Y aurait-il enfin de véritables remous du côté du seuil de Beauregard ? C’est en tout cas ce qu’espèrent les élus concernant le sujet de la réhabilitation de l’ouvrage. L’heure est venue pour les politiques porteurs du projet de pousser « un coup de gueule » devant la lenteur qui embourbe et entrave le projet de la réhabilitation du seuil depuis de nombreuses années. Avec une lettre ouverte, signée conjointement par Jean Dionis, maire et président de l’Agglo, du député Michel Lauzzana, Christian Dézalos, président de l’Association pour la réhabilitation du seuil de Beauregard, les maires du Passage et de Boé, Francis Garcia et Pascale Luguet, les sénateurs Michel Masset et Christine Bonfanti-Dossat, ils espèrent relancer le projet en interpellant Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. La raison de ce coup-de-poing sur la table : Une Garonne dont le niveau n’est plus celui d’autrefois à cause des changements climatique et qui inquiète, notamment en période d’étiage. « Aujourd’hui, le sujet c’est la sécurité d’approvisionnement en eau potable de 100 000 habitants », contextualise Jean Dionis, maire d’Agen et président de l’Agglomération, qui milite depuis longtemps pour le projet et qui l’avait remis sur la table en mars dernier lors d’une session du Conseil municipal. « Depuis plus de dix ans, les élus du territoire de l’Agglomération d’Agen et l’association pour la réhabilitation du seuil de Beauregard, portent un projet de sécurisation de l’approvisionnèrent en eau, et particulièrement de l’eau potable au travers de la réhabilitation du seul de beau regard sur la base du seuil naturel existants à cet endroit (seuil à 36,3m, NGF) et prédisposant à un barrage, tel qu’il fut crée en 1856 », explique la lettre.
De tristes records de niveau
Les années 2022 et 2023 resteront dans les annales comme les années au débit le plus bas jamais enregistré pour la Garonne comme le souligne ce courrier, mentionnant un fleuve « transformé en ruisseau » en octobre 2023 et dont le débit, en début de la même année, avait atteint le niveau critique de 120m3/s contre 300 à 600m3/S normalement. « La distribution de la pluviométrie a changé avec des pluies sur des périodes très courtes qui durcissent la ressource en eau et des réserves en approvisionnement dans les Pyrénées qui sont en train d’appartenir au passé », a alerté le président de l’Agglomération. Réserves qui sont, aujourd’hui, de plus en plus sollicités pour soutenir l’étiage. « C’est un cri d’urgence de réhabiliter le seuil. »
S’ajoute à ces niveaux de Garonne inquiétant, un schéma départemental qui entend arrêter progressivement le pompage dans les nappes profondes, qui sont de plus en plus fragiles. « Cela signifie qu’il faut se débrouiller avec le Lot, la Garonne et le Dropt pour assurer l’approvisionnement en eau aux 300 000 habitants du Lot-et-Garonne », explique l’édile. Une « alimentation fragile », soulignée par la lettre ouverte, poussant à l’appréhension des « conditions extrêmes qui se dessinent pour les années à venir ». Néanmoins, la barrière juridique ne cède toujours pas, notamment à cause de la loi sur l’eau dont le classement de la la Garonne interdit la construction de nouveaux ouvrages empêchant l’écoulement naturel des eaux. Une « schizophrénie parfaite » dénoncée par le président. « C’est une affaire qui devient insupportable, on a des barrages tous les dix kilomètres sur le Lot et les arguments poussiéreux contre la réhabilitation du seuil sur la Garonne ne tiennent plus. » En effet, sont souvent opposés au projet les arguments de circulation des sédiments et des poissons pour lesquels l’Agglo et son projet de 2018 proposaient déjà des solutions.
Agir avant d’être « bien planté »
Un constat rejoint par le député Michel Lauzzana, soutien du projet de longue date. « Il faut changer cette doctrine concernant les petites retenues d’eau qui a, depuis, était contredite par des études qui en soulignent le bien-fondé et reconnaissent leurs bienfaits sur la qualité des eaux », explique le député. L’urgence de mener le projet à bien est donc sur toutes les lèvres. « C’est un dossier essentiel », ont rappelé Pascale Luguet, maire de Boé et Francis Garcia, maire du Passage d’Agen. « Cette nécessité fera loi. Et il vaut mieux agir avant d’être en crise et bien planté », a martelé Jean Dionis. « Le coût du projet n’est pas délirant et nous mettrons la main à la poche. » « D’autant que l’État, à qui appartient le seuil, était lui prêt à mettre 2M€ pour l’arasement du seuil », souligne Christian Dézalos. Michel Lauzzana était cependant porteur de nouvelles encourageantes. « A priori, le projet pourrait se faire, mais il faut quand même pétitionner pour afficher la force du projet et le faire avancer plus vite. » Ainsi, le courrier va être proposé à la signature aux habitants de l’Agglomération en mairie, en ligne, dans les quartiers…Avant d’être remonté au ministère par la suite. « Il faut se mobiliser, il y a urgence et on espère aller au bout. » é
Un projet porté depuis plus de 10 ans
Pour rappel, le projet ne date pas d’hier et consiste, dans ce qui a été établi à la base, en une réhabilitation du seuil existant tout en préservant la faune et la flore. Il serait cas de reconstruire le seuil sur ses côtes historiques tout en y implantant une centrale hydroélectrique, capable d’alimenter 3 000 foyers en électricité verte. Un dispositif de turbines dites Very Low Head et conçues pour permettre aux poissons de traverser le seuil, en plus de proposer deux autres dispositifs d’échelles à position s’ajouterait à la structure. Le principe de création de ce plan d’eau permettrait donc de sécuriser l’approvisionnement en eau ,même en faible période d’étiage et aurait un impact positif dans la lutte contre l’érosion des berges. Le projet initial prévoit également de créer une voie verte submersible entre les deux berges et, à terme, de prévoir des pratiques sportives sur le bassin de rétention ainsi créé.
Un seuil présent naturellement
Comme dit ci-contre, l’un des principaux arguments administratifs bloquant la réhabilitation du seuil réside dans la loi sur l’eau. La loi dispose du classement en zone 1 de la Garonne et donc de l’interdiction de construction d’ouvrages qui entraverait l’écoulement naturel. Hors, les soutiens du projet soulignent que Beauregard repose sur une petite cascade présente naturellement que le seuil du XIXème avait permis d’amplifier afin d’alimenter le Canal du Midi.
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