Boiron-Lajous. Pour le réalisateur, ces éléments ont un interêt artistique. Pour les habitants de Villeneuve et de son agglomération, il n’y a pas de quoi se réjouir. On mesure au fil du visionnage à que point une réhabilitation sera compliquée et coûteuse…
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