« 20 années d’existence pour l’IGP, c’est d’autant plus marquant quand on sait qu’à l’époque, il nous avait fallu près de 20 années pour attribuer cette marque au pruneau d’Agen », se rappelle l’ancien président du syndicat du pruneau d’Agen Gérard Delcoustal. Dans l’hémicycle de l’Hôtel du Département, où se déroulait la cérémonie, les acteurs incontournables qui ont marqué la filière s’étaient tous réunis pour « fêter ce symbole de notre Lot-et-Garonne », tenait à préciser le préfet Jean-Noël Chavanne. Le vice-président du Conseil départemental Joël Hocquelet surenchérissait : « Le pruneau d’Agen doit rester une marque d’excellence comme il l’a toujours été, puisque c’est un puissant marqueur de notre économie départementale. » Il faut dire que le Lot-et-Garonne concentre 78% des exploitations françaises de pruneaux. Globalement, la France se place sur la dernière marche du podium des plus gros producteurs dans le monde, derrière les États-Unis et le Chili.
Deux dernières années de grands dangers
L’événement n’était pas que propice aux célébrations, mais aussi l’occasion de rappeler les défis auxquels fait face depuis peu toute l’industrie du pruneau d’Agen. Pour se donner une idée du problème, une récolte moyenne de prunes sur une année atteint les 42 000 tonnes. Cependant, les récurrents épisodes de gel printanier ont déjà réduit les collectes à des chiffres historiquement faibles en 2021. « On a difficilement dépassé les 17 000 tonnes et cette année, on ne devrait même pas arriver aux 15 000 tonnes », regrette Rosalinde Jaarsma, secrétaire générale du BIP (Bureau national interprofessionnel du pruneau). Ces chiffres sont particulièrement alarmants quand près de 10 000 personnes vivent du pruneau d’Agen en Lot-et-Garonne.
Les prochains enjeux
Pour protéger ce fruit, différents objectifs ont été mis sur la table, à plus ou moins long terme. Tout d’abord, un premier but sera de sécuriser la production en amont des dérèglements climatiques, et ce, sans chercher à produire plus pour compenser. Aussi, l’industrie se développera de manière à réduire considérablement son empreinte carbone. Pour ce faire, la filière veut repousser ses limites techniques avec l’utilisation de nouveaux outils comme de la data.
Une image de marque à moderniser
« Les plus de 50 ans représentent aujourd’hui plus de 80% des achats de pruneaux », détaille Nicolas, Mortemousque, président du BIP. Ce constat démontre les peines actuelles d’une industrie qui ne parvient pas à rajeunir son image. Pour contrer cet effet, le Conseil départemental essaye de donner de la visibilité au produit lors d’événements majeurs, à savoir : le Salon de l’agriculture, le festival international du journalisme, le Garorock ou encore pendant les passages de la Caravane départementale du sport. Afin de pousser un peu plus cette opération de rayonnement, « les collèges de plusieurs départements, dont le Lot-et-Garonne, se verront proposer, du 26 au 30 septembre, des animations et plats à base de pruneaux. Des producteurs seront présents dans certains établissements pour enseigner la pédagogie autour du pruneau d’Agen, se réjouit Rosalinde Jaarsma. Plusieurs restaurants et boulangeries joueront aussi le jeu cette semaine en intégrant ce fruit à leur carte. » Si ce cahier des charges se remplit petit à petit, l’IGP pruneaux d’Agen pourrait alors « être sûr de connaître un 30ème et même un 40ème anniversaire », conclut Nicolas Mortemousque.
Une IGP, c’est quoi ?
Au même titre que les sigles AOP (Appellation d’origine protégée), ou AOC (Appellation d’origine contrôlée), l’IGP (Indication géographique protégée) est un label de qualité dans l’alimentation de l’Union Européenne garantissant la provenance d’un produit. Pour prétendre à l’obtention de ce signe, une étape au moins parmi la production, la transformation et l’élaboration du produit doit avoir lieu dans une aire géographique délimitée. L’ensemble des phases de réalisation d’un pruneau d’Agen sont exécutées dans six départements : le Lot-et-Garonne, la Dordogne, la Gironde, le Gers, le Lot et le Tarn-et-Garonne. Ainsi, le label IGP assure une protection à l’appellation pruneaux d’Agen à l’international.
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