Face à la succession des sécheresses et à l’emballement du changement climatique, le Sméag (Syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne) et les collectivités locales qui le composent, mettent en place depuis des années un plan d’action ambitieux pour agir sur le court terme grâce au soutien des débits de la Garonne tous les étés et à l’accompagnement de projets pour adapter nos territoires sur le moyen et le long terme. Parmi les actions innovantes que coordonne le Sméag un projet emblématique, prenant place en Lot-et-Garonne, d’expérimentation du remplissage de la nappe alluviale au printemps pour que celle-ci soutienne la Garonne l’été. Ce projet, nommé Ramage, se situe en Garonne de part et d’autre du point nodal de Tonneins. Il a pour objectif de « reconstituer un stock d’eau souterraine susceptible de soutenir naturellement les étiages du fleuve avec une eau thermiquement tempérée de part et d’autre du point de contrôle des débits de Tonneins et aux portes de l’estuaire. » Favoriser l’infiltration de l’eau dans le sol est une des mesures envisagées en utilisant l’eau de la Garonne lorsque celle-ci est abondante du fait de la fonte des neiges et des pluies printanières, dont une part transite par le canal de Garonne, et les capacités géologiques du sous-sol à stocker cette eau et à la restituer très progressivement au fleuve en période de faibles débits d’été et d’automne.
Trois années d’investigations
Ce test, qui rentre en phase opérationnelle, fait suite aux investigations menées depuis trois ans ayant permis d’identifier trois grands secteurs possibles d’infiltration en Lot-et-Garonne, avec le recensement et le suivi de plusieurs centaines de puits en nappe alluviale de la Garonne et la description du fonctionnement souterrain de la nappe. « L’objectif du test est de connaître les vitesses d’infiltration de l’eau dans ce secteur de la nappe alluviale de la Garonne sur un fossé aménagé et à terme de tenter de suivre l’effet possible de cette recharge sur la nappe alluviale. », confirme-t-on côté syndicat mixte. Un premier test concluant s’est d’ailleurs déroulé le 24 avril dernier dans un puits existant sur la commune de Bruch et sur le site de la pisciculture de la fédération de pêche du Lot-et-Garonne. Pour l’expérimentation, une sonde mesurant le niveau de l’eau toutes les deux minutes avait été disposée dans un puits. Ici, l’eau étant issue de la Garonne au droit de la station de pompage de Saint-Laurent, les volumes et débits nécessaires pour ce test sont relativement faibles et l’alimentation a pu être réalisée à partir des seuls stocks disponibles sur le réseau, sans prélèvement en Garonne.
Montpouillan en second test
A présent, la suite du test se poursuit sur la commune de Montpouillan, un lieu qui n’est pas choisi au hasard. Le site choisi correspond à un fossé en bordure et en rive gauche du canal latéral à la Garonne, en aval de l’écluse de l’Avance. Cette portion n’est pas influencée par de possibles arrivées d’eau de ruissellement issues du coteau, de routes et chemins, ou d’autres fossés. Le test d’infiltration doit permettre de : vérifier la relation entre la nappe alluviale et la couche de sable observée, préciser les taux et vitesses d’infiltration et tenter d’évaluer la recharge acceptable sans nuisance sur les terrains privés avoisinants. La recharge est suivie en continu par des sondes piézométriques au niveau du fossé et dans des puits privés situés à proximité avec une mesure ponctuelle de paramètres qualitatifs (température, ph, conductivité). L’effet de la recharge risque de ne pas être visible sur les enregistrements en raison de la courte durée du test et des faibles volumes infiltrés. Aussi, le test permettra surtout de préciser les coefficients d’infiltration sur ce type de contre fossé naturel. Le test devrait durer trois semaines et se terminer début juin. En 2024, il sera vérifié si l’eau atteint les niveaux suggérés et, de ce fait, est susceptible de se propager vers la Garonne et les temps de transfert.
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