Une nouvelle ère dans le traitement de l’eau. À Sérignac-sur-Garonne, la SAUR et l’Agglomération d’Agen ont inauguré le 10 octobre dernier la toute nouvelle usine de traitement d’eau potable sur la commune.
Auparavant, la ville comptait sur une usine vieillissante (voire carrément surannée) qui pompait au sein des nappes phréatiques profondes. Problème, il s’agissait là de nappes à 750 m de profondeur qui ne se rechargent pas aussi vite qu’on pompe à l’intérieur. « Sur ce genre de nappe, il faut compter trois siècles pour qu’elles se rechargent à leur niveau optimal », explique Nicolas Lyonnet, responsable de secteur à Eau de Garonne.
L’usine, désormais opérationnelle mais toujours en attente de l’aval des autorités pour définitivement stopper l’activité de l’ancien site, permettra de capter l’eau directement dans la Garonne pour alimenter 7 000 habitants de l’Agglomération d’Agen ainsi que certaines communes voisines, gérées par le syndicat Eau 47. À terme, cette infrastructure fournira également de l’eau potable aux communes de Colayrac-Saint-Cirq et Saint-Hilaire-de-Lusignan via le pont du barreau de Camélat.
Objectifs et innovations
Contrairement à l’ancienne, la nouvelle usine pompera directement l’eau dans la Garonne. Le passage à une source d’eau de surface, comme la Garonne, permettra non seulement de préserver ces nappes pour les générations futures, mais aussi de garantir une production d’eau potable plus performante.
Néanmoins, une eau puisée dans le fleuve n’est pas la même qu’une eau extraite des nappes profondes. Ce changement d’approvisionnement a donc modifié la façon de traiter la ressource par rapport à l’ancienne usine. Ainsi, par exemple, un dispositif CarboPlus à micro-grains a été mis en place, offrant plusieurs avantages : une qualité de traitement supérieure, une exploitation simplifiée nécessitant moins de main-d’œuvre, une consommation réduite de réactifs, et l’utilisation de charbon régénérable, limitant ainsi la dépendance aux approvisionnements de charbon neuf, particulièrement importante dans un contexte de pénurie. Les boues issues du traitement de l’eau, autrefois inexistantes avec le pompage dans les nappes phréatiques, sont désormais traitées. Elles sont envoyées vers des centres de compostage dédiés, où elles sont réutilisées dans une démarche d’économie circulaire.
La construction de cette nouvelle usine, d’un coût de plus de 8 millions d’euros, touche à sa fin, mais quelques aménagements extérieurs restent à finaliser. En cas de pollution de la Garonne ou de sécheresse, le forage continue d’alimenter en eau les 3 000 foyers des communes de Sérignac, Sainte-Colombe et Astaffort. Chaque année, 850 000 m³ d’eau sont pompés dans la Garonne, garantissant la préservation des ressources souterraines pour les générations futures.
L’usine est équipée d’installations de pointe, incluant des filtres à sable, des filtres de décantation et un traitement au charbon actif. Les boues extraites de l’eau de la Garonne sont envoyées vers deux centres de compostage, à Durance et Castelsarrasin. L’objectif est de produire de l’énergie à partir de ces boues pour réduire la consommation énergétique de l’usine.
Un site vitrine
Au-delà du remplacement de l’ancienne usine, qui s’avérait même dangereuse au fur et à mesure pour l’agent chargé de son fonctionnement, cette nouvelle usine fera office de vitrine pour de nombreux élus de la région Nouvelle-Aquitaine. « C’est notre usine la plus aboutie aujourd’hui », souligne Nicolas Lyonnet, « il s’agit même de la plus performante du Sud-Ouest. Notre but est donc d’en faire une véritable vitrine de ce que l’on est aujourd’hui capable de proposer en matière d’innovation de traitement de l’eau. »
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