C’est un véritable serpent de mer qui fait son retour sur le devant de la scène dans le dossier de la Nationale 21. Alors que la dernière étude datait de plus de vingt ans, le projet de déviation d’Artigues a entamé une nouvelle phase de concertation préalable du public, étape indispensable avant qu’un tel chantier puisse voir le jour. L’avancée reste significative quand on l’ajoute à la très grande probabilité que les travaux de la section Croix Blanche – Monbalen, sur ce même axe, commencent dès cet été. Guillaume Lepers, maire de Villeneuve- sur-Lot et président de l’Agglomération du Grand Villeneuvois, se disait ravi de ces annonces censées pouvoir bénéficier à son territoire. « C’est la première fois que nous avons des dates aussi précises sur l’aménagement de la RN21, se réjouit l’élu. On me chatouillait en disant que j’allais voir les ministres mais que je n’aurais rien. Je suis content de voir que les choses bougent bien et je remercie la préfecture d’avoir pris le dossier à bras le corps. Maintenant que les financements pour Croix Blanche – Monbalen sont bouclés et que le début des travaux est en bonne voie, il était important de flécher les études pour Artigues. » L’aménagement de cette zone semble en effet primordial au regard de son caractère très accidentogène.
Dans son dossier de concertation, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) mettait en avant qu’entre Agen et Villeneuve-sur-Lot, le secteur Agen- Nord, qui comprend la traversée d’Artigues, regroupait près de 50% des accidents du tracé mais aussi 3 décès sur 4 au total depuis 2014. Au-delà de l’aspect sécuritaire, ces travaux vont aussi contribuer nettement à désenclaver la sous-préfecture du Nord du département. « Là où je suis content, c’est qu’on parle d’Artigues en complément du pont et du barreau de Camélat, note Guillaume Lepers. Ce sont deux projets qui vont ensemble et qui ouvrent de belles perspectives au monde économique. Que ce soit pour les gens qui veulent investir en Grand Villeneuvois ou sur la RN21, ce sera porteur pour tout le monde. L’intérêt est global pour l’ensemble du département. »
Cinq tracés à étudier
En séance communautaire de l’Agglo d’Agen, Bruno Dubos, le maire de Foulayronnes, dont Artigues dépend, restait très prudent sur cette phase de concertation. « Les habitants ont surnommé ce projet ‘L’Arlésienne’, commentait-il. Lancer une étude ne signifie pas que la déviation va être faite même s’il est évident que les travaux de Camélat doivent ensuite déboucher sur ceux d’Artigues. » Cette phase de concertation risque pourtant de pointer de nombreux avis divergents entre les habitants du nord du département d’un côté et les riverains et habitants d’Artigues de l’autre. Pour les premiers, l’opportunité sera belle de réduire drastiquement leur temps de trajet pour rejoindre Agen et l’autoroute, par exemple. Pour les seconds, il s’agira surtout de ne pas être coupés de ce nouvel axe donc isolés. Le coût des travaux aura également son importance du côté des collectivités qui seront appelées à financer.
Quid également de la zone du Rouge à Foulayronnes, en pleine expansion, et qui pourrait se trouver privée d’un important flux de circulation ? Sur les cinq projets proposés à la concertation, quatre évitent en effet soigneusement cette zone. Le cinquième est un aménagement du tracé existant. Estimé à 22 millions d’euros, il serait le moins couteux mais certainement aussi le moins sécurisé. Pour le reste, le projet prendrait vie depuis le rond-point où débouche la RN 1021 en provenance de Colayrac-St-Cirq. Deux tracés courts et deux tracés longs à deux ou trois voies sont en concurrence pour rejoindre, plus loin, la Croix Blanche. Pour un montant estimé de 43 à 52 millions d’euros, cette déviation d’Artigues devrait donc être plus chère que les virages de Pujols inaugurés en 2010 (46 millions d’euros). 4 millions d’euros sont d’ores et déjà fléchés sur le Contrat de plan Etat-Région pour l’acquisition des terrains. « Avec le début des travaux tablé pour 2027, nous devrons rapidement nous pencher dessus », explique Guillaume Lepers qui confirme que la CAGV contribuera financièrement, à plus ou moins grande hauteur, en fonction du tracé retenu.
Tout le foncier n’est pas acquis
Dans un premier temps, ce sont en tout cas les tronçons entre la Croix Blanche et Monbalen, ainsi que le barreau de Camélat, qui verront le jour avec des premiers coups de pelle annoncés pour cet été. L’inauguration du pont est espérée pour la fin d’année 2023. Alors que l’Agglo d’Agen a acquis le foncier pour Camélat, ce n’est pas encore le cas de l’Etat sur la RN21 où des négociations sont en cours avec les propriétaires des parcelles traversant le futur tracé. Il va donc falloir nettement accélérer sur ce dossier pour assouvir la volonté du maitre d’oeuvre d’entamer les travaux au second semestre 2022. Guillaume Lepers, quant à lui, sait qu’il faut rester prudent même si quasiment tous les signaux sont au vert : « Je suis comme St-Thomas, je ne crois que ce que je vois. Je serai heureux quand je verrai les premiers coups de pelle. » Et c’est derrière lui, l’ensemble d’un territoire qui attend avec impatience la livraison de ces travaux.
LES CINQ RÉUNIONS DE CONCERTATION PUBLIQUE
Le 21 février : 18h30, à Bajamont (Salle polyvalente, RD 310)
Le 22 février : 18h30, à Pont-du-Casse (Centre culturel, 2 rue Charles de Gaulle) Le 23 février : 18h30, à Foulayronnes (Maisson des associations, allée du Stade)
Le 28 février : 18h30, à La Croix Blanche (Salle des fêtes, chemin de l’Enfance) Le 8 mars : 18h30, à Agen (Salle polyvalente de Montanou, rue Blaise de Montuc)
Dossier de concertation disponible en ligne sur www.rn21-agen-nord.fr
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