Le Lot-et-Garonne est-il un symbole de résilience ? C’est en tout cas ce qu’ont voulu rappeler la CCI 47 (Chambre d’industrie et de commerce du Lot-et-Garonne), la Banque de France, et la Direction départementale des finances publiques du Lot-et-Garonne (DDFIP), à l’occasion de la seconde conjoncture économique de l’année. En janvier, le bilan récolté par ces différentes institutions auprès de 300 chef d’entreprises locales avait fait état de la morosité générale compte tenu des différentes crises économiques. Bien que nombre de ces difficultés persistent encore neuf mois plus tard, Caroline Pernot, directrice départementale des finances publiques en Lot-et-Garonne, s’est voulue rassurante. « En matière de progression, le chiffre d’affaires du 47 (+9,6%) est supérieur à celui de la région Nouvelle-Aquitaine (+7,6%). Ici, en Lot-et-Garonne, le commerce et la réparation automobile représentent plus de 50% du chiffre d’affaires global et viennent d’enregistrer une progression de 10,4% , alors qu’on prévoyait une diminution de 10% », commente-t-elle. Ce retournement de situation est aussi observable dans l’industrie manufacturière et dans le milieu de la construction. « Pour le premier secteur, les entrepreneurs imaginaient une diminution de 22% et 21% sur le second, la réalité étant que les deux ont progressé à hauteur de 14,77% et 7,24%. L’explication à cela, c’est que tous les secteurs d’activité ont subi le pessimisme des entrepreneurs locaux, mais cela ne reflète pas la réalité. Quand tout le monde dit qu’il y a une augmentation du nombre de fermetures d’entreprises, ce n’est pas le cas », appuie-t-elle.
Incertitudes çà et là
Au tour de Frédéric Péchavy, président de la CCI 47, de prendre la parole pour rentrer en détail sur la nouvelle étude menée dans le cadre de la conjoncture de fin d’année. Comme d’habitude, l’analyse est faite par secteur, afin de relever les difficultés et réussites de chacun. A commencer par l’industrie qui, en Lot-et-Garonne, s’attend majoritairement à une chute de son chiffre d’affaires, de ses marges ou encore de ses effectifs. « On est sur un atterrissage de l’activité, les marges se dégradent avec une pression sur le pouvoir d’achat qui est posée sur les industriels. En matière d’effectif, tout est lié car nous sommes sur un ajustement en besoin de personnel », explique le président de la Chambre.
Côté commerce, le ressenti est du même acabit, même si les professionnels s’attendent à une légère hausse de leur chiffre d’affaires, qui « toutefois ne s’explique que par la hausse des prix, que ce soit du commerce de centre-ville ou de périphérie. » Cependant, là où le bât blesse, c’est bien au cœur des intentions d’investissements des entreprises interrogées, qui passent de 30% en début d’année à 19% pour les prochains mois.
Dans le monde de la construction, c’est la stagnation des perspectives d’amélioration qui domine. « On revoit une dégradation des carnets de commande car le logement neuf est à l’arrêt. Heureusement, il existe encore la commande publique qui est un moteur maintenant pour l’activité de la construction. En revanche, on constate une dégradation de la trésorerie en raison du prix des matières premières pour 19% d’entre eux » rappelle Frédéric Péchavy.
Services gagnants, café, hôtels et restos perdants
Au rayon des réussites et déceptions, il faut s’intéresser aux profils des services marchands et des cafés, hôtels et restaurants. « Les services se portent plutôt bien avec une constance sur les ressentis de chiffre d’affaires et une amélioration des carnets de commande. Ici, nous ne sommes par sur une augmentation du chiffre d’affaires juste par les prix, mais grâce à l’activité générale et la trésorerie. » Des remarques à prendre avec des pincettes une nouvelle fois puisque seules 13% des entreprises questionnées comptent investir prochainement (33% en janvier), les fondations sont encore faibles… tout comme celles des cafés, hôtels et restaurants. « Ça a été souligné, le domaine est dans le rouge, mais c’est à remettre en perspective car ce secteur est dépendant des prix de l’énergie et le bouclier tarifaire va aider ces entreprises. Ainsi la trésorerie va moins se dégrader que prévu comme l’été 2023 a été très bon. » Pour tous ces acteurs de l’économie, il faudra avoir les nerfs tout aussi solides en 2024, « avant une année 2025 qui entraînera on l’espère le regain de la croissance et de la consommation ».
La confiance revient, pas les demandeurs d’emploi
« La confiance des entrepreneurs repart et retrouver ses chiffres d’il y a un an à la même époque ». C’était en quelque sorte la bonne nouvelle du jour, étant donné que la première conjoncture annuelle avait pointé un triste 64% de dirigeants confiants en l’avenir de leurs sociétés (73% aujourd’hui). Alors que 51% des répondants estiment toujours que l’inflation impacte leur activité, un nouveau problème majeur subsiste. En effet, 79% des interrogés désireux de recruter, rencontrent des difficultés. « Pour la moitié d’entre eux, c’est parce qu’ils n’ont tout simplement pas de candidats. Aujourd’hui, on se questionne sur comment remettre des personnes dans le circuit de l’emploi », cède le président de la CCI47.
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