Avant Soyaux-Angoulême-Agen, on (re)fait le match avec Walter Desmaison

La Charente n'est peut-être pas un véritable « pays de rugby », mais le département a tout de même forgé quelques têtes bien connues du monde du ballon ovale. Parmi elles, Walter Desmaison, passé cinq ans par le SUA LG. Alors, avant la rencontre entre Soyaux-Angoulême et Agen vendredi à 19h30, l'ancien pilier se livre sur l'éclosion d'une passion pour le rugby en Charente, sa carrière, mais aussi sur sa nouvelle vie d'entraîneur aujourd'hui.

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Entre Soyaux-Angoulême et Agen, avantage aux Charentais

Walter Desmaison : Ça va être serré. Angoulême n’est pas toujours à l’aise à domicile, mais ils viennent de débloquer le compteur, donc ça peut les libérer. Agen, de son côté, fait une belle saison aussi et n’est pas loin de faire des bons coups à l’extérieur quasiment à chaque déplacement. Je dirais tout de même qu’il y a un léger avantage pour Angoulême, mais Agen ne repartira sûrement pas les mains vides. Pourquoi pas le bonus défensif ?

« Soyaux-Angoulême ? Toute ma famille est abonnée au club ! »

W.D. : Ayant grandi en Charente, j’ai naturellement plein de souvenirs des clubs de Soyaux et d’Angoulême (le club actuel est issu de la fusion des deux équipes). Tout d’abord, mon frère jouait à Soyaux à l’époque. J’étais tout petit, mais je me souviens bien d’être allé voir jouer mon frère. Mon père jouait aussi un peu, et il a même arbitré par là-bas. Donc, j’ai plein de souvenirs liés à ce club. Toute ma famille est abonnée au club aujourd’hui, c’est une équipe qui me tient à cœur, même si je n’y ai pas forcément joué. Il y a cet attachement sentimental, presque familial. Ça fait partie de mon histoire.

Des débuts fulgurants, mais une carrière marquée par des blessures

W.D. : Tout s’est enchaîné très vite. Je suis passé des études en France à un début en pro assez rapide. À 18 ans, je signe à Bayonne et à 19, je goûte déjà au Top 14. Ce n’était pas forcément prévu que ça arrive aussi vite, mais quand les opportunités se présentent, il faut savoir les saisir. Je jouais aussi avec les équipes de France de jeunes… J’ai eu une montée en puissance, puis j’ai aussi dû apprendre à gérer les blessures, les moments difficiles. Ce sont des passages obligés dans la carrière d’un joueur de haut niveau. Je les voyais comme des sources de motivation supplémentaires. J’étais jeune et je me disais que je devais revenir plus fort à chaque fois. Et puis, les premières blessures te renforcent mentalement, elles te donnent cette envie de revenir, de prouver que tu peux encore être performant. Mais à la fin, ça a fini par me rattraper. Les blessures à répétition m’ont fait réfléchir à la suite de ma carrière. À force, c’est un combat constant contre ton propre corps. Et puis, il y a la famille, la vie personnelle qui entre en jeu. Quand tu es blessé, tu passes plus de temps avec tes proches, tu commences à apprécier cette nouvelle vie. J’ai pris goût à tout ça, et ça a aussi contribué à ma décision d’arrêter. J’ai senti que cette année, c’était le moment.

Amené en 2019 au SUA par Christophe Laussucq

W.D. : Ma signature à Agen s’est faite très rapidement. J’avais signé à Mont-de-Marsan pour deux ans, et en 2019, Kiki Laussucq (Christophe Laussucq) m’a proposé de le suivre à Agen. On avait déjà une très bonne relation, et il m’a dit : « Je te prends avec moi. » J’avais une clause pour rejoindre un club de Top 14, alors je n’ai pas hésité longtemps. J’étais attaché à Christophe, donc quand il m’a proposé cette opportunité, j’ai foncé.

« Le SUA, c’était vraiment une machine à laver ! »

W.D. : À Agen, j’ai immédiatement connu le Top 14, mais aussi rapidement un record de défaites, une relégation, une bataille pour le maintien en Pro D2… C’était vraiment une machine à laver ce club lors de mes premières années ici ! Entre le Covid, les blessures, les changements de manager, c’était une période chaotique. La saison sans victoire a été particulièrement douloureuse. C’était une année très compliquée, autant pour moi que pour tout le club. On a tous été marqués par cette période. Les blessures n’ont pas aidé non plus. C’était vraiment un cauchemar. On ne savait plus quoi faire pour inverser la tendance, et ça a fini par affecter tout le monde, que ce soit sur le terrain ou en dehors. On en parlera encore pendant des années.

