Economie : Optimum, un leader européen qui s’ancre encore un peu plus sur Agen

Le fabricant de portes de placards vient d’inaugurer un nouveau bâtiment ultramoderne pour accroître ses performances industrielles. Une opération immobilière rendue possible grâce à un partenariat public-privé encore inédit dans le département.

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Une porte de placard toutes les 15 secondes, un million d’unités à l’année pour 30% du marché français, un statut de leader européen… Optimum est incontestablement un fleuron de l’économie lot-et-garonnaise. Il n’est donc pas surprenant de le voir se projeter vers l’avenir et d’investir. C’est ainsi que l’entreprise vient d’inaugurer un tout nouveau bâtiment pour compléter sa ligne de production. Celui-ci fait 5800 m2 et offre tout ce que l’on peut espérer d’une « usine du futur ». Pour autant, Optimum n’en est pas propriétaire… Une situation atypique que le PDG Jean-Luc Guéry explique très bien : « La mission d’un industriel est d’investir dans ses outils de production et ses process. Nous, notre job, c’est construire des portes de placard, pas des bâtiments. » Au lieu de mobiliser sa trésorerie et ses marges de manœuvre financières pour s’offrir un nouveau toit, la PME préfère réserver ces précieux euros pour des machines dernier cri. Et dans le cas présent, on parle d’une somme rondelette avoisinant les 6 M€.

Une grande première en Lot-et-Garonne

Si ce n’est pas Optimum qui finance, alors qui ? Un intermédiaire portant le nom de Lot-et-Garonne Développement. Il s’agit d’une société par actions simplifiée (SAS) dont l’objet est justement de porter ce type d’investissement immobilier pour le compte de tiers. Derrière se cache un acteur bien connu de l’aménagement dans le département : la SEM 47. La société d’économie mixte, initiée il y a quarante ans par le Conseil général, accompagne le plus souvent des collectivités pour de l’assistance à maîtrise d’ouvrage. Travaux dans les établissements scolaires et les Ehpad, réhabilitation de centres-bourgs, construction de maisons de santé… Le champ d’intervention est large. Il l’est encore plus depuis l’année 2022 qui a vu naître la SAS Lot-et-Garonne Développement dont le rôle est d’ « acheter, construire, rénover, gérer des bâtiments pour des acteurs privés », comme le précise Cyril Galtié, directeur général délégué de la SEM 47 et patron de cette nouvelle entité, née en partie d’une suggestion de… Jean-Luc Guéry. Optimum est donc l’heureux locataire de la bâtisse fraîchement sortie de terre pour une durée de 9 ans minimum, avec une possibilité de rachat à l’issue de cette période. « C’est un exemple parfait de ce que doit être un partenariat public-privé en 2025 », assure Sophie Borderie, présidente du Conseil départemental.

Un recentrage pour être plus compétitif

D’un point de vue opérationnel, Optimum se trouve désormais dans de bien meilleures conditions pour affronter les défi s qui l’attendent. « En 2010, notre croissance était telle que nous avons délocalisé notre ligne de profi age de l’acier à Roquefort. En 2025, nous la rapatrions sur notre site principal. Notre cœur de métier repose sur des produits standards où les prix sont très bagarrés. Il est essentiel de limiter au maximum les pertes de temps entre les opérations. D’où la nécessité pour nous de recentrer l’activité au même endroit », explique Jean-Luc Guéry. Tous les gains de productivité sont synonymes d’une compétitivité accrue.

Une anecdote //

Lorsque Georges Guérin a créé Optimum, il y a près d’un demi-siècle, il n’avait pas choisi le lieu au hasard mais bien un environnement familier. Le site, situé à la frontière entre les communes du Passage et d’Estillac, abritait notamment la maison de son papa. Pour bâtir la nouvelle extension, les dirigeants actuels de la société étaient contraints de la démolir. L’épouse de feu-Georges Guérin a alors demandé pour quelle raison ils souhaitaient détruire cette maison à laquelle son défunt mari tenait tant. « Pour développer Optimum », lui a alors répondu Jean-Luc Guéry. « Elle nous a instantanément dit «Allez-y», car elle savait à quel point l’attachement de Georges Guérin à son entreprise était grand », relate le PDG. Un joli clin d’œil à l’histoire.

