À Mézin, dans le Lot-et-Garonne, l’unité de méthanisation Meth’Albret, récemment mise en service, se dresse comme un modèle innovant de production d’énergie verte à l’échelle locale. Portée par un collectif de huit associés, cette structure s’inscrit pleinement dans une dynamique de transition énergétique en valorisant les déchets agricoles. Ce projet, initié par des agriculteurs locaux, vise à produire une énergie renouvelable, tout en réduisant l’empreinte carbone et en favorisant une agriculture durable. Terminé en 2023, le site injectait ses premiers mètres cubes de gaz en janvier 2024.
Un projet collectif au cœur du territoire
Meth’Albret est le fruit d’un partenariat entre plusieurs exploitations agricoles de l’Albret, chacune ayant contribué à sa mise en place à hauteur d’investissement à 6M€ d’investissement. Au total, ce sont 8 associés qui se sont alliés pour voir le projet sortir de terre : le Pole hippique Lou Chibaou, Fabien Constantin, éleveur bovin et producteur de céréales, Nicolas Lamon, éleveur de volailles Label Rouge, la famille Chapolard, éleveuse de cochons et productrice de lait bio, les Binda, connus pour les cultures de tomates et la famille de viticulteurs De Bortoli. La plupart d’entre eux travaillent déjà ensemble depuis quelque temps, en tant qu’adhérents à la CUMA des coteaux de la Gélise (coopérative d’utilisation de matériel agricole)
« Nous avons choisi de créer Meth’Albret pour répondre à un double enjeu : produire une énergie locale, renouvelable, tout en traitant nos déchets agricoles de manière durable », explique Fabien Constantin qui présentait le site aux élus locaux.
La méthanisation : une technologie au service de l’environnement
La méthanisation est un procédé naturel qui repose sur la décomposition des matières organiques par des micro-organismes en l’absence d’oxygène. Ce processus, bien que simple en apparence, nécessite des infrastructures spécialisées et une expertise technique pour être mis en œuvre de manière efficace. Chez Meth’Albret, trois cuves enterrées à 6,5 mètres de profondeur permettent de transformer des tonnes de déchets organiques en biogaz. La matière est chauffée à 40 degrés dans un environnement contrôlé, ce qui accélère le processus de fermentation et maximise la production de gaz. Le choix d’une technologie allemande, réputée pour sa fiabilité et son efficacité, a été fait pour garantir des performances optimales tout en minimisant l’impact visuel sur le paysage rural environnant.
Chaque jour, 27 tonnes de déchets organiques, 1200 par heure, principalement issus des exploitations agricoles, sont injectées dans ces cuves avec un apport représenté à 70% par du fumier.
Ce volume permet de produire en continu environ 80 m³ de biogaz par heure, une quantité suffisante pour alimenter les besoins énergétiques de 1300 habitants. Cette énergie est ensuite injectée dans le réseau de distribution de gaz, où elle contribue à réduire la dépendance aux énergies fossiles.
En plus de produire du biogaz, le processus de méthanisation génère un co-produit précieux : le digestat. Ce résidu, composé de matière organique décomposée, constitue un engrais naturel riche en nutriments. Contrairement aux engrais chimiques, souvent coûteux et potentiellement nocifs pour l’environnement, le digestat est une alternative écologique et locale. « Sur la matière injectée, nous récupérons 98 % sous forme de digestat, un engrais naturel sans odeur, qui remplace les fertilisants chimiques dans nos champs », explique Fabien Constantin.
Avec une production annuelle estimée à 7,6 GWh, Meth’Albret contribue de manière significative à l’indépendance énergétique locale. Ce chiffre représente environ 10 % des besoins en gaz des communes environnantes de Nérac, Lavardac et Barbaste, illustrant ainsi l’impact direct de ce projet sur le quotidien des habitants. À une époque où la question de la souveraineté énergétique devient de plus en plus cruciale, des initiatives comme celle de Meth’Albret montrent que les territoires ruraux peuvent jouer un rôle clé dans la production d’énergies renouvelables.
Vers un avenir plus vert : un projet en pleine expansion
« Dans un contexte énergétique en forte tension, accru par le contexte géopolitique, le gaz vert, énergie locale et renouvelable, est une réponse mature au double enjeu de transition écologique et d’indépendance énergétique. Dans le Lot-et-Garonne, 3 autres unités de méthanisation injectent du gaz vert dans les réseaux de gaz existants : Pouchiou Energie à Astaffort, BioVilleneuvois à Villeneuve-sur-Lot et Geneste Biogaz à Villeréal. 5 autres unités sont en projet dans le Lot-et-Garonne avec un potentiel pour devenir un département exportateur en 20501. Dans le département, la part de gaz vert dans les réseaux représente déjà plus de 10% des consommations et ce chiffre dépassera les 14% d’ici 2027 », explique GRDF.
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