La musique adoucit les mœurs, mais pas les défaites

W.D. : Lors de la saison 2020-2021, on commence l’année comme on avait terminé la précédente, avec des défaites qui étoffaient la série chaotique. Régis Sonnes arrive au club en novembre en tant que manager. Il estimait qu’on manquait de cohésion. Il nous avait alors programmé un exercice pour l’effectif entier sur deux jours. On a pris des cours de tam-tam, maracas, tel un véritable orchestre. Moi, j’étais à la grosse caisse, comme la plupart des piliers. C’était drôle, mais bon, ça n’a pas vraiment sauvé notre début de saison catastrophique ! C’était vraiment la preuve qu’à l’époque, on avait véritablement tout tenté pour conjurer le mauvais sort !

Une aventure agenaise qui se conclut hâtivement

W.D. : Ma dernière saison (2023/2024), je l’ai vécue ni mal, ni bien. C’était une saison très particulière. Je me suis blessé rapidement en préparation estivale. J’avais des douleurs au mollet, je n’arrivais même plus à trottiner. Si j’accélérais, je commençais à me déchirer. Le club a commencé à parler d’une rupture de contrat. On a discuté, et l’histoire s’est terminée comme ça. Oui, j’aurais aimé finir devant le public, avec mes enfants, mes copains, mais voilà, c’est la vie. J’avais anticipé un petit peu tout ça. Je passais mon diplôme d’entraîneur en parallèle, donc je savais que j’allais terminer quoi qu’il arrive sous un an et demi. Donc, la date a été anticipée, mais je ne suis pas forcément amer d’avoir terminé comme ça. C’est plus certaines petites choses qui se sont passées hors du terrain qui m’ont déplu. C’est la vie d’un rugbyman de haut niveau, et je n’ai aucun regret. On s’en rend compte vraiment quand on ferme ce chapitre. C’est comme ça, c’est la vie. Une carrière, c’est une galerie de souvenirs, parfois des remords, mais ça reste des moments vécus pleinement. Quand on regarde derrière, on voit qu’on a fait ce qu’on pouvait.

Le petit questionnaire //

Quidam Hebdo : Un joueur qui vous a marqué durant vos années à Agen ?

W.D. : Je dirais Laurence Pearce. Il est arrivé à Agen sans faire beaucoup de bruit, mais c’était un joueur incroyable. Rapide, fort dans les duels, avec une technique impressionnante. On est arrivés en même temps à Agen, en provenance de Mont-de-Marsan tous les deux. À l’époque, la première fois que je l’ai vu, il payait pas de mine, mais il nous avait fallu un entraînement ponctué de multiples percées de sa part pour comprendre que ce n’était pas un joueur lambda. C’est dommage qu’il ait dû arrêter à cause de problèmes de santé. On reste en contact de temps en temps, il a recommencé à jouer un peu en Angleterre, mais je suis sûr que pas grand monde n’a oublié la demi-saison de folie qu’il a faite à Agen.

Q.H. : Que devenez-vous depuis ce fameux départ du SUA en février de cette année ?

W.D. : J’ai toujours voulu entraîner, mais je ne pensais pas que ça viendrait aussi vite (rires). Quand Nicolas Dupouy (ancien entraîneur de l’ASF) m’a contacté pour prendre la suite à Fleurance cet été, je n’ai pas hésité. C’était une opportunité que je ne pouvais pas laisser passer. Même si, dans mon plan de carrière, j’avais envisagé de commencer avec des jeunes ou des équipes inférieures avant de passer aux seniors. Mais commencer directement en National 2, c’est une chance énorme. Et aujourd’hui, je m’éclate avec ce groupe, on fait du bon travail ensemble.

Q.H. : Avec le recul, vous préférez entraîner ou être entraîné ?

W.D. : Honnêtement, je préfère entraîner. J’ai toujours été passionné par l’approche des coachs, voir comment ils préparent les matchs, la tactique, l’analyse de l’adversaire. C’est un aspect qui m’a toujours fasciné pendant ma carrière. Aujourd’hui, dans ce rôle, je suis vraiment épanoui, peut-être même plus qu’en tant que joueur. J’ai retrouvé cette passion qui m’anime dans le rugby. Depuis tout petit, je suis sur un terrain de rugby. C’était impossible pour moi de quitter ce monde. Honnêtement, au début, j’ai eu des doutes. Je me suis dit que ça faisait 16 ans que je vivais rugby au quotidien. Mais mon entourage m’a fait réaliser que c’était ma passion, ce qui m’animait chaque jour. Et non, aucune lassitude, juste une motivation supplémentaire, vraiment.

Q.H. : Vous développez aussi une activité professionnelle supplémentaire ?

W.D. : Avec Audrey, ma femme, on s’est lancé dans un projet autour du bien-être et de l’accompagnement des gens pour la perte de poids, la remise en forme, la prise de masse, etc. C’est une activité qu’on adore faire ensemble. On aime beaucoup voyager, rencontrer des gens, et ce projet nous permet de le faire tout en aidant les autres. C’est quelque chose qu’on voulait faire depuis longtemps, et maintenant qu’on a plus de temps, on s’y consacre à fond.

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