Jean-Luc-Guéry – Cyril Jollivet, une passation de pouvoir rondement menée

En y passant près de 19 ans, Jean-Luc Guéry a consacré une part importante de sa vie à Optimum. Il peut désormais « partir l’esprit tranquille » estimant la laisser entre de bonnes mains en la personne de Cyril Jollivet. « Nous avions deux off res de rachat. Les premiers contacts avec Cyril ont eu lieu au début du mois de juillet 2024. Derrière, tout s’est enclenché assez vite. Après quelques heures de visite de l’usine, il m’a tapé dans les mains. Et le 30 octobre, la reprise était actée », raconte Jean-Luc Guéry. Comme souvent dans ces cas-là, ce fut avant tout une histoire d’hommes. Appartenant à un fonds d’investissement, qui avait, quelques années auparavant, permis de survivre en pleine crise, Optimum redevient une entreprise familiale. Cyril Jollivet détient en effet 100% des parts de cette PME qui réalise 50 M€ de chiffre d’affaires. Pur produit du Sud-Ouest, il a connu une ascension fulgurante dans le monde des affaires. « Dans ma famille, presque tout le monde est chef d’entreprise à son niveau. Mon père, mon frère, mes oncles et cousins sont des artisans-commerçants à leur compte. J’ai toujours eu cette fibre même si je voyais un peu plus grand », révèle-t-il. Après des études en école de commerce à Toulouse puis Paris, il a tout de suite pris ses responsabilités en reprenant une boîte de négoce en vins et spiritueux en situation difficile. « Elle perdait de l’argent, mais en l’espace de cinq ans, on a pu repartir en croissance avec un fort développement pour atteindre 3 M€ de chiffre. » Admiratif de cette évolution, Pierre Dubarry, le PDG des Ducs de Gascogne dans le Gers, est venu le chercher pour prendre sa suite. Et là, rebelote. « J’ai hésité au début car on était en pleine crise de grippe aviaire. Puis fi nalement j’y suis allé et je dois dire que le covid a bien aidé. Les produits du terroir ont connu un fort engouement. À l’époque, je suis parti avec un fonds. Au bout de 5-6 ans, j’avais deux options : racheter toutes les parts ou vendre. J’ai choisi la seconde option », explique Cyril Jollivet.

Un défi et beaucoup d’espoirs

À 40 ans, après avoir gagné « beaucoup d’argent », il aurait pu prendre sa retraite. Ce n’était cependant pas dans sa nature. C’est à ce moment qu’Optimum entre en scène. « Cette PME cochait toutes les cases : une activité industrielle dans laquelle je m’étais éclaté aux Ducs de Gascogne, une implantation dans le Sud-Ouest, ma patrie, et un cœur de métier dans le monde des menuiseries qui m’attirait depuis un certain temps. » Une fois propriétaire, Cyril Jollivet a pris ses marques au pas de charge. Le faste premier semestre 2024 a laissé place à un second semestre beaucoup plus diffi cile pour l’ensemble du secteur. 2025 n’est guère mieux lotie pour l’instant. « Depuis mon arrivée, la baisse de CA avoisine les 20%. On passe de 50 M€ à 40 M€ dans le prévisionnel… Cela implique de trouver des solutions, de tout rationaliser et réorganiser. L’extension de l’usine va aider en ce sens. Puis j’ai eu la chance de découvrir des équipes expérimentées avec beaucoup d’ancienneté, attachées à la boîte mais très réceptive au changement. Pouvoir compter sur des collaborateurs aussi impliqués dans les eff orts à fournir facilite grandement la tâche. Entre l’adaptation pour surmonter les moments diffi ciles et le frémissement de reprise d’activité que l’on perçoit pour la fi n d’année, je suis sûr que l’on sera armé pour rendre son étoile à Optimum », assure Cyril Jollivet. De bon augure donc pour la suite !

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